L'expression « Querelle des Investitures » désigne l'affrontement entre l'empereur du Saint-Empire et le pape entre 1076 et 1122 à propos de l'investiture (la mise en fonction) des évêques dans le Saint-Empire. Le contexte de l'époque est celui d'une réforme générale de l'Église romaine à partir du Xe siècle par exemple avec la réforme des ordres monastiques à la faveur du développement des ordres clunisiens et cisterciens. De même, plusieurs papes avant Grégoire VII, à l'origine de la Querelle, avaient cherché à lutter contre le nicolaïsme (le concubinage des prêtres) et la simonie (l'achat des bénéfices ecclésiastiques).
C'est aussi une période où l'empereur renforce son autorité avec le passage de la Bourgogne du Nord dans les mains du souverain, et une influence croissante sur l'Église avec par exemple l'épisode du Concile de Sûtri de 1047 pendant lequel Henri III avait déposé trois papes, pour imposer à leur place Clément II.
L'affrontement éclate donc dans un contexte de renforcement des deux partis, théoriquement pour une question relevant du domaine spirituel. Mais nous verrons comment des enjeux politiques ont aggravé la situation et ont permis l'éclatement d'un conflit armé.
[...] En réalité, elle se manifeste, dans une période de réforme dite grégorienne de l'Église romaine, comme la volonté de Rome de contrer les aspirations des empereurs à contrôler l'Église de leur royaume, riche et puissante. Les aspirations d'autonomie des nobles laïcs aggravèrent la situation qui dégénéra en conflit armé. Celui-ci continua après la mort des deux initiateurs du problème, Grégoire VII et Henri IV, jusqu'au Concordat de Worms. Ce compromis montre que les thèses des réformateurs les plus radicaux ont dû être abandonnées. Toutefois, cet événement a modifié le statut sacralisé du roi, aisément remplaçable. En revanche, Rome a affirmé son autorité en accentuant son contrôle du personnel ecclésiastique. [...]
[...] Henri IV est capturé et meurt en 1106 (après avoir toutefois cherché l'absolution). Mais le litige continue avec Henri V qui règle finalement la question. III La résolution du conflit Les tentatives de règlement Henri V continue d'investir ses évêques par la crosse et l'anneau, et obtient un serment de fidélité malgré les interdictions répétées de Pascal II en 1106. Le pape dépose l'archevêque de Mayence et Cologne en 1107, menace d'excommunier le roi et les évêques qui acceptent le serment. [...]
[...] L'investiture des évêques est donc la norme et un enjeu important vu les pouvoirs du personnage de l'évêque. L'éclatement de la Querelle Grégoire VII, de son vrai nom Hildebrand (1073-1085), est un réformateur et lutte conte l'investiture laïque. Alors que Henri IV et le pape s'entendaient plutôt bien, puisque Grégoire VII aida l'empereur contre une révolte en Saxe, des tensions apparaissent en 1075. Dans les dictatus papae, Grégoire VII prétendait déjà pouvoir déposer les empereurs, en vertu de la prérogative papale de sacrer les empereurs. [...]
[...] L'affrontement éclate donc dans un contexte de renforcement des deux partis, théoriquement pour une question relevant du domaine spirituel. Mais nous verrons comment des enjeux politiques ont aggravé la situation et ont permis l'éclatement d'un conflit armé. I La pomme de discorde, l'investiture des évêques Les pouvoirs de l'évêque Cet homme d'Église est un personnage important au Moyen Âge : à la tête d'un diocèse, il dirige plusieurs paroisses (tenues par des curés). Il est parfois archevêque, c'est-à-dire à la tête de plusieurs évêchés. Il est assisté dans sa fonction par chapitre composé de chanoines. [...]
[...] Enfin, l'évêque est le chef de la cité ou se tient sa cathédrale. Ces pouvoirs font des évêques des personnages importants. Principe de l'investiture Théoriquement, l'élection de l'évêque se fait clero et populo, il est donc choisi parmi le chapitre cathédrale et acclamé par le peuple, puis sacré par l'archevêque. En réalité, sauf quelque exception, le souverain impose son candidat, acclamé toujours par le peuple, et sacré par l'archevêque, qui lui remet. Le souverain laïc remet la crosse, symbole du pouvoir temporel, et parfois l'anneau, symbole d'appartenance au groupe des évêques. [...]
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