Article de Pierre Racine : « Milan au 13ème siècle : 60000 ou 200000 habitants ? » (1984)

Résumé du document

Pierre Racine est un des grands spécialistes français de l'histoire de l'Italie médiévale et plus particulièrement des villes italiennes. Cet article est fondamental, non pas pour l'étude de Milan, mais pour l'histoire démographique des villes d'Italie : il y présente une méthode et les enjeux d'une étude périlleuse à réaliser (problème de sources, fiabilité, spéculations, interprétation des chiffres…). Pierre Racine se livre à un exercice méthodologique fondamental pour l'étude de la démographie médiévale.
L'historien pose ici le problème de la comptabilisation démographique dans les villes italiennes du Moyen Age à travers l'exemple de Milan au 13ème siècle. Il existe d'une manière plus large, beaucoup de spéculations concernant le nombre d'habitants des villes. Pour Paris, par exemple, Philippe Dollinger estime la population à 80 000 habitants alors que Heers et quelques autres l'estiment à 200 000… les solutions apportées sont en général nombreuses.

Extraits

[...] Pavie offre un estimo (un impôt de l'époque) pour 1250-1253 qui dénombre environ habitants. Le liber focorum de 1244 pour la population de Pistoria ; état des feux de Volterra et San Gimignano en 1277 mais c'est finalement trop peu pour estimer au plus juste la population des villes italiennes. Donc, certains historiens se sont lancés dans des estimations et des calculs hasardeux (par exemple calcul de la surface d'une ville, du nombre de maisons pour obtenir une densité mais cela repose sur de nombreuses suppositions comme dans le cas de Paris. [...]

[...] Mais, chose intéressante, il donne des chiffres d'après une documentation en général assez fiable. Il amasse ainsi dans son ouvrage différentes statistiques concernant le nombre d'habitants, leurs activités ; il décrit la ville en chiffre. Il donne par exemple : hostia, un hostia étant une maison où habitent plusieurs familles (combien une hostia peu contenir d'habitants 200 églises et chapelles avec 480 autels 120 campaniles renfermant 200 cloches 36 églises dédiées à la Vierge une enceinte avec 6 portes et 10 poternes L'historien Beloche estime ainsi que la ville intra-muros faisait environ 213 ha soit environ 50 maisons/ha Fra Bonvesin compte pour la ville et le contado : hommes dans l'armée 115 paroisses d'au moins 500 familles, voire parfois 1000 familles III. [...]

[...] Article de Pierre Racine : Milan au 13ème siècle : 60000 ou 200000 habitants ? (1984) A propos de l'article Pierre Racine est un des grands spécialistes français de l'histoire de l'Italie médiévale et plus particulièrement des villes italiennes. Cet article est fondamental, non pas pour l'étude de Milan, mais pour l'histoire démographique des villes d'Italie : il y présente une méthode et les enjeux d'une étude périlleuse à réaliser (problème de sources, fiabilité, spéculations, interprétation des chiffres Pierre Racine se livre à un exercice méthodologique fondamental pour l'étude de la démographie médiévale. [...]

[...] On y trouve cependant un collège de juriste notaires médecins chirurgiens copistes (ce qui étonne Bonvesin). Conclusion : Milan est deux fois plus grande que Florence Certains historiens ont comparé Bonvesin au tableau fait pour Florence par Giovanni Villani vers 1330. Les historiens estimèrent donc en comparaison que Milan était deux fois plus grande que Florence ; les chiffres donnés par les deux ouvrages semblent le montrer : au total, les historiens estiment la population de Florence à habitants, le chiffre de pour Milan semble donc vraisemblable. [...]

[...] De plus, Milan fut victime des évènements, la destruction de la ville par les troupes de Frédéric Barberousse vers 1162 ( destruction des archives (le premier registre notarié pas avant 1341 Mais il existe un ouvrage écrit en 1288 par Fra Bonvesin della Riva : le De Magnalibus Urbis Mediloani, un éloge de la ville de Milan, qui rappelle le Miriabilia urbis Romanae. Il y chante les louanges d'une ville (un style antique, mais rare pour l'époque communale). Il faut donc être méfiant à l'égard de cette source. Il glorifie sa ville, les nobles et tous les habitants. [...]