Et loin d'une étude historique rébarbative pour tout néophyte, Duby écrit ce livre comme un livre de littérature avec le souci permanent d'injecter du style et de la passion dans son récit. Car, en effet, cet ouvrage est bâti sur l'exploitation d'une source composée de « vingt-sept feuilles de parchemin » : commandée par le fils de Guillaume, ce document est une chanson de geste destinée à entretenir le souvenir exalté du Maréchal. Du trouvère – un poète lyrique de langue d'oïl - à l'origine de ce texte original, on ne sait pas grand chose si ce n'est qu'il se prénomme Jean.
A travers cette Vie de Guillaume Le Maréchal, George Duby dresse plusieurs caractéristiques de la société du XIIIème siècle s'arrêtant ainsi sur la question de la fidélité et de l'amitié entre les hommes puis en insistant sur la notion de prouesse, indissociable du monde chevaleresque, avant de mettre en lumière le parcours inattendu de Guillaume, le tournoyeur qui embrassa le pouvoir royal...
[...] Pourtant, le texte démontre le rôle croissant de l'argent (page 111 : l'argent apparaît indispensable à l'honneur dans une société chevaleresque où la largesse est une obligation (page 108) : Nul ne peut poursuivre la gloire et l'honneur sans lancer à la volée des deniers Guillaume lui-même s'attachera à la fin de sa vie à s'assurer une confortable fortune. En tout cas, si Guillaume était devenu le meilleur chevalier du monde c'est bien pour sa discipline et sa maîtrise de soi (page 121) mais le long extrait du poème à la page 126 traduit l'importance démesurée accordée à Guillaume, même les chutes devenant alors des actes de prouesse (page 130). A la même page, l'éloge est qualifiée explicitement d' outrancier par l'historien. [...]
[...] On peut néanmoins critiquer le fait que Georges Duby n'hésite pas à plusieurs reprises à s'extasier à la première personne devant cette source (notamment page 71 : Je puis me laisser aller à partager avec eux ( ) le vif plaisir que procure un si beau texte ou encore page 126). Enfin, il est intéressant de noter que Georges Duby s'attache tout au long du livre à étudier le rôle des femmes mais aussi l'attitude de ces hommes de guerre envers elles, les femmes restant au second plan. Cette évocation continue de la femme dans cet ouvrage ouvre la voie au thème étudié dans les derniers travaux de l'historien, à savoir la condition féminine comme dans Dames du XIIème siècle, un ouvrage paru en 1995. [...]
[...] Justement, Guillaume dût faire face au problèmes des alliances et des liens de fidélité qui, selon les situations et les contextes, peuvent s'opposer. Dans le cadre des relations féodo-vassaliques, quelle est l'attitude du vassal quand ses seigneurs sont amenés à s'affronter ? Véritable modèle de loyauté, Guillaume se montra prudent envers ses seigneurs, toujours destiné à servir d'abord celui dont il était l'Homme (page 169) notamment avec Henri Le Vieux et Henri Le Jeune auxquels il vouait une vénération fidèle (page 168). [...]
[...] Car, en effet, cet ouvrage est bâti sur l'exploitation d'une source composée de vingt-sept feuilles de parchemin : commandée par le fils de Guillaume, ce document est une chanson de geste destinée à entretenir le souvenir exalté du Maréchal. Du trouvère un poète lyrique de langue d'oïl - à l'origine de ce texte original, on ne sait pas grand chose si ce n'est qu'il se prénomme Jean. A travers cette Vie de Guillaume Le Maréchal, George Duby dresse plusieurs caractéristiques de la société du XIIIème siècle s'arrêtant ainsi sur la question de la fidélité et de l'amitié entre les hommes puis en insistant sur la notion de prouesse, indissociable du monde chevaleresque, avant de mettre en lumière le parcours inattendu de Guillaume, le tournoyeur qui embrassa le pouvoir royal. [...]
[...] Le mariage apparaît comme un élément important dans la réalisation d'alliances : dès l'âge de 12 ans, Guillaume Le Jeune fait ainsi l'objet d'un pacte de mariage 165) alors que Guillaume distribua ses filles 166) à l'exception de Jeanne, pas encore mariée lorsqu'il meurt (page 12). Mais le mariage le plus important reste celui du héros éponyme qui en mai 1189 conclue un avantageux mariage avec la pucelle de Striguil (page 148) : Guillaume met alors la main sur les importantes possessions de son épouse et tient alors tout ce qu'il a par elle (page 158). [...]
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