Les ouvrages de Georges Duby, grâce à un sens littéraire certain, touchent non seulement le « monde scientifique et universitaire », mais aussi un large public. Ce dernier, en parcourant son œuvre, peut ainsi découvrir les réalités d'une période, d'un monde jusqu'alors inconnu de lui : le Moyen-Âge. Avec "Guillaume le Maréchal", Georges Duby s'attaque à un nouveau genre, celui de la biographie. En effet, jusque-là, l'auteur portait un regard purement scientifique à ces sujets. Avec le présent ouvrage, il entre dans le monde médiéval en devenant le biographe d'un personnage, certes illustre, mais de second ordre : Guillaume le Maréchal.
Ce qui ne l'empêche pas de conserver son esprit d'analyse objective sur ce qu'il observe.
C'est à travers la vie de ce personnage et avec une adresse certaine que Georges Duby, dans cet esprit de « biographie critique », nous fait partager et découvrir ce qu'était l'art du tournoi, les rites de la guerre, la vie de ces hommes que l'on nommait les chevaliers, rivalisant de prouesses, de largesses et de loyauté.
C'est à travers la vie de ce personnage et avec une adresse certaine que Georges Duby, dans cet esprit de « biographie critique », nous fait partager et découvrir ce qu'était l'art du tournoi, les rites de la guerre, la vie de ces hommes que l'on nommait les chevaliers, rivalisant de prouesses, de largesses et de loyauté. C'est également à travers cette vie fortement structurée et hiérarchisée qu'une trame sociale et psychologique se dessine à nos yeux. En effet, lorsque l'on parcourt longuement les pages de ce livre, nous découvrons vraiment ce que pouvait être la société médiévale en ce temps-là.
En dehors du destin hors du commun de Guillaume le Maréchal et de sa prodigieuse ascension personnelle, l'auteur a réussi de manière magistrale à aborder, parfois, et à faire ressortir, souvent, certains traits les plus caractéristiques de cette période. Ces traits sont bien évidemment liés à l'aristocratie guerrière de l'époque avec en ligne de mire les structures familiales de ce petit monde, l'éducation des enfants et des jeunes gens, le rôle du père, les rapports avec la mère. Le travail entrouvre également la porte à une meilleure compréhension des relations que les chevaliers entretiennent entre eux, aux rapports qu'ils ont avec le clergé, avec le peuple, avec l'argent… et vaste question, avec les femmes.
[...] Les mœurs, selon Georges Duby, y sont fort libres. La grande affaire est cependant de combattre en tournoiement et en guerre Les tournois et la guerre sont aussi la meilleure et l'unique façon pour un chevalier de gagner ses mérites et, surtout, l'argent nécessaire à ses extravagances. Ces mesnies qui entretenaient l'agitation guerrière de ces jeunes à l'affût du moindre gain d'argent et toujours prêts au départ, fournissaient un élément considérable dans l'agressivité de l'ost : l'armée féodale. Dans les aventures de Guillaume, il est souvent question de tournoi. [...]
[...] Les rapports avec le père étaient-ils donc si dépourvus de tendresse ? L'auteur ne dit rien à ce sujet. Cependant, une information nous apparaît avec la lecture de cet ouvrage. Lorsque le père de Guillaume meurt en 1165, Guillaume était déjà un adulte d'une vingtaine d'années. Il se trouvait encore en Normandie. Cela faisait une dizaine d'années qu'ils ne s'étaient pas vus. Comme l'auteur nous le signale, Guillaume avait chassé son père de son esprit : loin des yeux, loin du cœur ! [p. 82]. [...]
[...] Nous voyons là encore, l'homme que pouvait être Guillaume Avec la première, il obtenait un seul et petit fief, avec la seconde plus de soixante-cinq. Ainsi, les femmes n'avaient qu'une seule et vraie importance aux yeux des hommes : elles appuyaient le pouvoir des uns et favorisaient, par l'entremise des structures familiales, l'ascension sociale des autres. De ce fait, elles servaient d'outils servant aux desseins des hommes. Cet aspect du rôle de la femme est riche d'enseignements, même si nous pouvons déplorer l'ampleur des zones d'ombre. L'auteur, en effet, les montre soumises. Toutefois, le rôle des femmes ne s'arrêtait sûrement pas là. [...]
[...] La geste de cet homme hors du commun est la source que l'auteur utilise en premier lieu. C'est une source écrite et narrative. Elle se compose de poèmes épiques relatant ses hauts faits. Cette geste a pu être conservée intacte. Elle est un chef-d'œuvre de composition littéraire, selon l'auteur qui dès le second chapitre la mentionne et, sur de nombreuses pages, la décrit et s'en exalte tellement qu'il est juste que l'on s'y attarde quelque peu. Lorsque Guillaume, usé, meurt, son fils aîné, le jeune Maréchal, le remplace dans le rôle de protecteur du nom. [...]
[...] En ce qui concerne l'éducation des jeunes gens : les futurs chevaliers, cet ouvrage offre quelques éléments essentiels. Cette éducation se faisait loin du domicile familial. Loin également des pères et des mères. Elle était, comme on peut s'y attendre, à caractère militaire. Dès leur plus jeune âge, Les garçons allaient accomplir l'apprentissage de la vie militaire ailleurs et ceux qui n'étaient malheureusement pas les aînés quittaient cette maison pour toujours, sauf heureux hasard ! [p. 82]. Ainsi, passé huit ou dix ans, ils étaient séparés de leurs mères, de leurs sœurs, des femmes de leur sang. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture