France, Germanie, Bourgogne : les territoires qui sacralisent le pouvoir royal (IXe-XIIe siècles)

Résumé du document

Cours d'Histoire médiévale sur les lieux et territoires qui contribuent à garantir la pérennité du pouvoir en France, en Bourgogne et en Germanie du IXe au XIIe siècle.

Extraits

[...] Le prince faible doit les laisser se multiplier sans réagir. Telle est la situation de la Normandie sous la minorité de Guillaume le Bâtard : des vicomtes en particulier édifient alors des châteaux, comme celui du Plessis-Grimoult. La multiplication des tensions aboutit alors à la création de nombreux châteaux dans les marges. Orderic Vital précise que Robert de Bellême en possédait à lui seul 34, ce qui est présenté comme extraordinaire. Guerre saxonne : à l'origine, les sources contemporaines placent toutes la politique de fortification de la Sexe, surtout la région de Goslar et les montagnes du Harz, par Henri IV. [...]

[...] L'évêque peut se retrouver dans une situation de concurrence avec les fortifications royales, si ces dernières sont tenues par des laïcs concurrents : à Noyon, en 1027, l'évêque organise une émeute bien contenue pour prendre, de nuit, la tour que Robert le Pieux a confiée à un chevalier rétif à son autorité. La tour est brûlée et démontée. Des abbayes participent aussi à ce mouvement général de fortification. Le Mont-Saint-Michel, âprement disputé par les ducs de Normandie et de Bretagne au début du Xe siècle, sert aussi de place forte, sans que l'excuse des invasions soit ici invoquée. [...]

[...] Les grands bénéficiaires de ces transferts sont les monastères. Le mouvement est général mais pose des problèmes juridiques, une solution de compromis peut être trouvée dans la répartition suivante, parfois attestée : aux moines la jouissance du temporel des églises locales, à l'évêque diocésain la responsabilité d'y nommer le desservant et un cens annuel de son autorité, voire la taxe dite synodale. Le phénomène de transfert des autels est général, massif et indiscuté. La lutte d'influence entre abbayes pour recueillir les sanctuaires est rude. [...]

[...] Le clergé cathédral : évêque est entouré d'un petit nombre de prêtres qui l'assistent dans ses missions liturgiques et pastorales, les chanoines cathédraux qui suivent l'Institutio canonicorum. Leur clôture n'est pas stricte, sauf pour les femmes, mais ils doivent résider à proximité de la cathédrale, même s'ils conservent un logement personnel et paraître une fois par jour au réfectoire commun. Le chapitre est organisé selon une structure hiérarchique qui définit l'office de chacun. Les fonctions les plus prestigieuses sont celles d'archidiacre et de prévôt. [...]

[...] Multiplication des places fortes au XIe siècle : la thèse mutationniste tire pour partie son argumentation de l'apparition estimée subite à partir du début du XIe siècle d'un grand nombre de châteaux, différents de ceux de l'époque carolingienne. Leur taille modeste traduirait l'accaparement d'un pouvoir princier par un individu isolé. L'archétype de cette fortification est la motte, entourée d'un fossé et surmontée le plus souvent d'une tour. Elle renferme bâtiments résidentiels et domestiques, voire artisanaux ou agricoles, et est souvent densément occupée. [...]