Le grandiose palais familial édifié à Florence à la fin du XVème siècle a rendu célèbre le nom de la famille Strozzi, mais les racines de cette réussite sont plus anciennes: les premières manifestations de leur ascension datent de la fin du XIIIème siècle. A l'époque de leur début, on ne connaît pas avec précision les bases matérielles de leur réussite mais on constate que plusieurs d'entre eux prêtent de l'argent à Florence et dans sa campagne. Le prêt est donc à l'origine de leur fortune foncière et commerciale. Basée sur des registres notariaux, l'étude de Charles-Marie de La Roncière décrit la pratique du prêt chez les Strozzi. Après avoir présenté la famille Strozzi et leurs clients, l'auteur explique les modalités de cette pratique avant d'analyser la portée de ce système pour les Strozzi et pour leurs emprunteurs.
[...] Les Strozzi attirent une triple clientèle : les Florentins, les campagnards et les communautés. Ces dernières sont constituées des communautés de métiers et des municipalités villageoises financièrement embarrassées. La densité de celles-ci est forte, on en dénombre neuf au bord de l'Arno et treize au sud-ouest de la Pesa. A Florence, les prêts sont accordés à de simples citoyens ou à des corps de métiers dont une majorité de taverniers et de marchands de vin. Les Strozzi interviennent également auprès des gens de la campagne et s'imposent particulièrement dans la vallée de l'Arno. [...]
[...] En effet, les prêteurs admettent des retards allant jusqu'à quatre ans, sans engager la moindre poursuite. Néanmoins, ce n'est pas le cas pour les grosses opérations. En cas de non remboursement, l'affaire suit son cours (procès et incarcération) jusqu'à son terme : paiement suite à la prise en charge de la dette par un garant ou par la confiscation d'une terre. Les Strozzi se portent fréquemment acquéreurs auprès de tiers de créances impayées. L'intérêt est au cœur de l'activité des Strozzi. Il est difficile de le quantifier puisque l'acte notarié ne le mentionne jamais. [...]
[...] Pour cette étude, l'auteur se base sur deux notaires et hommes de confiance successifs des Strozzi : Ridolfino di Tuccio et son fils Piero. Pour donner un ordre de grandeur, le capital de la compagnie Perruzzi est de florins en 1312. Le prieur est membre d'une magistrature collégiale de l'exécutif, il est élu par les représentants des Arts siégeant dans les conseils de la Commune. Le gonfalonier est un chef de quartier mais progressivement il devient un magistrat responsable de l'ordre public. [...]
[...] En général, les ruraux ont des prêts plus modestes, souvent inférieurs à 100 florins. A Gaganbaldi des prêts dépassent le seuil des 100 florins et la moyenne des prêts atteint à peine 20 florins. D'une catégorie à l'autre, le crédit n'a donc pas le même volume et par conséquent, sa portée est manifestement différente. Les communes rurales ont recours aux Strozzi pour différentes raisons. Plusieurs témoignages font état de leurs soucis de trésorerie, précoces (fin XIIIème siècle) et durables, face à l'impôt imposé par Florence. [...]
[...] Les Strozzi exercent un parasitisme sur les contribuables, en profitant de la diffusion de l'impôt pour se proposer comme relais. Toute la famille se constitue un beau patrimoine en multipliant les achats fonciers dans les villages proches de Florence. Les Strozzi adoptent le système de vie de l'élite marchande et de la noblesse (terres et palais) et leur statut social rejoint celui des plus grandes familles. De la fin du XIIIème siècle à 1343, les Strozzi ont occupé trente- six fois la charge de prieur[3] et huit fois celle de gonfalonier[4]. [...]
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