Dans ses "Essais sur l'histoire de la mort en Occident", Philippe Ariès nous donne à voir la mort, non pas comme un simple phénomène naturel, figé, physiologique, mais comme un événement sociologique crucial, chargé de sens, de représentations conceptuelles, symboliques et morales qui conditionnent nos comportements face à lui.
Ariès s'est interrogé sur la mort alors qu'il menait une étude sur la famille. Il s'est avéré que la famille était un sentiment que l'on disait très ancien et plutôt menacé par la modernité, alors qu'il s'agissait en réalité d'un phénomène récent et lié à une étape décisive de cette modernité. N'en était-il pas ainsi pour la mort ?
L'ouvrage tend donc à défaire le lecteur d'un certain nombre d'idées reçues au sujet de la mort, mettant en évidence des conceptions tout à fait différentes, et la mise en concurrence de plusieurs morts au fil du temps, notre conception actuelle de la mort n'étant pas forcément celle que l'Occident a toujours connue.
La lecture que Philippe Ariès nous donne de la mort à travers les âges procède d'une grille d'interprétation qui place au centre de son analyse la naissance de l'individu moderne, la prise de conscience de soi, de l'individualisme et sa progression comme facteur d'explication majeure des évolutions des mentalités et des attitudes face à la mort.
[...] La mort de soi On assiste à une évolution quant à la familiarité de la mort, liée à une évolution de la conception de l'homme qui sort du collectif et s'individualise. Apparaissent alors : la représentation du jugement dernier qui consiste en la séparation des bonnes et mauvaises actions devant une Cour de justice qui a pour but d'évaluer la vie du mourant ; la chose du mourant, qui consiste en un combat autour du lit du mourant, une lutte cosmique s'engage entre le bien et le mal ; Dieu est moins un juge qu'un arbitre ou un témoin. [...]
[...] "Essais sur l'histoire de la mort en Occident du Moyen-Age à nos jours", Philippe Ariès (1975) L'auteur Né à Blois le 21 juillet 1914 ; décédé à Toulouse le 08 février 1984. Philippe Ariès est marqué par des influences traditionalistes et conservatrices. EL grandit en effet dans une famille catholique et royaliste ; il étudie chez les jésuites et milite quelque temps au sein des Lycéens et collégiens de l'Action française Il écrit notamment dans l'Étudiant français, magazine des étudiants de l'Action française, auquel participe également Claude Roy, Raoul Girardet, Robert Brasillach, Pierre Gaxotte ou encore Pierre Boutang. [...]
[...] Apparaît un véritable culte des tombeaux et des cimetières. Il devient intolérable d'entasser les morts en raison de considérations de santé publique, mais aussi par respect de la dignité du défunt. On critique le fait de se soucier plus de l'âme (messes post-mortem, sépultures entassées dans les cours des églises sous prétexte qu'elles doivent être au plus près des saints et des prêtres qui officiaient pour le salut des âmes) que du corps. Désormais, le cadavre est enterré chez soi ou dans les cimetières publics afin de pouvoir se recueillir. [...]
[...] Les auteurs américains ont pour but de sensibiliser la sphère médicale à la grande misère des morts solitaires et négligés. La société américaine a trouvé le moyen de gérer la phase du deuil, de la mort survenue (embaumement qui fait du mort un presque vivant . mais en revanche, il est difficile de mourir. La société prolonge le plus possible les malades, mais elle ne les aide pas à mourir. Les mourants n'ont plus de statut et par conséquent, plus de dignité. [...]
[...] L'évolution des attitudes devant la mort dans les sociétés occidentales La mort a de nouveaux visages : nouvelles maladies (cancer), nouveaux intervenants (personnel médical), nouveaux lieux (hôpital). Le refus du deuil s'accroît ; la mort devient le principal interdit moderne : toilettes funéraires pour masquer les apparences de la mort, accroissement du nombre d'incinérations pour faire disparaître plus vite possible le cadavre. C'est aux États-Unis qu'apparaissent de nouveaux rites funéraires, par exemple les techniques chimiques de conservation du corps qui est exposé dans les salons. [...]
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