Des Pays-Bas, Charles Quint a hérité les provinces qui correspondent au territoire belge actuel, ainsi que la Hollande et la Zélande. L'Utrecht, la Gueldre, l'Overijssel, la Frise et la Groningue sont en dehors du patrimoine bourguignon et Charles Quint les acquiert par la force des armes. Lors de la Diète d'Augsbourg, en 1548, il est décidé que ces cinq provinces ainsi que les 12 issues de l'héritage constitueraient une entité : le Cercle de Bourgogne. L'année suivante, une Pragmatique Sanction soumet ces pays à un droit successoral unique. L'espace fait 3 millions d'habitants et c'est l'un des plus denses d'Europe. La gouvernante est placée à Bruxelles.
Derrière l'établissement d'une gouvernante de son sang, Charles Quint a assez de sens politique pour laisser subsister les Etats Généraux qui donnent aux Provinces l'illusion d'une autonomie. Aucun impôt nouveau ne peut être levé sans leur autorisation. Dans toutes les provinces, l'Empereur est représenté par un stadhouder choisi dans la petite noblesse locale. Il n'y a donc pas, en principe, dans cette organisation, de quoi heurter une opinion déjà adaptée aux mesures centralisatrices depuis la domination bourguignonne. Et si l'apparition d'Espagnols dans quelques hautes fonctions pouvait éveiller des susceptibilités, les commerçants néerlandais voyaient s'ouvrir à leur initiative, non seulement le marché ibérique, mais aussi les immenses domaines de leur souverain. En Espagne on voit même des Néerlandais, jalousés, occuper des emplois publics. Cependant, les Pays-Bas septentrionaux sont progressivement touchés par le calvinisme venu d'Angleterre et c'est en vain que Charles Quint multiplie les édits contre les réformés dont le nombre va croissant.
En 1555 Philippe II reçoit la souveraineté sur les Pays-Bas et au début de l'année suivante celle de l'Espagne. A un souverain dont la foi était intolérante, mais que ses sujets appelaient Carlos de Gante (de Gand) et qui avait par formation le sens de bien des réalités néerlandaises, succède un roi tout espagnol qui ne parle ni le flamand ni le français et qui à la répression religieuse ajoute des entreprises malheureuses contre les libertés politiques et le reste d'autonomie que possédaient encore les dix-sept provinces.
[...] Le fils de Marguerite de Parme, Alexandre Farnèse, est nommé gouverneur par Philippe II. Il s'appuie sur le catholicisme majoritaire des provinces du sud pour obtenir d'elles un traité fédératif : l'Union d'Arras, le 6 janvier 1579. Ainsi, les provinces wallonnes rompent avec les Etats Généraux. En réaction, le 23 janvier, les sept provinces les plus septentrionales signent l'Union d'Utrecht accompagnées de villes de Flandres et de Brabant qui s'en retirent par la suite. Ce n'est pas encore une scission entre le Nord et le Sud mais plutôt la constitution de deux groupes aux conceptions opposées. [...]
[...] Il renonce à percevoir le dixième denier et abolit le conseil des troubles. Toutefois, il poursuit la guerre face aux velléités d'indépendance de la famille de Nassau. Il y a une avancée des révoltés. La libération de Middelburg, capitale de la Zélande, permet en effet aux gueux des mers d'interdire l'accès d'Anvers, comme ils tenaient déjà bloqué le port d'Amsterdam, privant ainsi l'Espagne des deux plus grands ports de la province. Toutefois, ces succès néerlandais sont à nuancer puisque les deux frères de Guillaume d'Orange périssent lors d'une bataille près de Nimègue. [...]
[...] Une administration contestée Le nouveau souverain de cet espace fort dynamique doit donc tout mettre en place pour préserver ses intérêts. Jusqu'en 1559, Philippe II réside aux Pays-Bas pour mieux surveiller le conflit qui l'oppose aux Français. Sa présence permet à la noblesse de prendre conscience du danger qu'il représente, notamment dans son refus de convoquer les Etats Généraux, ce que permettait son père. Une fois le traité de Cateau-Cambrésis signé, Philippe II quitte le pays pour n'y jamais reparaître. [...]
[...] Après des hésitations, Philippe les rappelle en Espagne. Il confie le gouvernement à sa demi-sœur, Marguerite de Parme. Cette décision n'a rien de choquant puisqu'elle est la fille naturelle de Charles Quint. Née en Flandres, elle connaît bien le pays, ses habitants et ses mœurs, malgré ses deux mariages avec des Italiens dont Farnèse, duc de Parme, en 1538. Personne, dans les 17 provinces, ne conteste donc ce choix. Ce qui suscite plus de réserve en revanche, ce sont les trois collaborateurs que Philippe II lui adjoint et qui sont appelés à former une sorte de gouvernement occulte : la Consulta, un cabinet secret qui vient s'ajouter aux chambres existantes (les conseils d'état, de justice et de finances). [...]
[...] Les Pays-Bas jouent ainsi la carte diplomatique. Guillaume souhaite alors se ménager un puissant allié de revers et joue de l'inimitié franco-espagnole en offrant au duc d'Anjou, frère d'Henri III, la souveraineté des Pays-Bas, que celui-ci accepte. Cependant, ce catholique n'est pas populaire dans cette fédération de plus en plus fermement calviniste. Après une tentative malheureuse de coup d'état à Anvers (la folia francesa), il retourne en France pour y mourir l'année suivante. Face à l'échec d'Anjou, le prince d'Orange se décide à prendre le titre à son compte, mais il est assassiné à Delft en 1584 par Balthazar Gérard, deux jours avant la cérémonie d'intronisation. [...]
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