Dans la religion chrétienne, le pèlerinage occupe, particulièrement au bas Moyen Age, une place prépondérante pour le salut de l'âme. Nombreux sont ceux qui parcourent les routes dans l'espoir de racheter leurs fautes aux yeux des autorités ou de Dieu, d'obtenir leur guérison ou celle d'un proche ou simplement de se rapprocher de Jésus. Pourtant, de tels voyages sont extrêmement longs, pouvant durer jusqu'à plusieurs années. Ils sont contraignants du fait que l'on peut avoir à se rendre dans un pays étranger dont on ne connaît ni la géographie ni la langue. Et surtout, ils sont périlleux ; beaucoup de pèlerins, d'ailleurs, succombent sur les routes des lieux saints.
Comment, malgré ces obstacles, les grands pèlerinages tels que celui vers la Terre Sainte se sont-ils développés et imposés comme œuvre de foi ?
Nous verrons dans un premier temps l'apparition des principaux pèlerinages, les législations les ayant entourés puis, enfin, le rapport du pèlerin à l'étranger qu'il rencontre sur les lieux de pèlerinage.
[...] Les pèlerins suivant tenteront de l'imiter. Ainsi, Symon Semeonis tente lui aussi de décrire les Musulmans, dont il parle beaucoup. Ses critiques sont encore plus violentes que celles de Tiethmar. Tout deux, en réalité, s'accordent à dire que les Musulmans ont certaines qualités comme la piété et l'honnêteté, et vantent beaucoup les marchands musulmans, cependant ils condamnent l'Islam. Semeonis s'est plus intéressé que Tiethmar à l'Islam et lorsqu'il en parle, il évoque ce maudit Coran ou parle de Mahomet en l'appelant amateur de femmes ou porc immonde Ces termes montrent que Semeonis a encore une connaissance très superficielle de l'Islam et du Coran. [...]
[...] Mais on s'en prend aux Juifs pour les crimes de leurs ancêtres, on les accuse de déicide. Pour les chrétiens, ils sont pires encore que les Musulmans, pires que des païens, des profanes. C'est pourquoi les pèlerins ne font aucune mention des Juifs en Terre Sainte, puisqu'on leur renie jusqu'à leur droit à se trouver en Terre Sainte. En Occident, le Juif est la figure du mauvais homme, malhonnête et vil, et ce jusqu'à très tard. C'est une image très présente dans la culture occidentale, comme on peut le voir en lisant Le Marchand de Venise, de William Shakespeare, où le Juif est un marchand avare, traître et fourbe, qui n'est pardonné que parce qu'il accepte de se faire baptiser. [...]
[...] Ses critiques sont violentes. Il dit : Leur vie est ignoble, et leur loi corrompue Ce qu'il désapprouve par dessus tout, c'est la polygamie. Plus loin, il leur accorde néanmoins des qualités, comme la piété, un certain respect de la vie chrétienne (Il écrit : Il faut noter qu'à Damas et dans les environs, chacun pratique librement son culte, et on y trouve plusieurs églises chrétiennes et l'honnêteté. Il dit : Les chrétiens et les païens vivent dans une telle paix que si je voyage et que ( ) mon chameau ( ) vient à mourir et que je laisse tout mon bagage sans garde pour chercher une autre monture en ville, je trouverai tout intact à mon retour Il éprouve également une grande admiration pour la pratique du Ramadan. [...]
[...] Dans les plus anciens, ceux de Saint Willibad et de Bernard, il est fait très peu de mention des Sarrasins, alors qu'ils les côtoyaient tout les jours, ne serait-ce que pour se loger, se nourrir, et avoir un guide. Les pèlerins se tiennent en général à décrire les lieux saints. Ils parlent peu de leurs conditions de voyage. Cependant, on peut tout de même remarquer que les Sarrasins sont toujours nommés les païens. Ce sont les profanes. Tous ces journaux font état de problèmes avec les Musulmans. Saint Willibad, Bernard et Tiethmar racontent tout trois avoir été arrêtés par les Musulmans, et retenus plusieurs jours en prison, jusqu'à ce qu'on comprenne qu'ils venaient pour des raisons religieuses. [...]
[...] Le fait qu'ils les côtoyaient pour se loger, se nourrir, ou avoir un guide, les obligeaient à les découvrir. A partir de la fin du XIIème siècle, les pèlerins commencent à parler des Juifs : ils vantent les qualités des guides juifs, qui ont une très bonne connaissance des récits bibliques, et sont très compétents. Ils louent aussi l'honnêteté de tel ou tel marchand juif, vendeur de vin, ou de monture. La situation progresse donc légèrement. Malgré tout, on ne note dans les récits des pèlerins aucune réelle tentative de description de cette population. [...]
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