Maghreb, Empire musulman, refuge, califat fatimide, califat omeyyade, califat abbasside, Géographie et géopolitique, conquête islamique, laboratoire politique, confrontation politique, confrontation religieuse, population persécutée, kharidjisme
Le Maghreb, zone géographique de l'Occident islamique s'étendant entre la mer Méditerranée, l'Égypte et la bande sahélienne, est un espace de l'Empire musulman qui a été conquis tardivement et lentement, entre 640 et 710. Son nom lui-même vient avec la conquête islamique : Maghrib regroupant l'Ifriqiya, l'Ifriqush et le Maghrib al Aqsa. De même, la population sur place est nommée uniformément lors de la conquête sous le nom de Berbères, créant ainsi une forme d'unité entre les différents peuples vivant dans cet espace. Néanmoins, cette unité va aussi permettre à cette région de devenir un lieu de contestation de la conquête islamique et surtout des pouvoirs en place. C'est notamment grâce à cette unité que les révoltes berbères entre 739 et 742 contre le califat omeyyade vont grandement contribuer à la chute de ce dernier en 750. À cette date, c'est le califat abbasside de Bagdad qui va alors prendre le pouvoir en terre d'Islam, jusqu'en 1258. Même si les deux premiers siècles du califat abbasside sont considérés comme l'âge d'or de l'Islam et la période de recentralisation du pouvoir, le Maghreb reste une zone périphérique de confrontation politique et religieuse et d'émergence de formes inédites de gouvernement concurrent.
[...] De plus, ils parviennent à trouver des adhérents au Maghreb, les Berbères qui sont exclus de l'administration abbasside et qui sont réceptifs à une nouveauté politique comme religieuse. Le maintien d'une certaine présence dans le gouvernement Néanmoins, les Abbassides sont conscients de la nécessité de maitriser l'Ifriqiya face au reste du Maghreb indépendant et tentent alors de maintenir une certaine autorité sur le territoire par l'envoi de forces armées, le Jund pour soutenir les Muhallabides face à ses nouvelles puissances. [...]
[...] Tout d'abord, plusieurs imamats kharijites émergent au VIIIe siècle au Maghreb, s'appuyant sur les mécontentements de la population locale, les Berbères, vis-à-vis des Omeyyades, comme les Banu Ifren à partir de 742 autour de Tlemcen, mais surtout vis-à-vis de la reconduction du système califal inégalitaire par les Abbassides en dépit de leurs promesses. C'est ainsi qu'émergent de nouvelles puissances après leur avènement, les Bani Midar en 758 autour de Sijilmasa, mais surtout en 777 les Rustumides autour de Tahert. Celles-ci ont vu dans le Maghreb un refuge loin de Bagdad où ils étaient persécutés, particulièrement le persan `Abd al-Rahman b. Rustam ayant participé aux révoltes de 750 et 761, mais aussi l'endroit où elles seraient capables de mettre en place des entités politiques répondant au mécontentement contre les Abbassides au Maghreb. [...]
[...] Comment le statut de refuge et de laboratoire politique du Maghreb met-il en évidence la relation du califat abbasside avec cette région, mais aussi et surtout avec les minorités de son Empire, de son avènement porteur de promesses à celui d'un califat concurrent ? Le Maghreb, périphérie de l'Empire, est un lieu de rencontre entre les populations persécutées par celui-ci, ambitionnant de créer un meilleur gouvernement, et les populations délaissées par celui-ci, désireux d'inclusion sur lequel il essaie cependant de maintenir une certaine présence qui ne suffit pas à contrer l'émergence d'un califat concurrent (III). [...]
[...] Ainsi, les Aghlabides répondent aux besoins des Abbassides, en arabisant et islamisant la région et en exportant le modèle administratif oriental au Maghreb tout en ajoutant une armée et une flotte en ordre et en marche, importantes pour contrer la menace kharijite, les révoltes internes, mais aussi pour mener un Jihad légitimateur contre les Byzantins. Émergence d'un califat concurrent Cependant, cela ne permet que de réprimer les contestations, mais pas d'apaiser les mécontentements des populations. Ainsi, comme le montre la création de la ville d'Al-Abbassiyya pour s'éloigner des foules pouvant renverser le pouvoir, la solution Aghlabide n'est qu'une solution de surface répressive et non pas un réel apaisement de fond des revendications ifriqiyenne. [...]
[...] À la fin du IXe siècle, il est même le berceau d'une forme inédite de contre-pouvoir, un califat chiite concurrent s'imposant en 909. Néanmoins, le Maghreb était, avant 750, déjà un lieu de contestation du califat omeyyade et, après 909, continu d'être le foyer de nombreuses révolutions contre le califat fatimide. Ainsi, il apparait intéressant d'étudier les spécificités du contexte géographique, politique, social ou encore religieux du Maghreb et des Berbères ainsi que leur place dans les gouvernements califaux impériaux, pour interroger sa relation contestataire chronique avec ces derniers. [...]
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