Dépasser la Légende noire de l'Inquisition pour découvrir pourquoi, comment et avec quels résultats l'Eglise a collaboré avec l'Etat naissant en Espagne, du milieu du XVe siècle au début du XIXe siècles.
Pour bien comprendre tous les enjeux de la portée politique de l'Inquisition, il nous a semblé nécessaire de présenter succinctement les spécificités de la péninsule ibérique, à commencer par son passé mauresque, où les trois religions monothéistes coexistent dans une certaine harmonie. (...)
Rappelons que l'Inquisition est à l'origine un tribunal ecclésiastique du XIIIe siècle dont les juges sont nommés par le Pape pour réprimer l'hérésie. Au XVe siècle, elle s'assouplit. Puis, en 1478 a lieu un bouleversement : est introduit le trait le plus original de la nouvelle Inquisition. Cette Inquisition espagnole se révèle d'esprit assez différent de l'Inquisition médiévale.
[...] Nous l'avons vu : les inquisiteurs étaient souvent des hommes qui faisaient carrière dans l'appareil d'Etat, ce qui justifiait leurs positions régalistes. L'Etat et la société espagnols n'ont plus besoin du Saint-Office. Il est supprimé en 1834. [...]
[...] La portée politique de l'Inquisition espagnole s'étend bien à notre administration. Nous pouvons en évoquer quelques unes : une occupation du territoire presque complète, une installation durable de tribunaux permanents bien répartis dans le pays elle recouvre plusieurs districts territoriaux que ne recouvrent pas les divisions administratives traditionnelles, tant ecclésiastiques que civiles, un système de visites d'inquisiteurs, allant d'une ville à l'autre, ce qui assure une dépersonnalisation de la fonction et évite les accointances, un réseau hiérarchisé de collaborateurs et d'informateurs, partout présents, qui assurent un contrôle social sans défaut ; il s'agit là des familiers la véritable base sociale de l'Inquisition, qui tient lieu de milice supplétive, de groupe de pression. [...]
[...] En 1535, le chapitre de Cordoue fait pression sur le Pape, par l'intermédiaire de Charles Quint, pour instaurer une clause de limpieza de sangre (litt : propreté ou pureté de sang), nécessaire à l'accession à des charges rémunérés dans le royaume espagnol. Ainsi, les espagnols doivent au fur et à mesure témoigner de la pureté de leurs ancêtres, les sangs juif et maure étant considérés comme des tares incurables. On assiste donc à une radicalisation de l'Etat espagnol, passant d'Etat sectaire à Etat raciste. [...]
[...] - On peut tout d'abord souligner l'influence de l'Inquisition sur la procédure pénale européenne moderne. Le professeur Chiffoleau écrit : l'activité des inquisiteurs de la foi est toujours, pour eux comme pour les autorités qui les mandatent, une activité coercitive et pastorale, répressive et médicinale, pénale et purgative, visant à réformer, à sauver des égarés, à les convaincre de revenir au bercail Selon lui, la dualité persuasion / coercition et la prééminence de la parole et de l'aveu imprègnent toute l'histoire judiciaire de l'Occident et, par extension, le système pénal contemporain. [...]
[...] Cordoue devient la capitale de l'Occident musulman, le khalifat. L'influence de l'Islam espagnol durera de trois à huit siècles selon les régions. Cette civilisation s'épanouit en Andalousie. Elle est riche et prospère : les palais, comme l'Alhambra de Grenade, et les mosquées, comme celle de Cordoue, en témoignent aujourd'hui encore. Malgré ces siècles de domination maure, une importante communauté chrétienne demeure tolérée et respectée dans l'Espagne musulmane. A ces deux communautés, il faut bien entendu ajouter une forte communauté juive. [...]
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