Prélat réformateur, Adalbéron de Reims, archevêque, bienfaiteur, réformes
« C'est ainsi que pourvoyant à chaque chose, comme à toutes en général, s'occupant de tout comme de chaque chose en particulier, il n'abandonnait aucune de ses entreprises et ne manquait pas d'entreprendre chaque jour ce que requérait sa charge pastorale, tourmenté par l'œuvre à accomplir, tendu vers elle, toujours jeune. »
Voici donc comment l'Anonyme de Mouzon décrit la personnalité de l'archevêque de Reims Adalbéron, dans son œuvre intitulée Chronique du monastère de Mouzon ou plus précisément sous son nom original Liber fundationis. Cette œuvre a été rédigée entre 1025 et 1033 et se compose de 3 parties, la première consacrée aux miracles de saint Arnoul, la seconde à l'œuvre de l'archevêque Adalbéron et la dernière est une liste des abbés successifs de l'abbaye de Mouzon. Le texte original ayant disparu, on ne le connaît que grâce aux copies modernes qui en ont été faites.
Son auteur, désigné l'Anonyme étant donné que l'on ne connaît pas son nom, était un moine du monastère de Mouzon dont on sait très peu de choses. Selon l'historien M. Bur, il s'agirait d'un moine né vers 960-965 dans la région de Gruyères, entré au monastère vers 990 donc après la mort d'Adalbéron, et qui connaissait bien Reims aux environs de l'an mil, et qui aurait rédigé cette œuvre vers la fin de sa vie.
Dans ce texte, il nous décrit les réformes religieuses menées par Adalbéron de Reims au cours de son archiépiscopat, notamment des réformes monastique et canoniale, ainsi que d'autres actions menées en faveur du clergé de sa province ecclésiastique.
[...] maître de l'école cathédrale. C'est un moine formé à Aurillac, ayant effectué plusieurs voyages dans différents foyers intellectuels, c'est un des plus grands érudits de son temps et enseigne les sciences profanes et religieuses à ses élèves, en particulier le quadrivium, (arithmétique, musique, géométrie, astronomie).L'arrivée de cet homme procure en quelques années à l'école cathédrale de Reims un rayonnement intellectuel immense, au point qu'en 984 le fils d'Hugues Capet, Robert, y est envoyé pour y recevoir son éducation. Reims devient donc un foyer intellectuel de premier plan à l'échelle du royaume de Francie. [...]
[...] L'auteur précise cependant que ce principe d'exemption de taxes et d'impôts établi par Adalbéron n'est pas respecté dans toutes les contrées, comme il l'écrit l.41-43, ce qui pose la question de la pérennité des réformes de l'archevêque Une réforme rapidement oubliée ? A plusieurs reprises l'auteur mentionne le fait qu'il ne reste que des vestiges de l'œuvre d'Adalbéron au XIe siècle. La société médiévale est en constante mutation, de nouveaux besoins du temps s'imposent et la réforme entreprise au Xe siècle parait déjà obsolète. [...]
[...] Ce ton hagiographique se retrouve dans le vocabulaire de l'auteur, qui veut probablement mener par ce texte Adalbéron de Reims à la canonisation. L'Anonyme, en prétendant que l'on ne pourrait croire tout ce que l'archevêque a fait (l.22-27), place son action réellement au-delà de ce que pourrait accomplir le commun des mortels, et en fait plus qu'un modèle de piété et de dévotion. Il est donc normal pour l'auteur aux lignes 44-48 que le prélat obtienne ce qu'il appelle « la récompense » des bons, ou des justes comme il est écrit dans la Bible. [...]
[...] Elle consiste notamment en 3 vœux monastiques : obéissance, pauvreté et chasteté. Les moines doivent adopter un mode de vie cénobitique, i.e. de vie commune (repas communs, dortoir commun Les moines doivent adopter le principe d'ora et labora, qui signifie prie et travaille, les moines devant partager leur temps entre liturgie et travail manuel pour lequel Adalbéron leur attribue des terres (l.9-11). On sait notamment que leurs tâches manuelles consistent à St Thierry dans le travail de la vigne et la culture du blé, du froment . [...]
[...] Malgré ce récit d'une vie et d'une œuvre des plus louables et admirables pour l'Anonyme de Mouzon, on peut se demander si l'œuvre d'Adalbéron ne fut destinée à servir que sa propre province ecclésiastique Un archevêque totalement dévoué à sa seule province ? Un bienfaiteur et un protecteur du clergé de sa province. Adalbéron multiplie les dons pour l'Eglise. Ces dons viennent principalement de sa mense épiscopale. Adalbéron nomme lui-même les avoués, des hommes qu'il juge bons et qui sauront protéger l'Eglise. Il veut une défense contre les méchants qu'incarnent certains laïcs. Un encadrement stratégique par des laïcs. [...]
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