Pauvreté franciscaine, pauvreté, institutionnalisée, réflexion économique fertile, Saint François d'Assise, religion
La pauvreté franciscaine a pour origine un épisode de la vie de Saint François d'Assise. Cet épisode se situe aux environs de 1208 alors que François vient tout juste d'épouser pleinement la religion chrétienne qu'il délaissait auparavant. Un prêtre lui lit un passage de l'Evangile de Mathieu où il est question des apôtres et de leur mission (Mt, 10, 7-16). Il lui explique que les disciples du Christ ne doivent posséder ni or ni argent, ni monnaie, qu'ils ne doivent emporter sur la route ni bourse ni besace ni pain ni bâton, qu'ils ne doivent avoir ni chaussures ni deux tuniques, qu'ils doivent prêcher le Royaume de Dieu et la pénitence. François d'Assise décide alors de « vivre pleinement l'Evangile » et choisit la pauvreté volontaire. Ni grand théoricien de la vie spirituelle, ni grand docteur, il va pourtant être le fondateur d'un Ordre amené à tenir une place très importante dans la chrétienté du XIIIe au XVe siècle. Cet Ordre de plus en plus institutionnalisé et très actif au sein de l'Eglise, garde pourtant comme idéal la pauvreté évangélique de ses débuts. De nombreux penseurs sortiront de ses rangs, portant, outre une réflexion théologique sur les bienfaits de la pauvreté, une réflexion économique novatrice.
[...] Ceux-ci furent donc autorisés à y retourner. Dans la reconstitution des faits par Thomas de Celano vers 1245, c'est la dimension juridique du problème de la propriété qui semble prédominer. Cela correspond aux questions qui agitent les frères à cette époque, où François d'Assise n'est plus, et où la réflexion sur la pauvreté d'un Ordre qui s'institutionnalise est fondamentale. Cet épisode témoigne également des pressions internes et externes à l'Ordre, visant à l'installation permanente des frères dans des édifices appropriés. [...]
[...] Cette interdiction de la propriété sera amenée, déjà du vivant de François d'Assise, à évoluer avec l'extension de la fraternité et son institutionnalisation. Thomas de Celano cite un exemple que l'on peut situer vers 1221 : venant à apprendre qu'à Bologne se trouvait un bâtiment connu sous le nom de « maison des frères », François d'Assise renonça à son intention première de passer par la ville et fit enjoindre aux frères, y compris les malades, de quitter immédiatement cette maison. Mais par la suite, le cardinal Hugolin affirma lors d'une prédication posséder personnellement cette maison que l'opinion publique attribuait aux frères. [...]
[...] Nouvelles pauvretés : ascètes et indigents Parallèlement, la pauvreté du Christ s'affirme progressivement comme une valeur sociale concrète. Un macro phénomène caractérise en effet cette période, c'est la conviction que la pauvreté –le renoncement à la jouissance privé de la richesse –, systématiquement rapportée à celle du Christ, correspond à un style de vie conforme à la perfection chrétienne, c'est-à-dire, selon les critères de l'époque, un style conforme à la perfection civique. La croissance économique et la circulation accélérée des monnaies et des marchandises vont de pair avec l'augmentation du nombre de moines, des ermites ou plus simplement des laïcs dévots et imitateurs du Christ. [...]
[...] La richesse des riches est blâmée si, thésaurisation cupide, jouissance de patrimoines immobilisés par les logiques d'héritage, elle ne se rend pas vertueuse (et fructueuse) par sa mise en circulation sociale, par sa distribution à travers le don ou la logique commerciale. Pour Olivi, le marché est tout simplement « le moyen dont disposent les laïcs de contribuer selon leurs possibilités à l'édification d'une société chrétienne ». « Le franciscanisme et l'éthique du capitalisme » ? Olivi se situe au point de départ de toute une réflexion économique franciscaine. Cette réflexion va amener de nombreux penseurs de l'Ordre à découvrir progressivement dans la privation et le renoncement, les éléments décisifs d'une compréhension de la valeur d'échange. [...]
[...] La pauvreté comme norme spirituelle puis juridique d'un Ordre de plus en plus institutionnalisé La pauvreté comme activité Pour François d'Assise, la pauvreté est donc le moyen d'adopter un mode de vie conforme à l'Evangile. Plusieurs idées fondamentales émergent avec force : le refus de tout contact avec l'argent, la condamnation de la propriété, l'importance attribuée à l'aumône et au travail comme moyens de gagner sa vie, la recherche d'un contact avec les êtres vivants exclus d'ordinaire de la sphère de l'humanité sociale –animaux, lépreux, vagabonds, malfaiteurs, mendiants, misérables, paysans. [...]
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