Dans L'an mil, Georges Duby tente une approche intéressante des peurs collectives face au changement du millénaire.
Estimant que « l'histoire de l'an mil est possible », il souhaite aller au-delà et transmettre une vision plus historique que la vision classique. En effet, il n'inscrit pas l'an mil dans une période uniquement sombre, en plein cœur du Moyen Age, qui n'aurait suscité que des peurs collectives.
Il préfère montrer en quoi cette période est une phase de transition pour l'Occident. Il y voit aussi, des racines européennes en voie d'émergence, et cela, à partir des sources nombreuses et détaillées qu'il a récolté.
Il les cite à titre d'exemple justificatif, en ne concentrant pas son travail qu'à l'an mil, mais en extrapolant entre 980 et 1040.
Georges Duby est né à Paris en 1919. Il est l'un des plus brillants médiévistes du XXe siècle. Il souhaite parvenir à une histoire globale en puisant dans des disciplines multiples, respectant ainsi l'École des Annales.
Historien social, il écrit L'an mil en 1974, L'imaginaire du féodalisme en 1978, mettant en avant le système de la société d'ordres, et Le chevalier, la femme et le prêtre en 1981, y abordant essentiellement les stratégies matrimoniales dans l'aristocratie.
Il a également un goût prononcé pour la géographie et devient incontestablement essentiel et révolutionnaire pour l'étude du Moyen Âge.
[...] L'an mil est bien le temps des moines, c'est un vecteur de culture. Face à cette évolution des sources, l'auteur constate également une évolution géographique des sources, donc des centres culturels. L'empire tend alors à se désunir et les lettrés prônent plutôt une unité religieuse du peuple. Duby estime dès lors que pour comprendre cette transition dans l'Histoire, il faut l'aborder sous l'angle des attitudes mentales, et non pas à travers les conditions matérielles. Ainsi, il préfère s'attarder sur l'inattendu qui bouleverse le quotidien. [...]
[...] En effet, il procède, en alternant ses propres idées et les sources, qu'il retranscrit. Il part souvent d'un exemple pour aboutir à une réalité générale de l'époque. Il porte un grand intérêt à l'évolution des représentations mentales, et cela se remarque dans son œuvre. Avis personnel J'ai trouvé la lecture de L'an mil très intéressante, mais assez difficile dans l'ensemble, j'ai donc été obligé de relire quelques passages plusieurs fois afin de bien les comprendre. L'auteur fait une profonde réflexion sur une période assez obscure, que je ne connaissais pas moi- même, et cela prouve tout de même sa qualité d'écrivain. [...]
[...] Duby estime que les représentations mentales s'inventent des peurs grandissantes. Trois raisons justifient en fait que les moines tirent des conclusions morales de l'Histoire. Ils sont d'abord, les intermédiaires entre le peuple et Dieu, des guides ensuite, ils considèrent que le sacrifice est essentiel pour être pardonné de ses péchés et enfin, ils voient la soumission à l'invisible comme nécessaire. Duby souhaite donc mettre en avant l'idée que l'an mil est un univers mental spécifique, de par les représentations existantes. [...]
[...] L'objectif de départ de l'auteur est atteint. Il ne s'est pas limité à décrire les mentalités de l'époque, mais s'est aussi attaché à replacer l'époque dans un contexte historique. Il s'est appuyé sur des exemples précis retraçant bien son but initial qui était de comprendre les représentations mentales qui s'affirment autour de l'an mil. Il nous livre une étude de la pratique militaire au début du XIIIe siècle et nous fait voir comment le sacré, à cette époque, se mêle au profane. [...]
[...] En tout cas, je trouve que Duby est très convaincant et a beaucoup de mérite sur le travail qu'il a effectué pour écrire son livre, car il est d'une précision exemplaire. [...]
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