Depuis le XIe siècle, on assiste à une raréfaction des sources écrites. L'emploi de l'écriture se restreignait presque partout au monde très étroit de la haute Eglise. C'est pourquoi, l'œuvre de Suger, Mémoire sur son administration abbatiale, représente un témoignage précieux sur la seigneurie et son fonctionnement au XIIe siècle.
Suger, abbé de Saint-Denis, est né en 1081 dans une famille de paysans aisés, et fût donné comme oblat à l'âge de dix ans. Puis, il devint moine et plus tard abbé en 1122. pendant les cinq premières années de son abbatiat, il réforma l'abbaye pour améliorer l'exploitation de son temporel afin d'en dégager des surplus pour embellir l'église abbatiale. Parallèlement, il s'est hissé au sommet du pouvoir de l'Etat, en devenant conseiller des rois Louis VI et Louis VII. Ce dernier, lui confia même la régence du royaume entre 1147 et 1149, le temps de conduire la deuxième croisade en compagnie d'Aliénor. Suger mourut le 13 janvier 1151.
Suger a laissé plusieurs ouvrage derrière lui ( la Vie du roi Louis Le Gros, Mémoire sur son administration abbatiale…). Les extraits que nous allons étudier sont issus de Mémoire sur son administration abbatiale, qui peut être apparenté à un document de la pratique mais aussi à une œuvre littéraire car elle prend une part active dans son œuvre. Cet ouvrage a été rédigé entre 1144 et 1148, à la demande des frères de l'abbaye. Cette œuvre avait pour but de mettre par écrit les résultats de son activité d'abbé et de sa gestion, afin d'assurer « la mémoire future ». Les extraits étudiés s'intègrent à la première partie ( les vingt-trois premiers chapitres) ; elle s'attache à la gestion domaniale. La deuxième partie comprenant les chapitre vingt-quatre à trente quatre, décrit l'œuvre et l'embellissement et la reconstruction de la basilique, traite de l'acquisition des trésors et de la restauration de meubles et d'objets liturgiques.
Depuis la fin du XIe siècle, on assiste à une renaissance du Moyen-Age caractérisée par un renouveau économique, une augmentation de la population et des améliorations techniques (notamment dans le domaine de l'agriculture). Et, nous observons un nouveau cadre socio-économique dans les campagnes : la seigneurie.
Nous voyons dans cet extrait que Suger reprend en main les domaines de Vaucresson, Guillerval et Rouvray-Saint-Denis. En effet, Suger ces trois seigneuries et repeuple les terres désertes (Vaucresson) pour lutter contre le brigandage. De plus, il augmente le montant des taxes pour assurer les revenus du domaine ( Guillerval). Il rachète même la terre de Guillerval pour mettre fin aux conflits de deux seigneurs qui se la disputaient. En dernier lieu, il évoque son refus de collaborer avec Hugues du Puiset qui a causé de nombreux dégâts a Monerville et à Rouvray-Saint-Denis
Nous nous demanderons donc quels sont les principes et les buts poursuivis par Suger, lorsqu'il met en place son administration ? Et quelles en sont les nouveautés ?
L'analyse de l'organisation territoriale de Suger et de sa fiscalité ainsi que la lutte contre les menaces envers les seigneuries permettrons de répondre à ces questions.
[...] Auparavant, les seigneurs exploitaient les paysans à outrance comme le déplore Suger de la ligne 47 à 49. Ici, cet usage outrancier a même conduit à la destruction du domaine de Rouvray-Saint-Denis par le seigneur du Puiset. Dans cette deuxième partie, on observe que Suger exploite ses domaines au mieux pour avantager son abbaye et mettre en valeur ses terres. Mais il va plus loin, pour en tirer les meilleurs profits il lutte contre les différentes menaces qui affectent ses domaines. La première menace évoquée par Suger est celle des seigneurs, le principal étant Hugues du Puiset. [...]
[...] Ainsi, Suger à tout fait pour protéger et conserver Rouvray-Saint-Denis et même Guillerval : il s'est tout d'abord approprier les terres et il à même refusé un acte de pariage proposé par Hugues du Puiset. Ce type d'acte est une convention de partage de seigneurie entre deux seigneurs, généralement un ecclésiastique et un laïc. Le pariage ou paréage fût un moyen d'aliénation à la couronne de nombreuses terres. Le refus de Suger montre sa détermination à protéger le domaine et à en tirer profit. [...]
[...] C'est pourquoi, l'œuvre de Suger, Mémoire sur son administration abbatiale, représente un témoignage précieux sur la seigneurie et son fonctionnement au XIIe siècle. Suger, abbé de Saint-Denis, est né en 1081 dans une famille de paysans aisés, et fût donné comme oblat à l'âge de dix ans. Puis, il devint moine et plus tard abbé en 1122. Pendant les cinq premières années de son abbatiat, il réforma l'abbaye pour améliorer l'exploitation de son temporel afin d'en dégager des surplus pour embellir l'église abbatiale. [...]
[...] Le brigandage est donc constitué de vols perpétrés par des bandes armées. Le brigand incarne l'une des grandes peurs du Moyen-Age car les vols s'accompagnaient souvent de violences diverses. Suger emploie deux moyens de protection contre ce phénomène. Tout d'abord, la villeneuve comme à Vaucresson (ligne 1 à 10). En effet, à partir du XIe siècle, la villeneuve est un excellent moyen de sécurisation car elle peuple les lieux déserts repères de brigands. Les villeneuves permettent de renforcer la sécurité des routes en peuplant les forêts qu'elles traversaient. [...]
[...] En effet, lors de son règne au début du VIIe siècle, Dagobert fit la fortune du sanctuaire de Saint-Denis (grande croix, trône de bronze, enrichissement du trésor). De plus, il fit des dotations foncières, exempta le domaine de tonlieux. Suger veut donc marquer le contraste entre la situation fastueuse de l'abbaye sous la dynastie mérovingienne et la situation à la fin du XIe et au début du XIIe qui, selon lui, est désastreuse. Ceci apporte donc une légitimité à l'augmentation des taxes qu'il entreprend. Notons qu'au XIIe siècle, les seigneurs ont bien vu que les villeneuves sont l'occasion d'augmenter leurs revenus. [...]
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