Au Moyen Age, l'individu n'est jamais un homme seul. Il s'insère toujours dans un groupe de personnes qui lui fournit appui et soutien. La société contractuelle se compose ainsi d'individus liés entre eux par une relation qui implique protection et assistance mutuelle. Cette relation s'apparente dès lors généralement à une alliance entre parents, amis ou compagnons. La noblesse joue un rôle prédominant dans la société contractuelle dans la mesure où elle dispose des ressources et du prestige nécessaires pour constituer des clientèles. De surcroît, les liens qui unissent traditionnellement les membres de l'aristocratie restent forts : il s'agit de la parenté et de la féodalité. Les XIVe et XVe siècles voient se développer de nouvelles formes de relations fondées sur le contrat, qui placent désormais les liens féodaux-vassaliques au second plan. En effet, le recul provisoire du pouvoir royal pendant la guerre de Cent Ans favorise le développement des velléités princières et les luttes pour contrôler le pouvoir central, ce qui incite les grands à nouer de nouveaux liens avec la noblesse pour constituer des clientèles.
Dès lors, dans quelle mesure la société contractuelle à la fin du Moyen Age (XIVe-XVe siècles) se caractérise-t-elle en France par l'avènement et le développement de nouvelles formes d'alliances, plus ou moins subversives pour l'autorité royale ?
[...] C'est sur ses terres, à Gien, que l'alliance des princes orléanais prend corps : le 15 avril 1410, une ligue est créée, en vertu d'un traité d'alliance solennellement juré par tous les princes présents : Jean de Berry, Jean de Bretagne, Charles d'Orléans, Jean, comte d'Alençon, Jean de Bourbon, comte de Clermont, et Bernard, comte d'Armagnac. Parallèlement à cette ligue militaire dirigée contre un adversaire commun, les liens du sang viennent cimenter l'alliance : Charles d'Orléans épousera Bonne d'Armagnac, fille du comte Bernard et petite-fille du duc de Berry. III. La société contractuelle à la fin du Moyen-Age : menace et tentative de déstabilisation de l'autorite royale ou appui pour le roi et l'unité du royaume ? 1. [...]
[...] Cette alliance ainsi scellée crée amour et amitié entre les partenaires. Elle fonde donc une forte solidarité qui se développe entre des égaux, ou entre un supérieur et un inférieur. Dans ce dernier cas, l'inférieur peut entrer au service d'un puissant et porter sa livrée, c'est-à-dire les couleurs de sa maison, et défendre sa devise. Le forme que prennent ces nouveaux liens n'est donc pas sans rappeler l'endenture employée dans l'armée anglaise, elle aussi contractuelle. L'emploi des endentures se généralisa très vite dans les premières années des hostilités, au point que les armées en France, pendant toute la guerre de Cent Ans, ont été essentiellement des armées contractuelles. [...]
[...] Ces recrutements ont pour base le contrat de retenue, l'alliance, la pension ou le simple don. C'est ainsi que le duc Louis d'Orléans aurait scellé une trentaine de pactes dans les zones traditionnellement bourguignonnes de l'Empire. Il était donc nécessaire de s'appuyer sur des réseaux de solidarités, constitués par des amis charnels des alliés, des aidants par opposition aux ennemis aux haineux Les fidélités acquises se traduisent en appui militaire, en terme d'hommes d'armes, de châteaux, en appui politique en terme d'influence au Parlement, à la Chambre des comptes, dans l'entourage du roi. [...]
[...] Après le meurtre du duc d'Orléans, le jeu des alliances et les liens de parenté qu'organise la société contractuelle précipitent donc le déclenchement de la guerre civile. Et la guerre civile accroît l'importance des différentes formes de solidarités dans chacun des deux camps La noblesse, relais du pouvoir princier : constitution de clientèles pendant la guerre civile Le pouvoir royal est affaibli par la guerre civile et le conflit contre les Anglais. Les princes cherchent à se rallier un maximum d' amitiés pour contrôler les offices royaux. [...]
[...] Ce sont des rapports de parenté par le sang et par mariage. Par exemple, le duc de Bourgogne, Philippe Le Hardi, pratique une politique systématique de mariages pour resserrer les liens avec le roi Charles VI. Sa petite-fille Marguerite de Bourgogne épouse le dauphin Louis de Guyenne, et son petit-fils, appelé à devenir duc de Bourgogne, Philippe le Bon, épouse Michelle de France, une fille du roi de France. En principe, des liens de féodalité unissent aussi les princes au roi. [...]
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