Dans l'avant-propos, l'auteur décrit l'existence, à l'époque médiévale, de tout un monde mental fait de surnaturel, de croyances dites « populaires » ou superstitieuses, formant une « petite mythologie ». Mais ces dénominations ne doivent pas faire oublier qu'il s'agit d'un ensemble mouvant et hétérogène, par là même difficile à cerner. Quoi qu'il en soit, cet ensemble constitue bien une des structures de la société médiévale, reposant notamment sur la croyance en des êtres non humains et sur des personnages pouvant entrer en contact avec ces êtres grâce à leurs connaissances. Les sources permettant de connaître ces faits sont diverses : la littérature de divertissement, la littérature savante et surtout la littérature religieuse qui a travaillé à christianiser les antiques croyances. Il faut donc étudier ces sources avec précaution en tentant de discerner ce qui est réellement l'œuvre de l'Occident médiéval. Autre témoin pour l'auteur, il s'agit de la langue, du lexique qui, malgré des approximations, reflète bien la pensée de l'époque. Etudier l'univers des croyances au Moyen Âge est donc une œuvre de longue durée qui requiert la pluridisciplinarité.
[...] Il y a donc deux explications, l'une psychologique, l'autre somatique ou physiologique. Mais phantasma n'est pas seulement une illusion nocturne, il désigne aussi l'apparition d'un mort. Le cauchemar est assimilé à un démon, terme vague mais révélateur puisqu'il recouvre une croyance qui n'a pas disparu. Le cauchemar est ainsi un mort malfaisant, d'où le lien sémantique entre phantasma (fantôme) et cauchemar. Etymologie Le vocable Mahr est attesté dans toutes les langues germaniques, venant de la même racine mer, exprimant la notion de mort. [...]
[...] La montagne a d'ailleurs pu être un objet de culte. A partir du XII° siècle, la montagne est le séjour des fées et des démons ; plus tard, les sorcières y tiennent leur sabbat. Elle est le lieu de rencontre entre notre monde et le sacré, aussi bien pour les païens que pour les chrétiens (cf. le Puy-en- Velay, le mont Sinaï La montagne a aussi un aspect démoniaque, les dragons et les géants, les forces du désordre, y séjournant. [...]
[...] Sacrifices, incantations ou chants permettent de faire revenir un mort. La nécromancie n'est pas une fiction littéraire et un concile anglais y fait allusion en 1080. Cet art de la nécromancie semble avoir été réservé aux hommes, ce qui explique que necromanticus n'ait pas de féminin. Si, à l'origine, la nécromancie est essentiellement destinée à obliger un mort à prédire l'avenir, son domaine s'élargit peu à peu vers la sorcellerie pure et simple et la magie. Cet art peut s'avérer dangereux car les morts n'aiment pas qu'on les dérange. [...]
[...] Douze jours, période intercalaire destinée à mettre d'accord les années solaire et lunaire, constituent un no man's time qui appartient aux esprits. Apprivoiser son milieu, l'espace et le temps, passe avant tout par le refoulement des esprits dans un autre monde qui continue d'être imbriqué dans celui des humains mais qui se clôt peu à peu à mesure que progresse la christianisation. Toutefois, la fermeture n'est jamais totale. Un haut lieu des croyances et des mythes : la montagne S'opère une bipartition de l'espace entre la nature sauvage représentée par la mer, la forêt, les déserts et la montagne et la civilisation, monde des plaines, des villes et des bourgs. [...]
[...] Les principales fonctions du merveilleux dans ce type de littérature sont donc le rêve et la compensation. Le merveilleux savant Dans la littérature savante, le merveilleux est essentiellement hérité des auteurs antiques. C'est cette ancienneté qui lui donne une autorité incontestable. L'Orient occupe une place de choix dans la littérature scientifique on dénombre les peuples exotiques et les animaux étranges parce qu'inconnus en Occident. Toute contrée méconnue ou lointaine se voit peuplée de toutes sortes de merveilles. La littérature savante est donc un véritable réservoir de merveilleux, toutefois peu utilisé par les écrivains de romans. [...]
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