Nous sommes à la fin du XIVe siècle. La guerre de 100 ans fait rage depuis1337 et le royaume de France est en guerre contre l'Angleterre. D'abord à l'avantage d' Edouard III, la France entreprend une politique de reconquête de son territoire à partir de 1360 sous l'impulsion de Charles V (1364-1380). La guerre et la fiscalité ont entraîné une pauvreté importante sur l'ensemble du continent européen. Ainsi entre 1378 et 1385, l' Europe connaît une vague de soulèvements qui affectent les villes comme à Florence avec la révolte des Ciompi qui sévit entre 1378 et 1382 mais qui affectent aussi les campagnes avec les remensas dans le royaume d' Aragon en 1381. Dans ce contexte, Charles V a tenté d'alléger les fouages et de réduire l'impôt direct pour maintenir un équilibre entre le gouvernement central et ses sujets. Lorsque Charles VI (1380-1422) arrive sur le trône, il rétablit ces impôts. Il se retrouve alors confronté à une multitude de révoltes antifiscales dans son royaume. La révolte des Maillotins à Paris est un des plus importants soulèvement qui se déroule en France. En mars 1382, Les émeutiers, armés de maillets de plomb (d'où le terme “maillotins”), se sont en effet insurgés contre les percepteurs d'impôts.
Le texte que nous allons étudier est une lettre de rémission pour un orfèvre parisien impliqué dans cette révolte des maillotins. Une lettre de rémission est une lettre patente par laquelle le roi amnistie un coupable qui n'a pas été encore jugé. Les lettres de rémissions sont considérées comme le moyen trouvé par la justice médiévale pour compenser l'absence de circonstances atténuantes. Le criminel est souvent en fuite et ce sont généralement ses amis qui soulignent les caractères favorables du criminel pour pouvoir être épargné.
La lettre de rémission a été rédigée par un dénommé Jean le Masle au nom du roi Charles VI en novembre 1383 soit plus d'un an après les émeutes parisiennes. On ne connaît pas grand chose sur l'auteur. La lettre de remission est un acte de chancellerie, on en déduit donc qu' il devait appartenir à l'entourage du chancelier. C'est sûrement un notaire. En 1382, Charles VI est un roi jeune ( il n'a que 14 ans) qui n'a aucune expérience du pouvoir. Mineur, ce sont ces oncles Jean de Berry et Phillipe de Bourgogne qui assurent la régence du royaume. Ils profitent de la situation pour s'enrichir sur le dos de la population en les accablant d'impôts ce qui provoqua de nombreux soulèvements dont celui de Paris.
On peut diviser le texte en plusieurs parties. Tout d'abord le roi expose les circonstances favorables invoquées par le suppliant; il annonce ensuite ce qui lui est reproché à savoir d'avoir vendu des maillets de plombs aux insurgés; il explique pourquoi le suppliant a fui; et enfin l'auteur donne son verdict concernant la requête pour la remission du suppliant. En bas de la lettre figure la date à laquelle fut rédigée ce document.
On peut se demander en quoi la lettre de rémission est un moyen de renforcer le pouvoir royale mais aussi en quoi elle peut également nous renseigner sur un évènement et sa perception.
Pour y répondre nous étudierons dans une première partie la révolte et son contexte; puis dans un second temps nous nous interesserons au suppliant, son rôle, son métier et enfin nous analyserons la lettre de remission comme un moyen pour le roi d'affirmer son autorité.
[...] Adam Pelerin aurait donc put faire partie de cette assemblée secrète du moins au début. Ligne 25-26 : “quand nous vinmes en notre ville de Paris à notre retour de Flandres, et il vit si grande quantité de gens prendre et emprisonner, pour doute de trop rigoureuse justice s'absenta.”. On apprend ici qu'à l'arrivée du roi Charles VI à Paris au début du mois de janvier 1383, l'orfèvre parisien est encore présent dans la capitale mais voyant l'importante répression qui s'effectue, il a pris la fuite. [...]
[...] Les jours de fête font partie intégrante de la vie quotidienne dans la société médiévale aussi pour dater un jour précis dans l'année on emploie le nom du saint auquel il se réfère. La grâce : un pouvoir royal exceptionnel Ligne 29 : chacune d'icelles nous plait et employer notre grâce et miséricorde”. Le roi rend la justice dans son royaume. Il délègue cette tâche aux parlements qui rendent la justice selon la loi, mais il peut rendre la justice quand bon lui semble. Ainsi il peut stopper des procédures judiciaires et agir de façon cruelle ou être miséricordieux cela passe par des lettres de rémission. [...]
[...] La révolte des Maillotins I La révolte des maillotins : De l'émeute à la répression la révolte antifiscale de mars 1382 : la continuité des émeutes Une révolte organisée? C)La répression II L'orfèvre : son crime et ses circonstances L'orfèvre au XIVe siècle Son crime C)La rémission III La lettre de rémission : Une mesure politique Une lettre soumise à un langage particulier La grâce : un pouvoir royal exceptionnel Bibliographie Ouvrages généraux GAUVARD Claude, La France au Moyen Age du Ve au XVe siècle, Paris (PUF) Ouvrages spécialisés AUTRAND Françoise,Charles VI, Paris, Fayard FOURQUIN Guy, Les soulèvements populaires au Moyen Age, Presse Universitaire de France GAUVARD Claude, Crime, Etat et société en France à la fin du Moyen Age, Volume Paris, publication de la Sorbonne MOLLAT. [...]
[...] La lettre de rémission est également un argument politique sur deux plans. La lettre de rémission montre à tous que le roi est seul souverain sur ses terres. Il montre ainsi sa puissance aux yeux de tous et qu'il peut pardonner ou condamner. La lettre de rémission est également un moyen à cette époque de calmer et de se réconcilier avec les villes et les régions insurgées. En effet, la grande répression a laissé des traces notamment à Paris et la réconciliation doit s'effectuer par des actes généreux de la part du roi. [...]
[...] L'évènement déclencheur est suivi par une réaction violente orchestrée par les personnes concernées par les prélèvements fiscaux. L'initiative des révoltes appartient donc aux métiers urbains et aux marchands qui ont pour principale motivation l'exemption d'impôts. Ligne aucunes gens du commun”. Le texte fait ici référence aux couches sociales inférieures. Ils sont pauvres et échappent à l'impôt. Pour eux, la révolte est avant tout une révolte de la misère. S'ensuivent les voleurs et les criminels qui profitent de la situation pour piller la ville. Ils sont désignés par le terme “merdaille”. [...]
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