Depuis la chute de l'Empire Romain d'Occident au 5e siècle, les rapports entre le pouvoir temporel et le pouvoir spirituel sont réglés selon le modèle Gélasien, qui affirme la souveraineté du sacerdoce concernant les questions religieuses et du temporel concernant les questions civiles. Mais il stipule également une hiérarchie entre les deux, avec un droit de surveillance du Pape à l'égard des décisions de l'Empereur. C'est le modèle de la Chrétienté Médiévale, dans lequel domine le théologico-politique et où l'Église est englobante par rapport à l'État.
Face à cette subordination du pouvoir temporel au pouvoir spirituel et à l'affirmation grandissante du pouvoir du Pape (qui contrôle les gouvernements, le sacre des souverains, qui juge et censure leur conduite), les rois vont progressivement tenter d'affirmer leur autorité. En conséquence, les querelles entre le temporel et le spirituel se multiplient, à l'image de la querelle des Investitures entre Henri IV d'Allemagne et le Pape Grégoire VII, ou encore celle entre Jean Sans Terre avec le Pape Innocent III, mais dans lesquelles le Pape a le dernier mot. C'est dans ce contexte de tensions entre les deux pouvoirs que va avoir lieu la querelle entre le Pape Boniface VIII, souverain pontife depuis 1294, et Philippe Le Bel, roi de France depuis 1295, l'un souhaitant renforcer l'autorité papale et l'autre voulant émanciper le pouvoir royal.
[...] La menace d'excommunication face à la diffamation royale Face au refus du roi de se soumettre au droit canon et aux attaques répétées contre l'Eglise, le Pape décide de proclamer l'excommunication de Philippe le beau dans la bulle Super Petri Solio. Mais l'intervention de Guillaume de Nogaret l'en empêchera. la prise en Otage du Pape Le roi envoie Nogaret dans la résidence pontificale du Pape à Anagni. Il s'appuie sur des factions hostiles au pape pour entrer de force dans la résidence la nuit du 6 au 7 septembre 1303. La légende dit même que le Pape aurait reçu une gifle de Nogaret. Ce dernier parvient finalement à éviter l'excommunication de Philippe Le Bel. [...]
[...] Elle se soldera par l'échec des tentatives pontificales pour rasseoir son autorité. Elle aura été plus violente que les autres (Pape accusé d'hérésie, prise en otage et plus profonde, puisque ses conséquences sont durables. Suite à cette querelle, même si le modèle gélasien perdure jusqu'à la Réforme, il est largement ébranlé, et va rapidement devoir se confronter à la naissance du modèle gallican, lui-même annonciateur de nouveaux affrontements dans les relations des pouvoirs politiques et religieux, qui ne vont cesser de fluctuer jusqu'à nos jours. [...]
[...] - Pendant le grand schisme d'Occident (crise qui intervient pendant la Guerre de Cent Ans et va diviser la papauté en deux obédiences une à Avignon et l'autre à Rome), le concile de Paris réuni entre 1396 et 1398, propose de décréter que les Conciles sont supérieurs au Pape et affirme l'indépendance temporelle du roi. - Charles VII publiera en 1438 la Pragmatique Sanction de Bourges, qui abolit l'impôt pontifical, proclame le roi de France chef de l'Eglise de France, et affirme la prééminence des tribunaux royaux sur les tribunaux ecclésiastiques. C'est la naissance de l'Etat gallican, émancipé de la papauté. [...]
[...] En effet, Clément V est l'archevêque de Bordeaux, il avait l'intention de gagner Rome après son couronnement à Lyon, sa maladie et le procès des templiers qui donnent lieu au concile de Vienne, l'empêche de s'y rendre. Il s'installe donc à Avignon, ville sous l'influence de Philippe le Bel. Son successeur Jean XXII y reste, parce que la ville se situe à des distances comparables de toutes les grandes villes de la chrétienté, comme les sept autres papes, tout français. [...]
[...] Transition : Le dénouement de cette querelle est annonciateur de changement pour les rapports entre le pouvoir temporel et spirituel. III. Les conséquences de la victoire du pouvoir temporel : les prémices de l'Etat gallican A. L'affirmation du césaropapisme de Philippe le Bel. On peut affirmer que finalement c'est le roi qui aura réussi à avoir le dernier mot dans cette querelle. À la suite de celle-ci, Philippe le beau va revendiquer l'autonomie de son gouvernement et se proclame maître de son Eglise. [...]
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