Le 27 novembre 1095, à l'issue du concile de Clermont, le pape Urbain II proclame la Croisade. Il appelle les chrétiens d'Occident à libérer Jérusalem et à venir en aide à leurs frères d'Orient menacés par les Turcs. Les croisés se mettent en route en 1096, en vagues successives. Après s'être rejoints à Constantinople et avoir assiégé, entre autres, Nicée et Antioche, les croisés arrivent devant Jérusalem le 7 juin 1099. Dès le XIIe siècle, dans tout l'Occident chrétien, se multiplient les rédactions de chroniques sur les croisades. L'histoire anonyme de la première croisade et L'histoire des croisades de Guillaume de Tyr appartiennent à ce genre. L'histoire anonyme de la première croisade, le premier récit en date que nous possédons et l'un des plus populaires, est l'œuvre d'un chevalier normand de Sicile, engagé dans la Croisade au service de Bohémond. Son récit est vraisemblablement écrit au fil des événements, contrairement à celui de Guillaume de Tyr, qui n'est pas contemporain de la première Croisade. Guillaume est né vers 1130 à Jérusalem. Il étudie les arts libéraux et le droit en France et en Italie. Vers 1169-1170 il est chargé de l'éducation du jeune prince Baudouin et est élu archevêque de Tyr en 1175. L'histoire des Croisades, rédigée entre 1169 et 1184, retrace l'histoire des Etats latins d'Orient jusqu'en 1183. Pour les parties les plus anciennes, Guillaume utilise chroniques, archives et tradition orale. Il semble que le passage à étudier soit inspiré ou tiré de L'Histoire anonyme de la première croisade. Les deux documents présentent la prise de Jérusalem, le premier insistant davantage sur le siège. Comment se déroule la prise de la ville et en quoi la description de cet événement est-elle révélatrice de l'esprit de la croisade ? Nous étudierons tout d'abord la mise en place et les difficultés du siège, puis la prise de la ville et le massacre de ses habitants, et enfin nous verrons que cet événement marque l'aboutissement de la croisade et le début de la réflexion sur l'avenir du territoire
[...] Pendant le siège, il est aidé par son frère Eustache, ce qui permet de remarquer l'importance des liens familiaux dans la croisade, plusieurs membres d'un même clan familial ayant souvent choisi de prendre la croix ensemble. Tancrède, quant à lui, est le neveu de Bohémond de tarente, qui dirigeait les Normands d'Italie du Sud et de Sicile. Mais, Bohémond s'étant arrêté à Antioche pour administrer la ville qu'il a fait sienne, Tancrède combat aux côtés de Godefroy lors du siège de Jérusalem (tout comme l'Anonyme). [...]
[...] La prise de Jérusalem marque également la fin du long pèlerinage des croisés. Les croisés sont en effet des guerriers pèlerins et la Croisade, un pèlerinage de pénitence. La spiritualité des croisés est profondément influencée par celle des moines. Le pèlerinage à Jérusalem et plus particulièrement au tombeau du Christ assure aux pèlerins la rémission de leurs péchés. On observe bien à travers les deux textes l'importance que revêt la prière au Saint-Sépulcre pour ces guerriers pèlerins : puis tout heureux et pleurant de joie, les nôtres allèrent adorer le Sépulcre de Notre Sauveur Jésus et s'acquittèrent de leur dette envers lui Peut-être faut-il aussi voir derrière le terme dette l'idée que c'est grâce à l'aide de Dieu qu'ils ont pu affronter toutes ces épreuves. [...]
[...] La ville est envahie et les croisés poursuivent les musulmans jusqu'au Haram al-Sherif, où ces derniers sont réfugiés. Au sud, les croisés doivent procéder au comblement du fossé afin de pouvoir approcher la machine de Saint-Gilles du mur, tel que ceci est décrit dans le second texte : Mais, entre le château et le mur, s'étendait un fossé, et l'on fit crier que quiconque porterait trois pierres dans le fossé aurait un denier Dans ce même texte, on peut remarquer la rivalité qui semble exister entre les différents chefs et armées : le comte, apprenant que les Francs étaient dans la ville, dit à ses hommes : que tardez-vous ? [...]
[...] D'autres considèrent que la Croisade est une expédition de conquête destinée à fonder un Etat chrétien en Terre Sainte, gouverné par un prince temporel. Guillaume de Tyr écrit : les prêtres décidèrent en conseil que chacun ferait des aumônes et des prières, afin que Dieu élût celui qu'il voudrait pour régner sur les autres et gouverner la cité Sans doute doit- on voir ici une trace de ces hésitations. A nouveau les croisés font appel à Dieu pour les aider à trancher. [...]
[...] Ils nous permettent ainsi de cerner l'état d'esprit des croisés et l'euphorie qui les anime. Néanmoins, pour cette même raison, il convient de rester prudent vis-à-vis de ces textes qui manquent de recul. A la mort de Godefroy de Bouillon, son frère Baudouin de Boulogne est couronné roi de Jérusalem : le statut du territoire est désormais fixé, bien qu'un grand nombre de croisés, considérant avoir accompli leur vœu, rentrent chez eux. En Occident, la nouvelle de la prise de Jérusalem suscite un grand enthousiasme à tel point qu'une nouvelle armée, destinée à renforcer la conquête, est levée. [...]
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