Papauté à Avignon, XIVème siècle, monarchie pontificale, nouvelle capitale chrétienne, Avignon, centralisation administrative
La papauté à Avignon ou les papes d'Avignon, titre de l'ouvrage de Jean Favier, sont des appellations issues de la tradition puisqu'il ne s'agit pas d'une discontinuité à l'histoire même de l'Église. Les pontifes qui se succèdent de 1309-1378 sont bien les véritables successeurs de Saint-Pierre, ils n'ont qu'une originalité soit de résider à Avignon et non à Rome. Une caractéristique ne touchant en aucun cas à leurs légitimités ni à l'organisation même de l'Église.
Néanmoins, il faut savoir que le pape est bien entendu extrêmement lié à Rome, sa « femme mystique » selon Yves Renouard. En effet, il est le primus inter pares soit le premier parmi les pairs à la tête de l'Église et de son réseau des évêques qui représentent normalement pour chaque diocèse la plus haute autorité religieuse, le pape n'étant que le premier d'entre eux, le successeur de Saint-Pierre, le juge suprême. Rome conserve le tombeau de Pierre, premier des apôtres, d'où sa primauté honorifique que ce soit en occident ou en orient. Le Pape étant l'évêque de Rome est l'homme le puissant de l'Église et une primauté pontificale se forme dès le IVe siècle comme en témoigne l'appellation de « vicaire de Pierre et du Christ » par Léon le Grand dès 495, un pouvoir grandissant avec comme apogée la réforme grégorienne du XIe siècle.
[...] Avignon, de provisoire à durable La première installation en Avignon L'historiographie a souvent discuté sur les raisons de la venue des papes en Avignon, mais ce n'est ni la pression française ni exclusivement la volonté de fuir la cité éternelle déchirée par une guerre intestine, mais plutôt une multitude de circonstances. En effet, la papauté voulait d'abord se recentrer par rapport à la position marginale occupée par Rome en Occident, le couloir rhodanien facilite les communications avec une grande partie de l'Europe sauf avec Rome. De plus, il faut insister sur le fait que le pape n'est pas sur les bords du Rhône en terre inconnu. Le Midi étant depuis longtemps une zone d'affirmation du pouvoir pontifical, à cause de son éloignement des pouvoirs centraux, empereur et roi de France. [...]
[...] La Papauté d'Avignon a été à la fois un moment important pour l'Église puisqu'elle a lui a permit d'évoluer suite à l'échec de la théocratie pontificale en devenant une véritable monarchie pontificale soit la forme que gardera l'Église pendant un long moment. De plus, Avignon en recevant la Papauté permet de devenir une véritable grande ville occidentale même bien après leurs départs. La Papauté à Avignon a surtout et malgré elle engendre le grand schisme qui durera de 1378-1423 puisqu'elle donne au pape hors de Rome le moyen de subsister face à la cité éternelle, seul lui manque une réforme spirituelle et morale ce que réussira Rome qui redevient la femme mystique du Pape en 1423. [...]
[...] Cette entourage est constitué des intimes du Pape (assistant dans la vie quotidienne, habit, veille sur sa santé le Sacré-Collège qui est l'équivalent des Grands de la cour royale, les services administratifs, financières et judiciaires de l'Église (Consistoire, chambre apostolique, Chancellerie Cet ensemble s'étoffe donc en Avignon car le sédentarisme accroît le phénomène des services au nombre de 500 clercs et 2 à 3 milles laïcs. Un entourage adapté à Avignon, efficace, discipliné permet au Pape d'avoir une emprise quasi-totale sur l'Église même. Le pape contrôle tous les domaines concernant l'institution de l'Église (la justice, la fiscalité, la moralité), on assiste à un début de concentration des pouvoirs sur son outil comme est en train de la faire la France ou l'Angleterre dans leurs royaumes avec tous le jeux de pouvoirs qu'il se doit. [...]
[...] Néanmoins son pontificat marque ce choix de rester en Avignon poursuivis par ses successeurs marquant de fait un changement. Clément V (1305-1314), Jean XXII (1316-1334), Benoît XII (1334-1342), Clément VI (1342-1352), Innovent VI (1352-1362), Urbain V (1362-1370), Grégoire XI (1370-1378). Ces papes ont la caractéristique d'être tous d'origine méridionale la plupart étant plus ou moins rattaché à la France, mais il conserve une forte indépendance face à elle comme Clément V qui était à la fois ancien sujet du roi de France et vassal du roi d'Angleterre. [...]
[...] La papauté en Avignon doit se contenter d'être un arbitre tentant tant bien que mal d'apaiser les tensions sans y parvenir. Néanmoins elle continue d'exercer un pouvoir sur les petits royaumes comme lorsque Clément VI offre le royaume des Canaries à Louis Cerda en 1344, mais elle doit son immunité au roi de Sicile et de Florence, comte de Provence qui lui assure une terre dans le midi et le protège des Grands. La papauté a réussis à se constituer une véritable monarchie pontificale bien qu'elle connaît quelques échecs. [...]
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