Testament d'Ermentrude, riche propriétaire, Ile-de-France mérovingienne, société mérovingienne, domaine viticole, propriété foncière, esclaves, héritage, donations, édit de Clothaire II, charité, commentaire de texte
De nos jours, nous disposons d'une quarantaine de testaments datant de l'époque mérovingienne. Leur connaissance nous est rendue possible soit par la conservation du texte en lui-même, c'est le cas pour une douzaine d'entre eux. Soit parce qu'une autre source en fait mention, c'est le cas pour celui que nous avons à étudier, qui s'avère être le plus ancien testament mérovingien conservé par une copie contemporaine. Il s'agit de celui d'Ermentrude. Ce dernier nous est présenté sur le recto d'un papyrus, dont le verso a permis la transcription d'une confirmation erronée à l'intention de l'abbaye de Saint-Denis par le Pape Zacharie.
Bien que la plupart des testaments examinés nous soient parvenus dans leur intégralité, ce n'est pas le cas pour celui d'Ermentrude.
[...] 130 Barbier J., « Testaments et pratique testamentaire dans le royaume franc (Ve-VIIe siècles) », In : Sauver son âme et se perpétuer, pp. 63-79, 2005. [...]
[...] Région qui apparaît ici, comme une région d'élevage, mais aussi de la culture de la vigne. De plus, on y voit qu'une riche propriétaire, appartenant donc à la sphère de la haute société, contribue à l'enrichissement de l'Église en réalisant des donations, permettant ensuite l'entretien des basiliques et aussi dans une mesure plus personnelle, l'accès au repos éternel. L'intention de la rédaction de son testament peut donc se définir de différentes manières. Puisque le chrétien le rédige pour ne pas mourir intestat, mais également afin de faire activement son salut. [...]
[...] Au-delà de toutes ses possessions matérielles, il faut également rajouter le nombre important d'esclaves qu'elle lègue. B. Des héritiers choisis dans le cercle familial et religieux Grâce à l'édit de Clotaire II de 614, une personne qui décédait sans avoir rédigé son testament pouvait tout de même léguer ses biens à ses proches « sans opposition des juges ». Cependant, rédiger sa succession permettait d'écarter un quelconque risque, c'est en tout cas ce que l'on comprend des premières lignes « Si tu conserves intact tout ce que j'ai insèré dans ce testament, que tout ce que je t'ai lègué plus haut reste dans ton droit définitivement. ». [...]
[...] L'accession au Salut pour une mère et son fils L'ensemble de ces legs, en faveur de plusieurs églises et basiliques de la région parisienne, est réalisé afin de garantir le salut de son âme, ainsi que celle de son fils Deorovaldus décédé comme nous l'en apprennent les lignes 39 et 40 « en raison de ma dévotion et du repos de Deorovaldus » « où repose mon fils Deorovaldus ». Le salut de l'âme est plus qu'essentiel au Moyen Âge. C'est pourquoi Ermentrude veille, dans son testament, à y accéder « pour le salut de mon amé » l.43 et 50 « pour le repos de son amé » l.54 « pour le repos de Deorovaldus » l.63. De plus, la démarche d'offrir ses biens est une pratique commune à cette époque. La théorie du don/contre-don qui sera développé dans les années 1920, par Marcel Mauss, notamment dans so&nEssai sur le don. [...]
[...] Rédiger son testament permet, au Moyen Âge, d'organiser ses affaires tant dans le domaine spirituel que dans celui physique. C'est le moyen de se survivre par la légation de ses biens à ses héritiers. Mais c'est également prévoir les éventuels litiges patrimoniaux liés à son absence en arrangeant ses relations avec sa parentèle. De plus, il s'agirait dès le VIe siècle, d'un réflexe en cas de mort dans un avenir proche, loin de son domicile ou d'un changement inopiné dans la sphère familiale. [...]
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