Bilan historiographique sur le lien entre la Guerre de Cent Ans et le développement de l'état moderne. Cette oeuvre synthétise les différents courants historiographiques (ecoles des annales,...) qui ont étudié cette relation. Pour de nombreux historiens la Guerre de Cent Ans a contribué à la genèse des états modernes, mais sous quelles formes ?
[...] Selon lui, cette période aura finalement retardé un processus amorcé depuis les XIIe-XIIIe siècles. Et même si le conflit fut la cause de nombreuses innovations, l'historien privilégie les multiples entraves de cette guerre, dans le processus de fondation de l'Etat moderne. Autre élément nouveau, décrit par Strayer, la Guerre de Cent Ans est le premier évènement majeur à mettre en péril, la légitimité réelle de la nouvelle forme étatique, constituant en cela, un phénomène de rupture important, au regard du lent processus d'élaboration, que fut l'Etat moderne. [...]
[...] Y a t-il eu continuité, dans le sens où cette période a enduré au même titre que les autres, des innovations et des entraves qui ont forgé le destin des Etats ? Ou finalement n'est-ce pas tout simplement, ce conflit et ses conséquences, qui ont fondé l'Etat moderne ? Pour Jacques le Goff, représentant de la troisième génération de l'école des Annales, la Guerre de Cent Ans s'inscrit dans ce qu'il appelle un long Moyen Âge La genèse de l'Etat moderne est dans son esprit une réelle continuité médiévale. [...]
[...] Là encore, les historiens adoptent plusieurs points de vue, quant au rôle exact du domaine social dans la genèse de l'Etat Moderne. Bernard Guenée, par exemple, présente le lien énigmatique entre l'Etat et la Nation. Pour lui, la Guerre de Cent Ans, a forgé la constitution d'un premier sentiment national, transformant un idéal identitaire en une réalité sociale. Même lorsqu'il nuance la portée de celle-ci, du fait de sa variabilité géographique et temporelle, il considère cette première ébauche comme l'étape décisive dans la formation d'une nation, regroupée autour d'un Etat puissant. [...]
[...] Selon eux, la guerre de cent Ans a permis un changement de mentalité dans le rapport Roi/sujets. Désormais le roi se conduit en majesté, car légitimé par ses victoires et ses soutiens, la noblesse est écoutée, à défaut d'être entendu, et enfin le peuple est rassemblé autour de la personne royale. Tous ces facteurs ont permis finalement une homogénéisation de la société au bénéfice du monarque, tout en renforçant le rôle de l'Etat. Jacques le Goff reconnaît l'influence de la symbolique royale, dans l'achèvement de l'Etat moderne, mais le paramètre déterminant reste selon lui la propagation d'un sentiment nouveau : celui d'appartenir à une même nation. [...]
[...] Finalement pour ces auteurs, le recours à l'impôt régulier et la constitution d'une première fonction publique ont permis à l'Etat de s'imposer définitivement, dans un espace politique et social, exempt, de tout principe féodal (même si la féodalité ne disparaît pas totalement). En définitive, si l'accord des historiens tend à se faire, sur l'énumération de toutes les transformations structurelles de l'Etat, occasionnées par la guerre de Cent Ans, les divergences apparaissent quand il s'agit d'évoquer la prépondérance de l'une d'entre elles (Fiscalité pour les uns, rapport entre la guerre et la souveraineté, développement de l'administration pour les autres). Enfin, la guerre de Cent Ans, a profondément bouleversé les pensées, pratiques et coutumes de la société médiévale. [...]
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