Organisation d'un ministère, Louis XIV, secrétariat d'Etat de la Guerre, commis, Le Tellier, Louvois, chefs de guerre
Loin de l'image véhiculée par la mise en scène du pouvoir royal, à Versailles ou ailleurs, Louis XIV ne gouverne pas seul. En théorie, délibérations et décisions ne ressortent que de sa personne éclairée par l'avis de ses conseils, mais la réalité du gouvernement louis-quatorzien montre le rôle prépondérant de l'appareil administratif, dont les secrétariats d'État sont la quintessence même.
Contrairement à d'autres charges importantes de la monarchie comme celles de chancelier ou de connétable qui sont établies depuis l'avènement de la dynastie capétienne, la différenciation et la spécialisation des fonctions gouvernementales est un processus plus tardif. Au XIIIe siècle apparaissent des notaires royaux spécialisés, les clercs du secret (d'où le nom de secrétaire) dont le nombre augmente et les tâches se diversifient au cours du XIVe siècle (des sources parlent ainsi de secrétaires de commandements chargés de l'expédition de la correspondance militaire, de secrétaires des finances traitant les questions budgétaires ou encore de premier secrétaires...). A la fin du XVe siècle, la concentration de ces différentes prérogatives dans les mains de quelques hommes préfigure l'apparition des secrétaires d'État (cf. Florimond Robertet sous les règnes de Louis XII et de François Ier). Mais c'est véritablement au XVIe siècle que la charge de secrétaire d'État va apparaître avant de s'affirmer dans le premier XVIIe siècle. Par l'ordonnance du 1er avril 1547, Henri II crée 4 secrétaires d'État dont les prérogatives s'entendent sur des zones géographiques. Henri III quant à lui, définit strictement en 1588 les pouvoirs de ces secrétaires d'État, limitant par exemple leur bureau à 6 clercs et 1 commis. Parallèlement on note un processus de spécialisation thématique. Ainsi, en 1589 le roi confie à Louis de Revol le monopole de la correspondance avec l'étranger : c'est la naissance effective du ministère des affaires étrangères. Pour dresser un premier bilan en 1661, à l'arrivée de Louis XIV au pouvoir, il y a 4 secrétaires d'État : celui des affaires étrangères et de la marine du ponant, celui de la guerre et de la marine du levant, celui de la religion prétendue réformée et enfin celui de la maison du roi et du clergé.
[...] En d'autres termes, ce administre véritablement la guerre. Il convient d'abord de souligner son rôle de secrétaire. « La fonction de secrétariat, écrit Thierry Sarmant, n'en reste pas moins le socle des activités du secrétaire d'Etat » [sarmant, p. 86]. En effet, le ministre se doit d'expédier les actes législatifs et réglementaires émanant du souverain. Son autorité n'est que le reflet de celle du monarque, tant il se contente souvent de préciser les mesures qu'annonce le roi. Le Mémoire de Timoléon Le Roy exprime parfaitement cette idée : « M. [...]
[...] Nous étudierons d'abord la mise en place d'une administration centrale de la Guerre avant d'envisager le déploiement et l'application concrète des prérogatives du Secrétariat sur le terrain. Enfin, nous nous pencherons sur la figure hors-norme du secrétaire d'État de la Guerre en voyant que la personnalité en poste influe de façon significative sur la gestion et l'importance du ministère. I. L'organisation de l'administration centrale A. La variété de commis, chevilles ouvrières du ministère → Dès la création des postes de secrétaires d'État, les hommes remplissant ces postes s'entourent d'assistants effectuant les tâches matérielles : prise de note sous la dictée, copies, expéditions . [...]
[...] Comme il l'avait fait au moment de la retraite de Le Tellier, Louis XIV nomme le fils de Louvois à la tête du secrétariat d'Etat de la guerre. Néanmoins, entre la formation de Louvois, resté près de trente ans auprès de son père, assurant, pour Louis André, une sorte de second ministre, et celle de Barbezieux, la différence est immense. Barbezieux a certes exercé une fonction au secrétariat de la guerre entre 1685 et 1691, mais il se borne à exécuter les ordres, ne prenant jamais part au processus de décision. [...]
[...] En effet, c'est souvent Louvois qui propose au roi les candidats aux places vacantes. L'influence du ministre apparaît si évidente qu'elle froisse certains officiers qui préfèrent quitter le service. La discorde éclatée en 1664 entre l'intendant d'armée, Louis Robert, et un général, Jean de Coligny-Saligny, illustre parfaitement le nouveau rôle que prend le ministre. Si Le Tellier désavoue Robert, en privé, Louvois, qui tend dès 1664 à supplanter son père, réprimande Coligny. Ce dernier en reçoit une telle amertume qu'il écrit, dans ses Mémoires : « quand on n'est pas créature et très humble valet des ministre, c'est temps perdu de s'attacher au service des rois ». [...]
[...] En ce qui concerne la remise en contexte chronologique de cette spécialisation on distingue deux phases : un mouvement continu de 1661 à 1680 puis un second avec Michel Chamillart car le mauvais état des affaires, les défaites militaires et le double-ministère imposent un approfondissement de l'organigramme. Services techniques spécialisés : A côté des bureaux ordinaires, on note la présence d'un dépôt des archives (aujourd'hui le service historique de l'armée de terre) et un embryon de bureau des ingénieurs géographes (dressant les cartes d'État-major) qui ne s'institutionnalisera vraiment que sous Louis XV (aujourd'hui institut national de géographie). II. Les prérogatives du secrétariat d'Etat de la guerre. « L'ordinaire et extraordinaire de la guerre ». [...]
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