Le Norfolk, berceau des Paston, est l'une des régions les plus riches d'Angleterre. La prospérité du comté repose sur d'immenses troupeaux de moutons, une industrie du drap en plein essor et des terres arables très fertiles. Au XVème siècle, le Norfolk est peuplé d'environ 100 000 habitants. Les Paston sortent de la classe moyenne des yeomen. En effet, ils sont issus d'une famille de laboureurs qui a contracté une alliance conjugale au sein de la classe servile peu considérée à l'époque. Au XVème siècle, leur ascension est assez rapide : sortis des professions agricoles, et bien décidés à ne pas y revenir, les Paston font souche d'avocats, dès 1400. A cette époque, la structure du pouvoir et du statut social est assez souple. Si aucun garçon ne naît d'un mariage les filles peuvent hériter et transmettre les domaines et les biens à la famille de leur époux. La descendance en ligne masculine n'est pas toujours assurée à cause du fort taux de mortalité, ce qui permet aux membres des classes inférieures d'avoir des possibilités de promotion sociale. Un yeomen, c'est-à-dire un franc-tenancier, celui qui a racheté les droits de sa tenure à un seigneur, ou un gros fermier peut parfois acquérir assez de biens et de terres pour vivre sur le même pied qu'un gentilhomme, faire donner une bonne éducation à ses fils et les marier à des jeunes filles de familles nobles. Les professions juridiques ouvertes aux laïcs offrent la possibilité d'accumuler une fortune à ceux qui ont l'occasion et les capacités d'acquérir la formation nécessaire (...)
[...] La bourgeoisie adopte les pratiques de la noblesse parce qu'elle s'allie avec elle. Le mariage sert d'ascenseur social. Leon Battista Alberti (1404-1472) résume les motivations pour un mariage : Quand on choisit sa femme, on considère sa beauté, sa parenté et sa fortune Le besoin des Paston de s'allier avec la noblesse explique mieux le scandale que soulève la mésalliance de Margery. Ce mariage clandestin prive la famille d'utiliser Margery pour s'allier à une autre famille de la gentry ou de condition sociale plus élevée. [...]
[...] Comment un individu peut se libérer des pressions qu'on exerce sur lui ? Dans un premier temps, nous étudierons une mésalliance dans la famille Paston et pour finir, nous analyserons la pression familiale et le poids du lignage. I. Une mésalliance dans la famille Paston Margery Paston et Richard Calle : un mariage clandestin En mai 1469, le mariage clandestin de Margery avec Richard Calle est connu : Monsieur, d'après votre lettre, qui m'a été portée par Jude, j'apprends que vous êtes au courant des agissements auxquels se livre R.C. [...]
[...] Mais il n'est en principe plus accordé par les autorités religieuses. Le divorce remet en cause le lien conjugal, c'est pour cette raison qu'il est interdit. Quand au divorce que vous évoquiez, [ ] de pousser qui que ce soit à agir d'une façon qui offense Dieu [ ] (l.82 et l.84). La séparation de corps et de biens qui est décidée dans des cas bien précis, laisse subsister le lien du mariage et ne permet donc pas le remariage mais ici Margery et Richard s'entendent et ne font pas la demande de la séparation. [...]
[...] Le mariage clandestin ainsi que le rapt sont des moyens de contourner les règles matrimoniales imposées par l'Église et par la société. Ils expriment un conflit entre les générations puisque c'est une manière d'imposer un mariage à sa famille, d'échapper aux contraintes du lignage. Dans cette action, les enfants se sentent soutenus par l'Église. C'est pour cela que les oligarchies condamnent ce genre d'unions parce qu'elles sont soucieuses de défendre leur droit. Les alliances sont au service de l'ascension sociale et politique. [...]
[...] Margery est montrée comme vile : notre misérable sœur (l.3). Ici l'hypogamie est très mal perçue par la famille Paston car elle déshonore leur rang. Le dernier rebondissement de l'affaire du mariage de Margery Paston et de Richard Calle se déroule début septembre 1469. Margery est amenée devant l'évêque de Norwich dans l'espoir que le mariage soit annulé. Pour la grande majorité des hommes et des femmes du XVème siècle, la religion incarne une puissance universelle, la source de tout idéal, de toute éthique. [...]
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