Dans cette étude, Georges Duby, grand historien, remet en question des phases chronologiques de nouvel essor et de rupture, autant qu'il met en relief des mécanismes économiques nouveaux durant le Moyen-Âge, se détachant ainsi de la mouvance historique alors établie. Dans cette œuvre majeure, Duby veut démontrer en quoi la période VII-XIIe siècles reflète un premier essor de l'économie européenne (sous-titre). Ainsi, il insiste sur le basculement économique de l'Occident médiéval dont le centre de gravité se situe entre la Loire et le Rhin, centre économiquement actif et relié à un axe commercial très puissant, allant de la Méditerranée à la mer du Nord par le Rhône, la Saône et la Meuse.
Pour Duby, le renouveau économique vient des campagnes du Nord, où progrès de la production céréalière et carnée s'allie avec les défrichements et la croissance démographique sensible à l'Est du Rhin. Cet essor, impulsé à la fois par les cours mérovingiennes et les monastères locaux, ainsi que par l'apparition du domaine bipartite (réserve et manses) est particulièrement visible en Gaule du Nord, région profitant d'un commerce mettant en relation l'Angleterre avec le Nord de l'Europe, par la plaque tournante que représentent la Manche et surtout la mer du Nord (à l'initiative des marchands frisons). L'essor du commerce septentrional traduit en fait le basculement économique de l'Europe chrétienne, notamment par l'abandon progressif de la monnaie d'or.
[...] Le principal représentant de cette croyance fut l'historien de l'époque romantique Jules Michelet ; cette opinion a été longtemps suivie avant d'être remise en question par une nouvelle génération d'historiens, dont fait partie Duby. Michelet sera largement repris pendant près d'un siècle, mais l'ère Michelet va s'achever avec la défaite française de 1870. C'est à partir de là que le mythe des terreurs de l'An Mil va s'estomper dans les milieux universitaires, ce qui ne sera pas le cas dans l'imaginaire collectif du grand public. [...]
[...] Les spécialistes de la guerre forment le second ordre. Ils détenaient la force et la terre, vivaient dans l'oisiveté et tenaient les tâches productives pour indigne de leur rang Leur vocation est la guerre, et dans leur morale la largesse (le fait de donner) est primordiale. Enfin le troisième ordre représente celui des travailleurs, ample majorité de la population. Dans le système féodal, cet ordre doit fournir aux deux élites (oratores et bellatores) les moyens de leur oisiveté et l'aliment de leurs dépenses Ils sont asservis au deux ordres supérieurs et dans l'obligation de leur fournir le produit de leurs terres. [...]
[...] Il casse ici, toutes les théories historiographiques déjà établies. En effet, il se détache de ceux pour qui, comme Pirenne, les temps carolingiens étaient la phase ultime dans la détérioration progressive du système légué par l'Antiquité. Il se sépare aussi des historiens qui plaçaient à l'époque de Charlemagne le vrai départ de la croissance Duby décèle ici des phases historiques insoupçonnées et des mécanismes paradoxaux de ce démarrage économique. Pour Duby la vraie rupture entre la renaissance carolingienne et le renouveau du XIe siècle se situe dans le manque de documentation. [...]
[...] Dans cette œuvre majeure, Duby veut démontrer en quoi la période VII-XIIe siècles reflète un premier essor de l'économie européenne (sous-titre). Ainsi, il insiste sur le basculement économique de l'Occident médiéval dont le centre de gravité se situe entre la Loire et le Rhin, centre économiquement actif et relié à un axe commercial très puissant, allant de la Méditerranée à la mer du Nord par le Rhône, la Saône et la Meuse. Pour Duby, le renouveau économique vient des campagnes du Nord, où progrès de la production céréalière et carnée s'allie avec les défrichements et la croissance démographique sensible à l'Est du Rhin. [...]
[...] Duby insiste sur les limites étroites de la connaissance historique, sur le champ infiniment large abandonné aux conjonctures. Aussi, les données quantitatives manquent aux historiens de l'économie, qui en sont lésés. Le rôle selon Duby de l'historien de l'économie est d'observer les mouvements de croissance qui, peu à peu, entre le VIIe et le XII e siècle, l'on fait émerger de la sauvagerie, s'interdire d'appliquer exagérément à leur compréhension les modèles construits par l'économie moderne. L'historien doit faire attention à ne pas tomber dans l'anachronisme, spécialement pour l'époque médiévale, habitée d'éléments primitifs. [...]
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