Si le coup d'Etat de Pépin le Bref a eu lieu en 751, c'est bien parce que l'Eglise a vu dans la nouvelle dynastie, celle des Carolingiens, l'espoir de voir un jour se reconstituer l'Empire romain en Occident. Pépin le Bref était d'ailleurs considéré comme le « nouveau Constantin ». Rien n'a été imaginé sans l'intervention de l'Eglise, et c'est d'ailleurs avec l'un des fils de Pépin le Bref, Charlemagne, que s'amorce la tentative de restauration de la « Res Publica » romaine en Occident. La preuve est d'ailleurs le couronnement impérial de Charlemagne en 800 par le Pape Léon III. Jusque là, il n'y avait que les prémices de la rénovation de l'Empire romain. Ce couronnement impérial de Charlemagne est un rite de Dioclétien : la « renovatio imperii » qui est paradoxalement repris par l'Eglise alors qu'il s'agissait d'une pratique païenne. Néanmoins, c'est une volonté de parachèvement du renforcement théocratique au niveau des obligations que voulait l'Eglise. Par ce biais, elle donnait corps à la rénovation de la « Res Publica ». C'est aussi la volonté de Charlemagne, qui décide de mettre sur pied toute une administration à l'image de celle de l'Empire romain d'autrefois. Malheureusement, c'est sans compter l'enracinement de la tradition germanique au sein des mœurs de l'époque et qui rend cet appareil d'Etat tout à fait artificiel en réalité aux attentes des populations.
Dans quelle mesure la tentative de restauration de la « Res Publica » était utopique et même néfaste pour la survie des institutions politiques, dans un monde où la tradition germanique était normative de la société de l'époque ?
C'est dans cette optique que nous allons analyser comment le fait de vouloir restaurer la « Res Publica » (I) était impensable dans cette société germanique, et qu'il était même désastreux pour l'administration de l'époque (II).
[...] Bien que le gouvernement ne soit plus centralisé, il n'est pas non plus question d'anarchie. Il s'agit d'une autre construction politique qui est le régime féodal. C'est l'apparition de la seigneurie qu'on appelle aussi la châtellenie. Cette nouveauté provoque donc l'éparpillement du pouvoir avec pour finalité, la guerre Les comtes sont devenus tellement influents, et cela depuis le capitulaire de Quierzy-sur-Oise pris par Charles le Chauve en 877. En effet, le roi accepte un gouvernement par conseil c'est-à-dire qu'il ne peut plus prendre de décisions sans consulter les grands du royaume Le roi est donc de plus en plus subordonné aux caprices des comtes. [...]
[...] Malgré tout, l'échec de la tentative de restauration de la Res Publica à cause de la persistance de la tradition germanique a conduit à l'apparition du système féodal du Moyen-âge, ce qui correspond à l'effritement de la légitimité dynastique du roi, donc à l'avènement des Capétiens. Cette tentative de Res Publica fut donc l'erreur fatale qui provoqua la chute de l'autorité royale. Bibliographie - Les origines (Tome 1 de l'Histoire de France sous la direction de J. Favier), Paris de Werner K. [...]
[...] En effet, pour comprendre le mécanisme de fonctionnement, il faut énumérer la hiérarchie de cette pyramide. D'abord, l'Empereur, ensuite le Comte qui est secondé par le vicomte, puis le vicaire et enfin, au quatrième et dernier étage, le centenier. C'est au niveau du centenier et parfois même à celui du vicaire que la chaîne est rompue. En effet, ceux-ci sont illettrés. Or, c'est à eux qu'incombe la charge d'exécuter les ordres. Ceux-ci, venant du supérieur, sont mal compris par les exécutants donc non-appliqués. [...]
[...] Une idée intéressante, peut être prétentieuse puisque la tradition germanique était ancrée depuis maintenant des siècles dans les mœurs. L'ordonnancement administratif se veut rationnel peut-être, mais cela semble impossible à concevoir avec le système de l'époque. En effet, il s'agissait de construire des structures qui n'existaient pas : une hiérarchie des autorités administratives et une uniformité des structures sur tous les peuples de l'Empire. Depuis, des générations, le royaume était itinérant, et Charlemagne voulait centraliser le pouvoir en instaurant une capitale se situant à Aix-la-Chapelle. [...]
[...] L'autre point important à souligner est la généralisation des liens personnels : la société devient une société de recommandés. La recommandation, c'est l'acte par lequel un individu se met pour sa vie entière sous le mundium d'un puissant dont il est juridiquement l'égal afin d'assurer son existence, à charge pour le recommandé de services compatibles avec sa qualité d'homme libre. Il y a donc subsistance du mundium le caractère principal de la tradition germanique. Il est donc peu concevable que la population obéisse à une entité abstraite du pouvoir : l'imperium qui serait une charge publique. [...]
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