L'intérêt des historiens pour l'irrationnel et la superstition au Moyen Âge n'est pas nouveau. Les exercices de synthèse et les études régionales viennent grossir chaque année l'immense production historique consacrée à la sorcellerie, autrement dit à l'univers des mentalités et des représentations médiévales. Si la superstition intrigue autant les historiens, c'est sans doute parce qu'elle véhicule des modes de représentation inédits, a priori hors de portée des événements matériels et des explications mécaniques. L'étude de la sorcellerie échapperait ainsi aux grilles de lecture traditionnelles de l'histoire, réduites par exemple aux événements politiques ou aux grandes lois économiques.
La superstition nous fait pénétrer dans un monde supra-empirique, mouvant, insaisissable, qui fait appel aux croyances de l'époque, aux systèmes symboliques et aux principes surnaturels qui les accompagnent. Elle explore l'imaginaire collectif des sociétés comme celui plus privé des individus. Bref, la sorcellerie permet de familiariser l'historien du XXIe siècle avec des modes de compréhension éloignés de plusieurs siècles, pour mieux comprendre le « Temps des Cathédrales » et le comportement de ses contemporains.
Faussés par les clichés sur l'Inquisition ou les assemblées sabbatiques, les rapports entre sorcellerie, Église et orthodoxie religieuse sont trop souvent pensés en termes de conflits ou d'opposition. Ces deux concepts partagent pourtant de nombreux points de convergence, d'où l'apport nécessaire d'une vision novatrice de leurs relations.
[...] Chartier, J. Revel, La nouvelle histoire, Bruxelles, Editions Complexe SCOTT Walter, Letters on Demonology and Witchcraft, Londres Senefiance, Le Diable au Moyen Âge Aix-en-Provence SOMAN Alfred., Sorcellerie et justice criminelle. Le Parlement de Paris (XVIe et XVIIIe siècles), Hampshire-Brookfield, Variorum SOUTHERN Richard William, L'Église et la société dans l'Occident médiéval, Paris, Champs Flammarion SUTTO Claude (dir.), Le sentiment de la mort au Moyen Âge. Etudes présentées au Ve colloque de l'Institut d'études médiévales de l'Université de Montréal, L'Aurore TEXIER Pascal, Du Pacte de Théophile au pacte de sorcier L'Histoire des faits de la sorcellerie. [...]
[...] Leurs figures à la fin du Moyen Âge, Paris, Beauchesne p. 96-110. ELIADE Mircea, Occultisme, sorcellerie et modes culturelles, Paris, Gallimard ESMEIN Adhémar, Histoire de la procédure criminelle en France et spécialement de la procédure inquisitoire depuis le XIIIe siècle jusqu'à nos jours, Paris, L. Larose et Forcel FARGE Arlette, Les marginaux et les exclus dans l'histoire, Paris, U. G. E FAVREAU Robert, La sorcellerie en Poitou à la fin du Moyen Âge dans Bulletin de la Société des Antiquaires de l'Ouest, 4e série, XV, années 1977-1978, Poitiers p. [...]
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[...] La sorcellerie, les sorciers et les sorcières ont-ils vraiment existé au Moyen Âge ? Oui, et la question ne fait plus aucun doute chez les historiens médiévistes ou modernistes. C'est même une pratique attestée depuis l'Antiquité. Toutefois, il faut s'entendre sur la conception que l'on se fait du sorcier. Le sorcier est bel et bien un acteur historique si l'on entend par là un individu qui a recours à des pratiques, des rites, des prières illicites destinées ou non à un charisme supérieur, en vue de modifier le déroulement ordinaire du quotidien. [...]
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