Louis IX, qui tient dans nos livres d'histoire une place prépondérante parmi les rois de France, a et est toujours dans une certaine mesure l'objet de fantasmes et d'allégations parfois fantaisistes du fait de sa supposée sainteté. Ce souverain en effet a accompli de grandes œuvres qui ont contribué à faire du royaume de France une des grandes puissances dominantes de l'Europe pendant des siècles. En outre, sa foi et sa dévotion à l'Église ne font que peu de doute.
Louis IX eut la possibilité de passer pour saint aux yeux de l'Eglise et de l'histoire du fait notamment de ses qualités chrétiennes. Louis IX, roi très pieux, le fut en grande partie de par l'éducation prodiguée par sa mère, Blanche de Castille, personnage qui restera jusqu'à sa mort dans l'ombre du roi.
Cependant, il faut s'interroger sur la vraie nature d'un souverain trop souvent grimé des artifices de l'intégrité, de la justice et de la sainteté. Le vrai visage de Louis IX est-il réellement fidèle à celui du parfait chevalier-chrétien, du roi rendant une justice équitable sous son chêne de Vincennes, du souverain pieu méconnaissant l'intransigeance dont la religion est trop souvent teintée ? C'est la question à laquelle nous allons tenter de répondre ici.
[...] Louis IX, dans les pas de l'Eglise, considérait les hérétiques comme les pires ennemis de la Chrétienté. Il avait promis de poursuivre les hérétiques et de se faire le bras séculier de l'Eglise à leur encontre, en application d'un canon du quatrième concile de Latran de 1215. Il les considérait comme les ennemis de la foi chrétienne donc, il basa son action sur trois principes fondamentaux pour lui : ils polluent le royaume de France qui doit en être purifié, il n'y a pas de choix face à ces mauvaises personnes autre que la conversion ou l'expulsion, et enfin il faut éviter tout contact et toute discussion avec eux. [...]
[...] L'image du saint roi ne fait pas l'unanimité, et les attentes du Peuple et des laïcs ne sont pas entièrement remplies sous son règne. Les documents qui sont parvenus jusqu'à nous insistent grandement sur l'admiration, voire la vénération dont Louis IX faisait l'objet de son temps, que ce soit par son entourage, ses sujets, et une très grande partie de la Chrétienté (on lui trouve du respect même dans le monde musulman). Cependant, force est de constater que le saint roi n'était pas épargné par les critiques qui fusaient que ce soit sur sa pratique religieuse ou encore sur sa politique, grandement inspirée par la première. [...]
[...] La question de la sainteté du roi, ailleurs que dans les textes officiels et les discours des ecclésiastiques, doit être posée, par l'exploration de la face sombre du souverain, qui est bien occultée par l'histoire officielle. III/ Un saint en question La face plus sombre de la sainteté de Louis IX Louis IX fût reconnu pour sa grande dévotion, certes, mais celle-ci n'était pas forcément sans excéder par moment ses contemporains. Son entourage s'irrite souvent de ses pratiques de dévotion parfois insupportables. [...]
[...] L'image du roi justicier est parfois remise en question. La rigueur excessive, voire l'intransigeance et même la cruauté dont il fait preuve pour les auteurs de certains crimes ont fait date : Les mesures prises à l'encontre des juifs, des hérétiques, condamnés à être brûlés vifs, ou encore les blasphémateurs à qui il faisait percer la langue au fer rouge, etc. Joinville raconte qu'en 1251, alors en Palestine, Louis IX ordonna qu'on fasse mettre au pilori un orfèvre parisien dont on lui avait rapporté une conversation dans laquelle l'homme aurait outragé Dieu et son nom. [...]
[...] Sa dévotion l'a aussi poussé à interdire le prêt à intérêt ou encore les jeux d'argent, ainsi qu'à reléguer la prostitution en dehors des villes par un édit de 1254. La soi-disant sainteté du souverain ne semblait pas non plus émouvoir tout le monde, au contraire. L'admiration unanime dont Louis IX aurait fait l'objet d'après les textes est contredite par certains épisodes, la plupart passés sous silence où dont le sens fut détourné pour préserver l'image de marque que les ecclésiastiques s'étaient évertués à construire. [...]
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