Le point de départ se situe au début du IVè siècle, c'est-à-dire à un moment qui fait encore partie de l'antiquité tardive, mais qui marque l'acceptation publique, puis la prépondérance du christianisme, une évolution qui allait fournir le contexte fondamental des idées politiques du Moyen-Âge proprement dit. La coupure au milieu du XVè siècle reflète, elle, la fin de la papauté médiévale et les débuts des premières monarchies territoriales modernes, et le début d'une période où le développement de l'humanisme de la Renaissance engendrera progressivement un nouveau contexte pour le discours politique.
On entendra sous le terme de « pensée politique » les idées se rapportant à la nature, à l'organisation, au gouvernement et aux fins de la société. On remarque que la notion d'Etat est absente de cette définition, car celle-ci, même si elle est très travaillée au Moyen-Âge, est inadéquate pour le décrire politiquement. La plupart des penseurs politiques du Moyen-Âge sont des théologiens, des philosophes et des juristes, et les idées politiques ne représentaient qu'une partie mineure de leurs préoccupations.
Il faut aborder la pensée politique médiévale dans son contexte historique. Le principal centre d'intérêt ici sera l'Occident, l'Empire byzantin ayant eu une histoire très différente. En Occident, les possibilités de conflits entre le pouvoir séculier et le pouvoir ecclésiastique furent toujours présentes à partir du milieu du XIè siècle.
[...] Plus net encore fut le développement de l'Eglise comme institution juridique et gouvernementale. Elle adopta plusieurs attitudes d'un Etat et en réalité, à l'intérieur du patrimoine pontifical, se comporta comme tel à partir de l'époque d'Innocent III (1198-1216). Alors apparurent des causes plus aiguës de dissension entre les autorités temporelles et spirituelles. Mais ce fut la papauté qui, par le truchement du droit canonique, s'imposa comme la seule véritable autorité universelle dans la chrétienté universelle. L'Eglise, et la papauté en particulier, était devenue un corps beaucoup plus imposant et influent qu'elle ne l'avait été par rapport aux dirigeants séculiers au cours du haut Moyen Âge. [...]
[...] On peut se demander si un caractère sacré sous-tendait déjà la monarchie barbare anté-médiévale. Ce qui semble s'être passé d'une manière générale, c'est que tous les éléments sacrés qui avaient pu exister à l'origine furent transformés par le développement de la monarchie théocratique d'une manière telle qu'ils cessèrent d'exister sous quelque forme identifiable que ce soit. Les rois théocratiques barbares et médiévaux possédaient néanmoins un pouvoir royal qui leur était imputé et qui peut avoir conservé un faible reliquat de caractère sacré : le toucher des écrouelles par exemple. [...]
[...] Cette orientation que prit la papauté au Vè siècle fut décisive pour le Moyen-Âge. Elle fut historiquement conditionnée par le recul de l'autorité impériale en Occident que par le contexte romain de la papauté. Ainsi, bien que la papauté ait évolué à l'intérieur du contexte d'un monde chrétien identifié à l'Empire romain, les prétentions impériales étaient minées par la manière constante dont les papes traitaient l'empereur comme un fils de l'Eglise, en se fondant sur le fait qu'il était un chrétien et, pour autant, soumis à l'autorité ecclésiastique pour les questions religieuses et morales. [...]
[...] Sous son successeur Otton III apparut une conception non ambiguë de la fonction impériale chrétienne centrée sur Rome. Son programme comportait l'idée que son rôle impérial détenait le sommet du pouvoir tant pour les questions temporelles que spirituelles. Il revient à Otton III d'avoir établi de façon permanente le caractère romain de la fonction impériale. Mais qu'elles qu'aient été les positions des dirigeants impériaux, du point de vue de la papauté, l'empereur romain demeurait une création papale possédant une position à l'intérieur de l'Eglise. [...]
[...] C'était là un accroc au principe du droit canonique qui voulait qu'un évêque ne puisse être jugé que par le pape. Boniface répondit en prétendant faire une intrusion dans le gouvernement temporel de la couronne française. Du point de vue royal, la souveraineté de la couronne était en cause ; le pape, lui, estimait qu'il défendait la liberté de l'Eglise. Cette dispute culmina dans la bulle Unam Sanctam, qui était un exposé pontifical officiel des principes généraux qui déterminaient la subordination du pouvoir séculier au pouvoir ecclésiastique. [...]
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