La société du haut Moyen-âge est une société violente. Mais pas de brutalité aveugle qui viendrait à être policée par la "société des moeurs" au XIIe siècle. La pression des pairs et l'influence morale du christianisme aident à trouver des issues pacifiques.
La société exacerbe le sens de l'honneur : venger l'affront est un devoir, car l'offense rejaillit sur le groupe, pouvant réclamer réparation (par meurtre - faide - ou par composition - wergeld). La paix voit le lien social se retisser par des alliances ou des mariages. Charlemagne interdit la faide. La justice royale rappellera après 880 cette interdiction du meurtre vindicatoire, mais n'avait plus les moyens d'empêcher la vengeance privée (si elle l'eut un jour ?). On observe de fait une recrudescence au Xe s. des faides entre parentèles.
Dans sa Chronique, Réginon de Prüm relate la faide qui suit, en 892, le meurtre du comte Mégingaud, apparenté au roi Eudes (dont il a favorisé la reconnaissance par Arnoufl), par le comte Albéric, pour les honores du Rhin moyen. En 896, Méningaud est vengé par l'assassinat d'Albéric par un parent, assassiné à son tour en 901. En l'absence de pouvoir royal commun, il faut l'intervention du pape, des archevêques de Cologne et de Reims. Dans le cas des Babenberg, la faide générationnelle entraîne l'extinction de la famille au Xe siècle (...)
[...] En 973 par exemple, l'évêque Brunon de Verden refusa que le corps du duc de Saxe Hermann Billung soit inhumé dans la nécropole familiale, car étant mort excommunié. Or sa famille pouvait encore accomplir la pénitence à sa place. ( Le refus de l'évêque s'explique par des motivations politiques. La mort de Billung donne l'occasion de prolonger la faide qui oppose, depuis 944, sa parentèle (Wichmann) à celle des Billung. Des évêques étaient aussi sollicités pour lever ou lancer des excommunications par des laïques. [...]
[...] En mars 1076, à Utrecht, un seul évêque prononce à ses côtés la déposition du pape ! L'isolement du roi se voit encore à Tribur (oct.-nov. 1076), où les évêques et les grands s'assemblent en l'absence du roi pour le pousser à la réconciliation. Ils obtiennent du roi, réfugié à Oppenheim, la signature d'une promesse d'obéissance au pape, et l'engagement d'une rencontre à Augsbourg. Déçus par la riposte royale à Canossa, certains grands poussent à l'usurpation Rodolphe, duc de Souabe, qui est élu roi par l'assemblée de Forcheim (mars 1077). [...]
[...] L'hérésie est observée à Vertus, près de Châlons-en-Champagne vers l'an mil, à Toulouse et à Orléans en 1022, de nouveau à Châlons-en-Champagne en 1043 et 1048. Il est difficile d'appréhender les hérétiques en raison des lacunes des sources mais aussi à cause du traitement qu'en font les auteurs contemporains. Ils se rejoignent autour de quelques points communs cependant : ils rejettent toute médiation liturgique ou ecclésiastique, refusent baptême, eucharistie, confession, mariage, et hiérarchie. Ils réduisent le culte à sa simple expression, refusant la vénération de la croix ou de la Vierge. Les dissidents arrêtés à Arras l'inhumation au cimetière n'est pas un gage de salut. [...]
[...] Guy a demandé un délai de réflexion, car il a accédé au siège de Reims moitié par népotisme, moitié par faveur royale, Henri Ier comptant sur l'archevêque-comte pour limiter le pouvoir d'Eudes II de Blois en Champagne. Léon IX accorde le délai. En fait, ni le pape, ni les évêques, n'ont l'intention de saper le pouvoir royal. Dès 1049, la réforme touche la Bretagne avec moins de nuance. Léon IX à Reims a remplacé sur le siège de Nantes le simoniaque Budic par Airard, abbé de Saint-Paul-hors-les-Murs Celui-ci menace d'excommunication les laïcs possédant des biens d'Eglise Les évêques bretons sont priés de se rendre à Rome en 1050 pour simonie. [...]
[...] On n'invoque plus la déliquescence du pouvoir royal crise des institutions judiciaires publiques pour expliquer l'importance de ces compromis : cette procédure est seulement adaptée à une société où prévalent les liens personnels. Ils n'entrent pas en contradiction avec les décisions des tribunaux publics comme le disent certains mutationnistes. Au contraire judiciaire et extrajudiciaire sont complémentaires : une négociation extrajudiciaire peut être présentée devant le juge pour être validée publiquement ; inversement, un jugement peut être parachevé par un compromis. [...]
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