Un domaine de l'abbaye de Saint-Germain-des-Prés : Neuilly-sur-Eure.

Thèmes abordés

Saint-Germain-des-Prés, Irminon, Neuilly-sur-Eure, Moyen-Age, Abrahil, Abbaye

Résumé du document

Au Moyen Age, on voit apparaître et se diffuser progressivement un esprit d'entreprise par les administrateurs des seigneuries.
La condition paysanne est alors modifiée afin d'améliorer la production et l'abbaye de Saint-Germain-des-Prés particulièrement est mit à profit concernant les ressources naturelles présentes, alliant culture et élevage.
Comment s'organise la vie et la production à Neuilly sur Eure ? Quel apport ce domaine amène-t-il aux campagnes carolingiennes ?

Extraits

[...] On a alors le perfectionnement de l'instrument aratoire, de son attelage et la pratique de plus en plus accrue du labour. On s'attache donc à spécialiser les domaines en fonction des aptitudes naturelles afin d'optimiser la production sur le domaine. On peut déterminer la production, notamment grâce aux polyptyques, dans les charges et les impôts. Ainsi, à Neuilly-sur-Eure, il est produit du vin puisque l'on peut lire qu'il est par exemple fait un charroi en mai et aux vendanges par le tenancier Abrahil et cela fait parti du chevage (impôt par tête). [...]

[...] Les hommes ont le droit de porter les armes et de suivre le chef de guerre. Ils sont des "colons" qui cultivaient la terre d'autrui et détenaient un droit d'usage sur les terres communes (terra francorum). Aux femmes incombaient les travaux du textile ; et aux hommes, outre que les services d'armes et de justice, le travail des champs, le défrichement, la taille des pierres, la construction des maisons et des clôtures /Quelle transformation des campagnes carolingiennes ? L'immense majorité de la population médiévale vit à la campagne et travail dans les champs. [...]

[...] Ces documents ont valeur de preuves authentiques notamment lors de désaccords entre le propriétaire et les tenanciers. C'est aussi un document capital pour l'histoire économique, démographique et onomastique car il permet de nous informer de l'histoire rurale et de la fiscalité à cette période. Les polyptyques auraient également pu servir de registre pour la levée de l'ost (service militaire féodal de tout vassal à son seigneur). Le polyptyque le plus célèbre est celui de Saint-Germain-des-Prés, établi sur l'ordre de l'abbé Irminon. [...]

[...] Même si l'appareillage des paysans progresse (moulins hydrauliques) les méthodes traditionnelles perdurent. Ainsi le métal est encore peu répandu et les outils ne retournent pas assez la terre d'où la nécessité de la rotation des cultures donc de la jachère. Il y a un grand nombre d'exploitations de taille relativement modestes occupées par des tenanciers, c'est-à-dire par des paysans libres et non-libres, plus ou moins dépendant du propriétaire. Les champs et les vignes de la réserve (terres dont les revenus étaient réservés au propriétaire) étaient cultivés partiellement par une main d'œuvre servile qui recevait du maître le gîte et le couvert. [...]

[...] Les techniques de productions étaient si rudimentaires que la subsistance d'une seule famille exigeait une superficie arable démesurée. Le principal problème qui se posait aux administrateurs était par conséquent la main d'œuvre d'où la solution par l'existence de l'esclavage. Les paysans de conditions modestes géraient leurs biens et pouvaient alors être aidés par quelques esclaves. Il y a là la manifestation de la diffusion progressive de l'esprit d'entreprise des administrateurs des seigneuries et d'une volonté de perfectionner le travail de la terre par une spécialisation de la production en fonction des aptitudes naturelles et par le progrès technique (attelage). [...]