Comme prolongement de ses recherches sur le corps, et comme suite à une précédente rencontre toulousaine sur le thème de la peur, le centre de recherche sur l'Espagne des XVIe et XVIIe siècles a programmé une journée d'étude qui s'est déroulée à Paris le 29 mai 1992 au collège d'Espagne et qui a porté sur "La peur de la mort en Espagne au siècle d'or". Il s'agissait de s'interroger sur les manifestations de la peur en l'appréhendant à travers des documents iconographiques et littéraires.
Il est apparu aux protagonistes que ces documents expriment « le désabusement et l'ascétisme suscités par la peur de la mauvaise mort et des peines de l'enfer qui la prolongent ». Ce sont les actes de cette rencontre ainsi que les discussions qui eurent alors lieu qui paraissent dans ce recueil.
De ce recueil de textes et d'analyse, nous tenterons de comprendre la question de la vision de la mort dans l'Espagne au siècle d'or en proposant une confrontation avec celle de la France, étudiée par les historiens français Michel Vovelle et Philippe Aries.
[...] On remarque aussi que vers la fin du XVIème siècle, se développe un certain type de littérature destinée aux élites sociales. Des livres d'heures enluminés représentent ainsi de hauts cadres de la société comme des papes ou des Rois, pourchassés par la mort qui leur décroche des flèches. Les castra doloris s'inscrivent dans cette même logique. Ce sont des constructions éphémères, élevées à l'occasion du décès d'un souverain et sont destinées à honorer la mémoire du défunt. Leur décoration rappelle l'omniprésence de la mort et l'égalité de tous devant elle. [...]
[...] Il nous semblera enfin intéressant de confronter la vision de la mort en Espagne, avec celle de la France, étudiée par les historiens français Michel Vovelle et Philippe Aries. Introduction : la conception de la mort à l'époque moderne dans la Péninsule ibérique Au XVIIe siècle, le spectacle de la mort est monnaie courante de par l'abondance des exécutions, guerres et épidémies qui laissaient des cadavres par centaines pourrir dans les rues. Les famines, les guerres, les épidémies et les aléas climatiques que subissent les populations leur rendent la vie difficile. [...]
[...] Il est conseillé aux populations de se confronter aussi souvent que possible aux horreurs du macabre. L'Espagne des XIV-XVe siècles développe ainsi une iconographie du morbide. La peur que produisent chez les populations, surtout les moins éduquées, ces visions funestes, encouragent une prise de conscience de la vanité de l'existence. L'image apparaît dans ce cadre, comme un instrument pédagogique adapté de plus aux populations illettrées. Dans certaines chapelles comme la cathédrale de Murcie ou la chapelle dorée de la cathédrale de Salamanque, un squelette est peint dans une niche ou sur un morceau de mur. [...]
[...] Les exemples évoqués dans les artes moriendi visent à développer une certaine angoisse chez le lecteur qui ne peut s'en détacher qu'en la comparant aux souffrances des saints. On peut aussi penser que les souffrances du mourant sont dues à l'inquiétude de devoir rendre des comptes devant le tribunal divin. Sur son lit de mort, Palmireno enjoint le mourant à ne pas se livrer aux distractions comme les jeux de cartes qui pourrait lui être une occasion de pécher. Le malade doit désormais s'en remettre à la volonté divine. [...]
[...] Les funérailles sont enfin conçues comme un phénomène de sociabilité, les cadavres sont enterrés dans des fosses communes à l'intérieur des églises toutefois, le XVIIIème siècle voit une baisse des inhumations dans les églises (essentiellement pour une question de salubrité) et une progressive individualisation des tombes, ce qui n'est pas le cas dans la Péninsule Ibérique. Conclusion Pour conclure, au regard de l'analyse de l'œuvre d'Augustin Redondo, nous constatons que la mort à l'époque moderne est profondément différente de la vision que nous en avons. Cela s'explique sans doute par l'individualisation de la société, l'époque charnière est celle de la reprise démographique, des progrès de l'hygiène et de la médecine. Désormais, les enfants vivent. Le nombre de naissance par foyer se stabilise dans la mesure ou élever un enfant jusqu'à sa majorité coûte cher. [...]
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