Depuis que les Vénitiens se sont établis dans des colonies du Levant, ils ont développé des relations commerciales avec les communautés musulmanes des régions voisines, telles Acre, Damas ou Alep. Les colonies marchandes vénitiennes sont devenues de véritables entrepôts pour les marchandises venues d'Europe et les produits qui étaient exportés d'Orient en Occident. Après les conquêtes de Saladin, quand l'essentiel de la Syrie est passée sous domination ayyoubide, Venise a obtenu des privilèges commerciaux pour la première fois. Il semble évident que Venise ne souhaitait pas limiter ses activités commerciales aux seuls vestiges des Etats croisés. Elle voulait également sécuriser ses intérêts sur le long terme. Ainsi, la politique d'échange de Venise a pris une nouvelle dimension. Pendant toute la première moitié du XIIIe siècle, les marchands vénitiens pénètrent de plus en plus dans les territoires musulmans. Ceci a été possible grâce aux privilèges obtenus des successeurs de Saladin, aussi bien en Egypte qu'en Syrie, à partir de 1208. Pourtant, dans les années qui ont suivi la Cinquième Croisade (1217-1221), les relations commerciales apparaissent comme rompues du fait de l'interdiction d'échanger avec l'Egypte. C'est avec l'arrivée au pouvoir du Doge Giacomo Tiepolo, en 1229, que le commerce régulier a repris. Ainsi, de nombreux privilèges ont de nouveau été concédés par les autorités ayyoubides locales de Syrie, en l'occurrence, le sultan d'Alep. Les intérêts commerciaux de Venise dans cette zone étaient de fait sécurisés.
[...] C'est précisément ce qu'octroie le sultan d'Alep aux Vénitiens. De fait, les concessions foncières ont une importance cruciale : elles servent d'assise aux communautés marchandes italiennes. Elles débutent au XIIe siècle avec le cas à Antioche en 1098 en faveur des Génois. Au départ, elle se limite à une simple rue, puis s'étendent jusqu'à devenir des quartiers entiers, parfois même le tiers d'une ville. Dans ce traité, le sultan d'Alep accorde à Venise un fondaco pour leur hébergement au Pont (l. [...]
[...] Les intérêts commerciaux de Venise dans cette zone étaient de fait sécurisés. C'est pourquoi nous étudierons dans un premier temps la concession du traité, puis l'établissement des Vénitiens dans la ville et enfin, les relations entre les Vénitiens et le sultanat d'Alep. La concession d'un traité entre deux puissances, l'une musulmane et l'autre non, n'a rien d'anodin, elle résulte de réflexions politiques intenses et s'inscrit dans le strict encadrement du droit. Dans ce traité, le sultan d'Alep commence par assurer la sécurité aux marchands Vénitiens (l. [...]
[...] Sur le coton, en revanche, le traité ne précise pas de taux puisqu'il établit que les marchands s'acquitte[nt] en fonction de la charge (l. c'est-à- dire que la taxe est calculée sur la valeur des importations et des exportations. Sur les importations, le traité met en évidence que les Vénitiens bénéficient d'une exemption partielle : remise d'un dirham sur la charge d'une bête de somme sur laquelle ils avaient coutume d'en donner cinq (l. il s'agit en fait de redevances, de droits de douane, plus exactement, auxquels sont soumises toutes les marchandises importées : de toutes les marchandises qu'ils apporteront avec eux de Venise (l. [...]
[...] F. Menant, L'Italie des Communes (1100-1350), Belin, Paris p. Collectif d'auteurs, El mediterraneo medieval y renacentista, espacio de mercados y culturas, Ediciones Universidad de Navarra, Pamplona p. [...]
[...] 15-16), il convient de préciser que ce prélèvement est relativement bas dans la mesure où, en moyenne, le taux demandé aux marchands latins s'élève à 10% et, à titre de comparaison, le traité signé entre Venise et Alep en 1207-1208 prévoyait un taux de 12%. Ce taux de est équivalent à celui qui est demandé aux marchands dans la principauté d'Antioche. Les marchands vénitiens n'obtiendront jamais des exemptions totales de droit, comme ils en reçoivent dans les Etats latins d'Orient ou dans l'empire byzantin, sauf dans le sultanat de Konya qui leur accorde un taux général de et un exemption totale sur certains produits. [...]
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