Iogna-Prat, terre-sainte, article, médiévales, 2001
Pour examiner le long processus de sanctification de la terre/Terre dans l'Occident latin entre le IVe et le XIIIe siècle, l'auteur réalise tout d'abord une analyse conjuguée des Ecritures et du legs juridique romain de façon à mettre en évidence l'évolution de la signification des termes de « saint », de « sacré » et de « religieux ».
Le « sacré », ou sacra, relève d'abord de ce qui est publiquement et rituellement consacré à Dieu. Avec la mise en place d'une nouvelle institution, l'Eglise, c'est elle qui fait le sacré, qui « consacre ». Le « saint », ou sancta, désigne ce qui est défendu de toute atteinte humaine et soumis à la sanction, également l'espace inviolable de l'asile et du refuge, puis l'immunité autour des monastères protégés par l'interdit. Le « religieux », ou religiosa, qualifie quant à lui d'abord les restes d'un défunt puis s'applique aux sépulcres et définit le cimetière.
L'auteur nous montre ensuite que la sanctification de la terre/Terre sainte au cours des croisades supposait sa déjudaïsation. En effet, la reconquête du Sépulcre de Jérusalem entreprit lors des croisades relève d'une volonté de spatialisation du sacré, d'articulation entre terre sainte et terre du Christ : Terre sainte. Jérusalem, dans les années 1100, remplace Rome ou Constantinople en tant que centre de la Terre, point de jonction entre ici-bas et l'au-delà. Elle est le centre de la géographie sacrée et le lieu fondateur de l'histoire sainte, l' « ombilic de la terre » comme aurait dit le prophète Ezéchiel. Le pèlerinage en Terre sainte, combattre pour en faire une terre exclusivement chrétienne, relève ainsi d'une volonté de retrouver les fondements du christianisme.
[...] IOGNA-PRAT, « La terre sainte disputée », Médiévales volume 20, n°41, pp. 83-112. -présence de notes en bas de page -bibliographie dans les notes II Mots-clés -période traitée : du IVe au XIIIe siècle -localisation spatiale : l'Occident médiéval -groupes sociaux particuliers : les chrétiens, les juifs -thème principal : La sanctification de la terre/Terre dans l'Occident chrétien latin entre l'âge des Pères de l'Eglise et celui des croisades et le processus de déjudaïsation qui en découle. -thèmes secondaires : la prégnance du legs romain en matière d'espace saint, sacré et religieux ; la sanctification de la terre et le passage de la terre sainte à la Terre sainte; l'exclusion spatiale des juifs dans le processus de « déjudaïsation » III Ecriture de l'article -plan suivi : L'auteur débute par relever les références bibliques relatives à la sanctification de la terre et par examiner la prégnance du legs romain en matière d'espace saint, sacré et religieux. [...]
[...] Les clercs idéologues occidentaux bloquent toute éventualité d'une souveraineté politique juive sous prétexte que l'unique royauté juive possible ne saurait advenir qu'en Terre d'Israël. Le Temple édifié par Salomon est considéré comme le seul lieu d'accomplissement liturgique, sa destruction marque le début de l'errance d'un peuple décentré. L'Exode a été compris à l'époque comme le passage d'une tradition politico-religieuse organisée autour d'un sanctuaire localisé et d'un culte, à une tradition religieuse a-politique, déterritorialisée et délocalisée. Ce topo-centrisme supposait alors la non-reconnaissance de toute présence du divin dans les synagogues. [...]
[...] Elle est le centre de la géographie sacrée et le lieu fondateur de l'histoire sainte, l' « ombilic de la terre » comme aurait dit le prophète Ezéchiel. Le pèlerinage en Terre sainte, combattre pour en faire une terre exclusivement chrétienne, relève ainsi d'une volonté de retrouver les fondements du christianisme. Le processus de consécration de la Terre du seigneur est moins familier dans la dynamique des croisades. Il s'agit de réinvestir la terre jadis sanctifiée par la présence du Christ. [...]
[...] Tout ce qui appartient à Dieu est une res sacra, et la Chrétienté doit rentrer en possession de la Terre du Christ d'où l'affectation à l'Eglise des terres prises aux infidèles et la constitution d'un vaste patrimoine ecclésiastique. Le royaume capétien, au tournant des années 1200, est également révélateur de ce phénomène de territorialisation des communautés d'appartenance dans le cadre d'une patrie commune. En Francie occidentale, fin Xe, la paix du royaume et d'abord la Paix de Dieu, autrement dit la paix des assemblées organisées par les ecclésiastiques. La réappropriation royale de la paix date des règnes de Louis VI et VII. [...]
[...] Le « sacré », ou sacra, relève d'abord de ce qui est publiquement et rituellement consacré à Dieu. Avec la mise en place d'une nouvelle institution, l'Eglise, c'est elle qui fait le sacré, qui « consacre ». Le « saint », ou sancta, désigne ce qui est défendu de toute atteinte humaine et soumis à la sanction, également l'espace inviolable de l'asile et du refuge, puis l'immunité autour des monastères protégés par l'interdit. Le « religieux », ou religiosa, qualifie quant à lui d'abord les restes d'un défunt puis s'applique aux sépulcres et définit le cimetière. [...]
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