Les derniers bûchers. Un village de Flandre et ses sorcières sous Louis XIV, Robert Muchembled, femmes, sorcières, Moyen-âge
Robert MUCHEMBLED est un historien français du XX° siècle, spécialiste de l'Epoque Moderne. Il s'est surtout intéressé aux mentalités, mœurs, et façons de vivre du peuple. Il a, de plus, consacré de nombreux ouvrages (5) sur la problématique des sorcières entre le XV° et le XVIII° siècle. Parmi eux se trouve Les derniers bûchers. Un village de Flandres et ses sorcières sous Louis XIV. Dans cet ouvrage, Muchembled raconte le procès et l'exécution de quatre sorcières en 1679 à Bouvignies, village de Flandres se situant dans le Nord de la France, à la frontière avec les possessions espagnoles de Philippe II, il s'agit donc des périphéries du royaume francais et il est interessant de voir comment s'exprime l'autorité dans ce village. Cette chasse aux sorcières met en avant la mentalité des paysans au XVII° siècle, le poids de l'Eglise, du surnaturel, mais aussi l'ascendant des hommes sur les femmes. Les sorcières sont les boucs émissaires du village qui est uni face à elle alors que d'ordinaire il est plutôt divisé.
[...] Les enjeux, intérêts et risques n'étant pas les mêmes que si on s'en prend à un simple paysan. Comme les juges le disent clairement : il faut étouffer le mauvais bruit et murmure lorsqu'il regarde les gens de bonne réputation. Chapitre 4 : un village immobile ? Muchembled s'attarde à définir les caractéristiques de Bouvignies au siècle pour dégager le contexte socio-économique dans lequel va avoir lieu la persécution des sorcières. L'habitat est plutôt dispersé mais les relations entre les différentes parties du village sont possibles et fréquentes, sauf peut être en hiver car les chemins ne sont pas pavés. [...]
[...] Cela renforce "la sujétion des masses pour en faire des corps soumis et producteurs, des sujets obéissants et travailleurs, des fidèles respectueux." Les procès de sorcellerie sont donc une signe de la "transition entre le temps révolu de la culture orale dominante et celui à venir de l'alphabétisation triomphante"(p.249) Les procès de sorcellerie sont donc à la fois un moyen d'expression des peurs et des tensions des villageois et un moyen pour l'Etat et l'Eglise de mieux les contrôler. En effet, la sorcière est un bouc émissaire qui permet aux villageois d'expliquer leurs malheurs et d'extérioriser leurs frustrations. Cependant, l'Eglise reste le premier accusateur car les bûchers de sorcières sont pour elle un moyen de cadrer cette société très traditionnelle qu'elle ne maîtrise pas et d'affirmer son pouvoir. [...]
[...] Ce procès permet quand même de voir les caractéristiques définissant une sorcière à cette époque : marque corporelle de Satan, rejet de la religion catholique, poudre, baguette, sabbat, mais aussi tout ce dont elle est portée responsable : mort d'habitants, d'animaux, de nouveaux-nés avant leur baptême, empoisonnements, mauvaises récoltes, maladies, épidémies Ces maléfices se feraient grâce à une poudre, sur le commandement du Méchant, en échange d'une récompense, souvent de l'argent. Comme les sorcières sont en lien avec le Diable, c'est l'Eglise qui tente en premier de les rendre coupables. Les crimes de P. Goguillon sont considérés comme des crimes de lèse-majesté punis de la peine de mort. Soit les sorcières sont brûlées vives entièrement soit à moitié afin d'exposer leurs restes dans le village à titre d'exemple et comme un trophée qu'on brandit après la victoire. P. Goguillon sera brûlée à moitié. [...]
[...] L'autorité royale y a peu d'importance ce qui marque une certaine limite de l'absolutisme et de la centralisation du pouvoir du roi. La Flandre respecte quand même l'interdiction de la torture et le droit des accusés de se faire aider pour leur défense. C'est l'Eglise qui donne l'impulsion de ses persécutions à travers son combat anti- satanique, qui se diffuse grâce aux «sermons des prêtres, aux marchands, colporteurs et pèlerins». Les dénonciations ont pour origine une rumeur qui prend de l'ampleur avec la peur des paysans concernant leurs conditions de vie. [...]
[...] En dessous, se placent les laboureurs pour qui la situation économique est ambiguë. Ils oscillent entre dépendance et indépendance, c'est pourquoi ils complètent l'exploitation de leurs terres avec un travail au revenu régulier (échevin, greffier Entre les plus riches du villages, se créent des liens particuliers : mariages pour se maintenir à un rang social respectable, parrainage d'enfants Se met en place une oligarchie. Le reste du village est composé de paysans dépendants avec moins d'un ou deux hectares à cultiver. [...]
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