Résumé de l'essai sociologique et historique de Jacques Verger : "Les gens de savoir en Europe, à la fin du Moyen-Age". L'auteur cherche à mesurer le poids des disciplines telles que la religion, la littérature dans les sociétés européennes etc. Document Word de 36 pages.
[...] Il ne faut pas opposer droit canonique et civil. Le droit romain est connu par le Code justinien mais pas réellement étudier avant 1100 à Bologne. Irnerius (mort en 1125) compose les 1ers gloses et met au point une réédition en 5 volumes de l'ensemble du Corpus iuris civilis (Code, Digeste, Institutes et Novelles). Dès le 13è il est complété par des décrétales pontificales qui constituent le Corpus iusris canonici. L'uniformité et la prépondérance du droit en Europe s'explique par la supériorité de la lex romaine et l'empreinte pontificale imposée à l'Eglise depuis la réforme grégorienne. [...]
[...] Vers 1400 le prix moyen d'un livre à Paris équivaut à 7 jours de "gages et bourses" d'un notaire et secrétaire du roi. Ainsi la bibliothèque de Nicolas de Baye, greffier du Parlement de Paris en 1419, ne dépasse pas 198 volumes (dont certains acquis par dons ou héritage). D'où la très grande valeur des bibliothèques et du livre symbolisé par la remise d'un exemplaire lors des cérémonies de doctorat. Pour les juristes, les livres ne devaient pas tomber sous le coup de l'impôt. [...]
[...] Savoir et idéologie : Dès le 12è les pvs religieux ou laïcs font appel à la culture et donc aux gens de savoir pour légitimer leur idéologie politique. Dans le Policraticus (1159), Jean de salisbury engage les princes à n'écouter que l'avis des philosophes pour effectuer leur choix et non les dires des courtisans roi ignorant est comme un âne couronné"). Après le schisme de 1378 on voit se multiplier les traités "du schisme", "du concile" ou "du pape". Les rois Plantagenêt et saint Louis utilisèrent une littérature pro- impériale (cf. Gilles de Rome et Jean de Salisbury). [...]
[...] Savoirs légitimes et savoirs marginaux : La culture peut se diviser en deux catégories : - scientiae primitivae : sciences préparatoires (autour des 7 arts libéraux) - sacra pagina : science sacrée (étude des textes révélés en tant que seule finalité valable de l'éducation chrétienne) Toutes les sciences fondées sur le travail manuel, la mécanique, les techniques, toutes sciences profanes ou lucratives étaient considérées comme dégradantes car elles ne faisaient que flatter la "vaine curiosité" de l'homme et par conséquent le détournait de ses obligations religieuses (saint Bernard : "savoir pour savoir n'est que curiosité honteuse"). Sans compter le refus de certains maîtres d'enseigner des matières pratiquées par des "concurrents". Toute science relevant de la langue vernaculaire était exclue et les belles lettres n'avaient qu'une place restreinte. [...]
[...] Seuls les artisans, les ingénieurs et les architectes étaient reconnus. Le chevalier quant à lui pratiquait exercices physiques et entrainement militaire, "écoutait" la littérature courtoise sans la lire et savait la plupart du temps lire et écrire même le latin. L'idéal d'une culture complète ne se retrouva qu'avec les pédagogues humanistes du 16è qui renoueront entre autre avec les aspects affectifs et moraux de l'éducation. La culture économique était quasiment absente chez les élites intellectuelles sauf peut-être dans certaines villes de Toscane et de Flandre où le commerce nécessitait l'apprentissage de notions d'abaque, de comptabilité (ce qui n'est pas le cas de la Hanse germanique). [...]
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