Aux débuts du Moyen Age, au Vème siècle, la péninsule ibérique est le lieu d'une étonnante diversité. Diversité de peuples,
bien entendu, mais également diversité d'économies et de statuts. Cette diversité est due à l'incursion de populations germaniques
sur les terres ibériques. Ces incursions sont soit des raids guerriers exclusivement masculins, soit de lourds convois transportant
des familles entières. On voit ainsi arriver sur le territoire ibérique (déjà peuplé par des colons romains [les Hispano-romains,
constituant la majorité de la population], par des Basques et par des Juifs) plusieurs peuples germains :
¨ les Vandales en 409, qui se divisent en deux « groupes » (les Hasdings, installés dans le nord-ouest de la péninsule, et les
Silings, installés dans le Sud), et qui quittent la péninsule ibérique pour passer en Afrique en 429.
¨ les Suèves, vieux peuple affaibli qui s'installe (également à partir de 409) en Galice et dans le nord du Portugal actuel,
mais leur domination de ces terres prend fin en 585 avec l'arrivée en force des Wisigoths.
Les Wisigoths (comme leurs cousins ostrogoths installés en Italie) se distinguent beaucoup des Germains : par leur langue (ils
possèdent un alphabet), par leur provenance (bords de la Mer Noire). Ils s'en distinguent également par leur histoire : depuis leur
installation en Dacie en 271, sur les rives du Danube, ils ont vécu longtemps au contact des Romains, entretenant avec eux des
relations pacifiques et fructueuses. En 376, la poussée féroce des Huns les oblige à franchir le fleuve et à pénétrer dans l'Empire
romain et à fuir vers l'avant, à la recherche d'un nouvel habitat. En 414, ils arrivent à Narbonne, et s'installent en Aquitaine, entre
Toulouse et Bordeaux, jusqu'en 507 où ils sont vaincus à Vouillé par les Francs de Clovis, ce qui les pousse à passer au-delà des
Pyrénées, en Espagne.
Certes, lors de leur arrivée dans la péninsule ibérique, les Goths possèdent encore leurs caractères propres, originaux : leur
organisation familiale (fondée sur le clan) est différente des structures méditerranéennes ; leur art, ornemental et à motifs
géométriques ou animaliers, est aux antipodes de l'art monumental et anthropomorphique romain ; leur droit, fondé sur le principe
du dédommagement aux victimes (wehrgeld) prend ses origines dans les coutumes germaniques. Mais l'assimilation des
Wisigoths parmi les Hispano-romains fut aidée par leur connaissance de l'Empire romain et du latin. En outre, ils étaient
relativement peu nombreux (entre 70 000 et 200 000) et dispersés dans un royaume immense pour l'époque (royaume englobant
l'Espagne et la Septimanie). Ainsi, les nouveaux venus furent relativement bien intégrés. Ce qui permit l'installation rapide d'un
système économique et social wisigothique précis.
[...] Les veuves sont, quant à elles, (en principe) des continentes, protégées par la loi contre le viol et le rapt. A la mort de leur mari, elles acquièrent une véritable indépendance économique : elle devient propriétaire des biens que son époux lui avait assigné en usufruit, elle est usufruitière d'une part de l'héritage de son époux et, si ses enfants sont mineurs, elle doit gérer le patrimoine familial. La veuve a donc ici un rôle de chef de famille, devenant en quelque sorte l'égale de son époux en obtenant toute l'autorité de ce dernier. [...]
[...] C'est donc durant la jeunesse et durant la vieillesse que la valeur de la femme tend à se rapprocher de la valeur de l'homme (voire à la dépasser). Ceci entraîne une estime particulière à l'égard des vierges et des veuves La valorisation des vierges et des veuves La valorisation de la virginité est due à plusieurs facteurs. Tout d'abord, la jeune fille vierge est considérée comme un enjeu, comme un élément qui permet à l'homme de s'élever en dignité par l'intermédiaire du mariage. [...]
[...] Les sacrilèges ou les blasphémateurs. On a donc ici une véritable conception théocratique de la société ibérique, qui apparaît comme un ensemble, un organisme soumis à la même foi et à la même loi. D'une Espagne unie à une Espagne divisée Les bases d'une unification, mais une unification fragile Une telle construction théocratique de la société ibérique aboutit à une unification territoriale : aux multiples provinces romaines succéda un royaume unitaire, dont la capitale devint Tolède. Les rois Goths, après avoir vaincu les Suèves de Galice et de Lusitanie en 585 et après avoir réduit à néant la domination byzantine sur les côtes sud-est, établirent leur regnum Gothorum sur la totalité de la péninsule ibérique, s'en proclamant rois de mer en mer On peut donc dire que ce sont les Wisigoths qui, avec une telle unification sur les terres ibériques, qui ont véritablement donné naissance à l'Hispania et à l'unité espagnole. [...]
[...] Tempus 3 esclaves, qui toutefois n'ont pas l'effet escompté. Au lieu de soumettre les esclaves, ces derniers s'enfuient, se libérant du joug de leur maître. Durant tout le VIIème siècle, ces fuites d'esclaves sont un véritable problème pour les puissants du royaume. A tel point qu'en 702, devant l'inefficacité des mesures de répression prises jusque là, le roi Egica promulgua une loi visant à mobiliser toute la société espagnole contre les esclaves fugitifs : tout homme ou femme qui croise le chemin d'un individu suspect (étranger, individu pauvrement vêtu) doit le capturer, l'interroger voire le torturer jusqu'à ce qu'il avoue sa servitude et le nom de son maître. [...]
[...] Les pauvres, quant à eux, ne peuvent que mendier, ou s'enrôler dans des troupes de guerriers privés (les buccellarii), ou encore aliéner sa liberté en se vendant comme esclave Non-libres La législation témoigne clairement de l'aspect esclavagiste de l'Espagne wisigothique : sur 48 textes de lois qui nous sont parvenus traitent de l'esclavage. Les esclaves sont donc très nombreux. La servitude est héréditaire : il suffit que l'un des parents soit de condition servile pour que les enfants soient eux-mêmes esclaves. Le renouvellement de la population servile est donc assuré en partie par l'accroissement naturel. En outre, beaucoup de malheureux rejoignent dans leurs conditions de vie les esclaves de naissance. Les pauvres, nous l'avons déjà évoqué plus haut, se vendent pour pouvoir subsister. [...]
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