Les franciscains prirent partis pour la pauvreté absolue du Christ. Ce document évoque un manifeste rédigé par Michel de Césène et son groupe qui déclare l'hérésie des papes Jean et Benoît. Ce manifeste traite ainsi des limites au pouvoir doctrinal du Saint-Siège, du concile général, de la place que doivent y tenir les laïcs et plus généralement du fondement même des pouvoirs dans l'Eglise.
[...] L'autorité pontificale doit être soumise cependant à son orthodoxie par rapport aux Ecritures sinon le pape doit se soumettre au Concile général. Ce dernier est présenté comme une sorte d'états généraux de la chrétienté ultime instance pour juger de l'hérésie d'un pape. Ce manifeste, comme ceux qui l'ont précédé, n'a pas eut de suite. Depuis l'élection de Benoît XII plus personne ne songeait à traiter d'hérétiques les thèses de Jean XXII sur la pauvreté du christ. En revanche, les positions des michaëlites continuèrent d'alimenter le mouvement de contestation de l'ordre social des Spirituels ou fraticelles, notamment en Italie. [...]
[...] Ainsi, si le Christ a exhorté ses Apôtres à imiter son exemple, "Si tu veux être parfait, va et vends tout ce que tu as, donne-le aux pauvres et suis-moi" (Mat l.22, il n'a pas, de la même façon, imposé au riche Joseph d'abandonner ses possessions ni condamner Marthe qui se préoccupait plus de soucis matériels que de la parole du christ contrairement à sa sœur, Marie. La pauvreté évangélique apparaît donc pour les Franciscains de Munich comme un idéal proprement religieux. L'imitation du christ est pour les clercs le plus sûr chemin vers la perfection, l.24: "cette pauvreté du christ et des Apôtres, voie de la perfection de ceux qui enseignent"; pourtant, elle n'est pas non plus l'apanage de quelques religieux épris de perfection, elle est un conseil adressé expressément par le christ à ses successeurs et donc aux prélats, évêques et clercs. [...]
[...] En se joignant à Louis, Michel et son groupe mêlaient la question de la pauvreté volontaire aux problèmes opposant l'Empire et la papauté, les dotant d'une dimension théologique. L'affirmation de la pauvreté absolue du christ confortait l'empereur dans la négation du pouvoir temporel du pape, largement relayée dans ce domaine par les nombreux écrits de Guillaume d'Ockham. Or, en 1338, c'est un nouvel épisode du conflit qui vient de se jouer avec ce qu'on appelle l'affaire de Rhens. A la mort de Jean XXII, à la fin de 1332, et l'échec de deux ambassades impériales auprès de Benoît XII, son successeur, en 1335 et 1337, le conflit entre l'Empire et la papauté était revenu à son point de départ. [...]
[...] Après avoir soulevé l'émotion chez tous les théologiens, il s'est finalement rétracté sur son lit de mort, rétractation qui n'est pas valable pour les michaëlites et Benoît XII est lui-même hérétique de n'avoir pas jugé cette affaire devant un concile général. Ces fausses et nouvelles croyances, sa cupidité, ses erreurs, "rencontrent aussi l'erreur de la secte des Juifs, voie préparée pour l'Antéchrist" (l.68). Les Juifs, comme Jean XXII, pensent que les richesses valent mieux que la pauvreté, aussi, ne croient-ils pas au christ. [...]
[...] En 1328, Michel de Cesene en appelait déjà du pape à la sainte Eglise universelle. Le concile général n'apparaît qu'en 1332 dans son adresse à l'empereur et aux princes. Bonagrazia a repris le même thème en 1334 et enfin ici, il apparaît comme une ultime instance de décision à laquelle, les michaëlites se soumettront. On remarque ici, que contrairement aux Spirituels avec lesquels on les associe souvent, les michaëlites n'hésitent pas à en appeler à l'Eglise catholique. On est loin de l'opposition entre l'Eglise charnelle et l'Eglise spirituelle de Joachim de Flore, reprise par Pierre Jean Ollivi et de son disciple Ubertin de Casale (1305). [...]
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