« La question à poser n'est pas : y eut-il oui ou non des mutations vers l'an mil ? En une période donnée, il y a toujours des continuités et des ruptures ». Cette remarque de Dominique Barthélémy, qui peut sembler anodine et logique au premier abord, témoigne en réalité des controverses très vives qui subsistent autour de la question de l'an mil, et opposent les historiens.
[...] Voilà l'explication qu'il fournit : si l'hérésie et la paix de Dieu ont une chronologie comparable, c'est qu'il existe une ambiance réformatrice, une recherche de purification La paix de Dieu serait ainsi inspirée par un esprit de réforme religieuse non subversive, assez populaire, mais en aucun cas anti-seigneuriale. Conclusion À travers cet ouvrage, Dominique Barthélémy remet ainsi en cause l'idée d'une mutation de l'an 1000 Il cherche non seulement à souligner les limites de cette thèse, mais aussi à fournir de nouvelles pistes d'explications. Il s'agit pour lui de retrouver de grands repères historiques et méthodologiques et de reprendre un véritable élan, à partir d'eux. [...]
[...] Si ces rapports sont aussi complexes et suscitent autant de débats, c'est parce que le terme de miles est polysémique. Il désigne le cavalier, sous-entend une certaine subordination, mais comporte de très grandes différences selon les cas. Il est donc particulièrement difficile à situer par rapport à celui de noble, et difficile également à dater. Le mythe de la naissance de la chevalerie Les théories traditionnelles voyaient dans le XIe siècle la naissance de la chevalerie au sein d'une aristocratie que l'Église cherche à christianiser. [...]
[...] Dominique Barthélemy souligne par ailleurs un rapprochement des conditions entre libres et non libres. Il constate ainsi un servage limité et une liberté dégradée Pour rejeter l'idée d'une servitude nouvelle qui prend la place d'une ancienne, l'auteur conclut ainsi en ces termes : Il y a eu la fois une servitude idéologiquement constituée, et diverses servitudes pratiques et circonstancielles La question du servage se fonde ainsi sur les rapports de dominations entre les deux parties de la société, et leurs évolutions. [...]
[...] Les demandes de contre-don religieux en échange de l'autodédition sont exceptionnelles, par exemple. Par contre, il y a dans l'asservissement l'idée de renoncer à sa liberté séculière pour obtenir le pardon de ses pêchés et ainsi la liberté spirituelle. Dominique Barthélémy insiste sur le fait que l'Église a cherché à entretenir le sentiment de faute et le désir d'absolution pour, je cite, perpétuer la discipline servile et ce, à son profit. Il conclut cependant sur l'idée que l'asservissement dans une majorité des cas relève avant tout d'un choix, d'une volonté, et non- domination subie/totale. [...]
[...] Enfin, nous verrons comment a été perçu le rôle de l'Église dans le mouvement de la Paix de Dieu. I Une servitude qui persiste, mais qui change de forme Dominique Barthélémy souligne les limites des thèses qui voient dans le XIe siècle des mutations capitales dans les rites et pratiques d'asservissements. Il propose une analyse nuancée de la servitude, entre ruptures et continuité. des asservis volontaires - comment on s'asservit ? Le processus qui transforme un individu en serf évolue de manière assez importante au XIe siècle, si bien qu'il est difficile de généraliser pour toute la période. [...]
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