Jusqu'au XIIe siècle, l'enseignement supérieur dans l'Europe chrétienne s'effectue dans des écoles attachées à des cathédrales ou à des monastères. Au cours du XIIe siècle, les écoles urbaines prennent le pas de manière décisive sur les écoles monastiques. Issus des écoles épiscopales, les nouveaux centres urbains s'en affranchissent par le recrutement de leurs maîtres et de leurs élèves, par leurs programmes et leurs méthodes.
La faculté ès-Arts, faculté inférieure, est le passage obligé pour accéder aux trois facultés supérieures : médecine, droit canon (ou décret) et théologie qui assure la renommée de l'Université dans toute l'Europe. La progression dans le cursus universitaire est assurée dans chaque faculté par le passage des grades, de bachelier, en passant par la licence, la maîtrise et le doctorat.
Favorisée par les rois et la papauté, l'Université de Paris bénéficie de statuts particuliers et de privilèges. En 1200, une charte de Philippe II Auguste soustrait les gens d'étude à l'autorité du prévôt de Paris. Robert de Courçon, légat du pape Innocent III, établit les premiers statuts de l'Université en 1215 et l'autonomie lui est reconnue en 1231 par la bulle papale Parens Scientiarum. Cette favorisation du studium generale de Paris lui permet d'obtenir aux XIII° et XIV° siècles un rayonnement extraordinaire.
Afin de mieux saisir l'extraordinaire vitalité de cette institution aux XIIIe et XIVe siècles, on peut s'interroger sur les « moments » qui rythment la vie de l'Université. Le moment fort du serment que doit jurer le bachelier ès-Arts au recteur de l'Université, avant d'être admis aux fonctions professorales de la maîtrise ès-Arts donne un aperçu de l'organisation des études supérieures au XIII°e siècle.
Ce serment, exigé pendant les années 1280 est révélateur des tensions et enjeux qui structurent l'Université. En ce sens, étudier ce serment des bacheliers ès-Arts, disponible dans le Chartularium Universitatis Parisiensis, permet de rendre compte de la manière dont les maîtres parisiens voient l'institution à laquelle ils sont en train de donner naissance.
[...] Cette remarque vaut d'autant plus pour les artiens On compte en effet dans leurs membres beaucoup de clercs turbulents à cause de leur jeunesse. Parmi eux se recrutent notamment les goliards sorte d'étudiants vagabonds errant d'université en université. A l'inverse, dans les facultés supérieures, la gravité est de rigueur. Toujours est-il que, depuis la charte de Philippe Auguste en 1200, les gens d'études sont soustraits à l'autorité du prévôt, qui a l'obligation en cas de confrontation de les remettre sans attendre aux autorités de l'Eglise. C. [...]
[...] Le débat dépasse d'ailleurs le milieu universitaire, à tel point que Saint-Louis y est mêlé. Cette confrontation orageuse se termine par la victoire des Mendiants et par la confirmation de leurs privilèges universitaires. En 1292, le pape Nicolas IV, afin de clore le débat, octroie à l'Université de Paris la licencia ubique docendi, licence d'enseigner valable dans toute la Chrétienté. Dans les années 1280, le combat est presque désespéré pour les maîtres séculiers, ce qui ne les empêche pas de lutter farouchement, comme le montre cet article du serment : vous n'admettez aucun religieux, de quelque ordre que ce ne soit à aucun examen baccalauréat ou licence et vous n'assisterez ni à son entrée en maîtrise, ni à son baccalauréat B. [...]
[...] Dans la mesure où cette organisation est basée sur le principe de la caritas amour spirituel, il existe une très forte cohésion entre ses membres. Révélateur de cette cohésion est l'injonction qui est faite aux impétrants lors de leur serment : Vous assisterez aux enterrements des universitaires les jours fériés, si vous en êtes informés ; les autres jours, sur convocation dans les formes habituelles, vous commenterez les psaumes pour la mort d'un maitre titulaire ou vous les ferez commenter Mais plus que de cohésion entre ses membres, l'Université fait preuve d'un véritable amour du secret et d'un esprit indépendant, comme le montre cet article : vous ne révélerez pas les secrets de l'Université Article révélateur de la conscience que l'Université a d'elle-même, il fait allusion à la cérémonie de collation des grades dont les délibérations devaient rester secrètes. [...]
[...] Le serment des bacheliers ès-Arts à l'Université de Paris au XIIIe siècle Introduction Jusqu'au XII° siècle, l'enseignement supérieur dans l'Europe chrétienne s'effectue dans des écoles attachées à des cathédrales ou à des monastères. Au cours du XII° siècle, les écoles urbaines prennent le pas de manière décisive sur les écoles monastiques. Issus des écoles épiscopales, les nouveaux centres urbains s'en affranchissent par le recrutement de leurs maîtres et de leurs élèves, par leurs programmes et leurs méthodes. Ainsi, à Paris, des écoles de logique et de théologie se développent autour de Notre Dame et sur la montagne Sainte-Geneviève. [...]
[...] On dispose même par ailleurs de la date de l'édiction de ce règlement, le 19 octobre 1279. Cet article montre bien la nécessité pour la Faculté ès-Arts, faculté inférieure, d'adopter un profil bas face au mépris des Facultés supérieures, mépris résultant pour une part des condamnations dont elle a récemment fait l'objet en 1277. En effet, la faculté ès-Arts et plus largement l'Université de Paris doivent faire face à la fin du XIII° siècle à de multiples difficultés. Il s'agit de s'en faire l'écho dans une seconde partie. [...]
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