Ce texte est une notice du plaid qui mit fin au conflit qui opposait les chanoines de Notre Dame et leurs serfs de Viry. Cette notice fut copiée dans le plus ancien cartulaire de Notre Dame de Paris, Le Livre Noir datant de la fin du 12ème siècle.
Un cartulaire est un recueil de tous les actes, les titres, les contrats et les documents importants qu'a reçu un seigneur, un monastère ou, comme c'est le cas ici, un chapitre. D'ailleurs, à cette époque, les établissements ecclésiastiques produisaient beaucoup de cartulaires.
Cette notice est rédigée par un chanoine du chapitre de l'église Notre-Dame. Celui-ci reste anonyme mais il écrit au nom de l'ensemble du chapitre comme nous le prouve entre autre à la ligne 5 et 6 l'utilisation du pronom personnel « nous »: « leur opposition nous conduisit à participer à un plaid ».
En l'an 1067, les serfs de Viry vont profiter d'une tension, d'un désaccord entre le chapitre et l'avoué de Viry pour essayer d'obtenir plus de droit, de liberté. Ils se révoltent alors contre les chanoines de Notre-Dame en refusant de payer ce qu'ils doivent habituellement, à savoir la garde de nuit et la taxe de formariage. Cette révolte aboutit à la tenue d'un plaid avec les chanoines au terme duquel les serfs durent renoncer à leurs revendications.
Cette révolte a lieu sous le règne de Philippe Ier, roi de France de 1052 à 1108, sacré en 1059. Il est mentionné à la ligne 1 de la notice : « sous le règne de Philippe roi des francs ».
Au 11ème siècle, la surface de la terre cultivable augmente notamment avec le début des défrichements. Les seigneurs ont donc besoin de plus de main d'œuvre, par conséquent de plus de serfs. C'est pourquoi, cette période est considérée comme l'âge d'or du servage.
Dans cette notice, apparaît également une critique sous-jacente des serfs elle permet donc de se faire une idée du statut des serfs,
Il est donc intéressant de voir en quoi cette révolte nous montre que les serfs font partie d'un ordre inférieur mais néanmoins essentiel et avec une place reconnue dans le fonctionnement de la société féodale.
Donc nous allons tout d'abord étudier les causes et les acteurs de cette révolte puis nous verrons quelle est la place des serfs dans cette société.
[...] Y participent les représentant des chanoines et des prévôts. Le Doyen Eudes était présent et on peut supposer que Raoul, cité à la ligne était également présent en tant que représentant des prévôts. Ici, c'est vraisemblablement l'avoué de Viry, Wacelin de concert avec les chanoines qui présidait l'assemblée, assisté par les échevins. Ce sont ces échevins qui délibérèrent au plaid comme ont le voit aux lignes 10 et 11 : Ainsi confondus sur un jugement des échevins, rendu conformément à la loi Dans le nord, les échevins sont des spécialistes du droit coutumier, chargés d'assister le seigneur à son tribunal. [...]
[...] Cette notice est rédigée sous la forme d'un récit de miracle de la Vierge Marie en faveur des chanoines. En effet, aux lignes 8 à 10 le chanoine écrit leur langue s'embrouilla si bien que ce qu'ils avançaient ; pensant faire progresser leurs affaires, se retourna pour les accabler et donner pleine satisfaction aux nôtres Pour les chanoines, le fait que les serfs se soient embrouillés est un miracle de la vierge comme on peut le voir à la ligne 10 par les mérites de Marie, la très sainte Mère de Dieu ceci s'explique car l'église Notre Dame est dédiée a la Vierge Marie. [...]
[...] Les serfs de Viry se révoltent également contre cette garde, nous pouvons le voir à la ligne 4 à savoir la garde de nuit En vertu du droit de ban, le seigneur demandait aux serfs de veiller durant la nuit sur sa propriété. Ici, ce service était plutôt exercé sous la contrainte de l'avoué puisqu'il avait son château à faire surveiller. Le serf pouvait donc rester des nuits entières éveillé alors qu'il travaillait le lendemain. Ce service était donc particulièrement contraignant. En plus de ces charges, les serfs avaient des devoirs moraux. [...]
[...] Leurs revendications attestent de leur position de servitude par rapport aux autres ordres. Cependant, il font néanmoins partie intégrante de cette société puisqu'ils appartiennent à l'un de ses 3 ordres. De plus, ils sont un maillon essentiel puisque c'est eux qui assurent la production de vivres. On peut également remarquer que les Serfs sont à l'antipode des esclaves antiques puisqu'ils ont un droit de justice et que toutes ces charges, comme par exemple la mainmorte, supposent qu'ils ont un patrimoine. [...]
[...] L'ordre inférieur fait donc partie intégrante de la société, il est essentiel, ce qui lui donne donc certains droits. Ce plaid nous permet de voir la relation qu'entretiennent les serfs avec leur seigneur. Le statut des serfs Donc en cas de conflit un plaid est organisé. On peut le voir aux lignes 5 à 7 : leur opposition nous conduisit à participer à un plaid, où ils démontreraient qu'ils n'avaient pas à attendre l'autorisation des chanoines et des prévôts Le plaid est le successeur du mallus. [...]
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