Le 10e siècle est marqué par le début d'une croissance sans précédents. Il s'agit là d'une croissance économique mais également d'une croissance démographique. En effet, l'amélioration des conditions climatiques et les progrès des techniques agricoles permettent de nourrir une population plus nombreuse. De plus, celle-ci est beaucoup moins décimée par les graves crises de subsistance (famines et épidémies) qui se font plus rares. Ainsi, on pense qu'en France la population a triplé entre l'an mille et le 13e siècle. Cette forte augmentation de la population a engendré l'élargissement des zones d'habitation et de culture, ce que nous verrons dans les trois textes étudiés ici. Ce mouvement dont l'apogée se situe au 12e siècle est appelé par les historiens : les grands défrichements.
Les deux premiers textes sont deux extraits du Liber de rebus in administration sua gestis composé en 1145 par l'abbé Suger à la demande de ses moines. Cet ouvrage retrace l'administration et la gestion des domaines appartenant à l'abbaye de Saint-Denis, ainsi que les travaux d'embellissements et de reconstruction de la basilique.
Le troisième texte est une charte de fondation ou charte de coutume dans laquelle sont énumérées les conditions auxquelles devront se plier les hôtes de la nouvelle ville appelée Vaucresson. Cette charte est extraite du cartulaire de Saint-Denis, recueil d'actes et de documents concernant l'abbaye et ses domaines.
Ces trois textes ont été écrits par Suger, abbé de Saint-Denis. Suger est né en 1081 et mort en 1151. Donné comme oblat en 1091 à l'abbaye, il passe dix ans à l'école du prieuré de l'Estrée, ou il fera connaissance avec le jeune Louis 6, recevant comme lui l'éducation des moines. Il poursuit son parcours dans une abbaye du centre de la France puis revient en 1106. Il se voit confier plusieurs missions par son abbaye dont la charge d'administrer Toury pendant quelques années. Le 12 mars 1122, il est élu abbé après la mort de son « maître » Adam. Abbé réformateur, il rétablit l'observance de la règle bénédictine, réglemente la vie spirituelle et la liturgie, entreprend les premiers travaux d'agrandissement des bâtiments claustaux et de l'église. Enfin il réorganise les domaines et l'administration. Parallèlement, Suger participe étroitement au gouvernement à partir de l'avènement de Louis 6. A sa mort en 1137, il devient tuteur et conseiller du jeune Louis 7 et mène une politique de paix et de réconciliation avec les grands vassaux. En 1146, le roi part en croisade et le nomme régent du royaume.
Dans le contexte des grands défrichements qui s'opèrent au 12e siècle, Suger tente ici de valoriser les domaines de Rouvray et de Vaucresson qui appartiennent à l'abbaye de Saint-Denis. Pour cela il réorganise totalement ces terres auparavant infructueuses, ce qui permet d'en augmenter les revenus.
[...] Comme lui de nombreux établissements ecclésiastiques se sont lancés dans cette aventure mais les grands artisans du défrichement n'ont pas été les moines. Dans la plupart des cas, ils menaient une existence de type seigneuriale et donc oisive. Ils attendaient qu'on leur donne en aumône de la terre toute faite, toute munie du personnel nécessaire à sa mise en valeur. Ils ne se souciaient nullement de défricher. Seuls les nouveaux ordres religieux plus soucieux de l'ascétisme, à la fin du 11e siècle, décidèrent de s'établir dans la solitude donc au milieu des friches. [...]
[...] Dans les régions ou les petites exploitations produisaient du vin, elles en fournissaient aussi. Elles devaient parfois également porter du chanvre ou d'autres menus produits du jardinage. Comme ses ancêtres le seigneur du Puiset a donc prélevé la taille prélèvement effectué par le seigneur sur la totalité des roturiers dont il assurait la protection ; cet impôt était fixé par la coutume et était par conséquent totalement arbitraire. De plus, Hugues a prélevé des redevances excessives sur les porcs, les brebis, les agneaux, les oies, les poules et les chapons et a volé tout le bois qui pouvait pousser sur les terres. [...]
[...] Suger avait donc tout à gagner en peuplant ce domaine. Puisque chaque hôte devait à l'abbaye douze denier de cens pour sa parcelle de terrain, et que Suger avait attiré sur ces terres presque soixante hôtes nous pouvons en conclure que le domaine rapportait au moins 720 deniers par an, plus la dîme novale c'est à dire appliquée aux terres nouvellement cultivées, qui variait selon les récoltes puisqu'elle représentait en général un dixième des récoltes. Un autre revenu est mentionné dans le texte, celui des amendes vulgales fixées à 10 nummos. [...]
[...] Comme nous l'avons vu précédemment ces terres étaient en effet proches des forêts ou se cachaient les brigands et soumises aux exactions du seigneur voisin, Hugues du Puiset, sorti de prison depuis peu. Il fallait donc protéger les terres et les paysans qui viendraient bientôt s'y installer. De plus, il a fallu redonner un cadre seigneurial à toutes ces terres. Il est fait référence à la construction d'une cour : Nous édifiâmes une cour 11). La cour était le centre de l'exploitation agricole, c'est là que les paysans y apportaient leurs redevances. Elle symbolise le pouvoir seigneurial. [...]
[...] Suger et les défrichements en région parisienne Introduction Le 10e siècle est marqué par le début d'une croissance sans précédents. Il s'agit là d'une croissance économique mais également d'une croissance démographique. En effet, l'amélioration des conditions climatiques et les progrès des techniques agricoles permettent de nourrir une population plus nombreuse. De plus, celle-ci est beaucoup moins décimée par les graves crises de subsistance (famines et épidémies) qui se font plus rares. Ainsi, on pense qu'en France la population a triplé entre l'an mille et le 13e siècle. [...]
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