L'apparition de ces ordres répond à des besoins nouveaux liés aux profondes mutations économiques. Si la réforme grégorienne n'a pas réussi à relever de façon durable le niveau moral et intellectuel du clergé, c'est que la cause profonde du mal ne doit pas être cherchée dans l'investiture et l'appropriation laïque, mais dans l'enrichissement. Certes, l'idée de pauvreté n'est pas nouvelle, mais ni la règle bénédictine, ni les réformes monastiques successives n'ont su la faire triompher. Il en résulte un mouvement de protestation qui va jusqu'à l'hérésie (Vaudois, Albigeois). Pour conjurer le péril, il faut intégrer dans l'Église le puissant idéal de la pauvreté évangélique incarner par les Mendiants, en faire le ferment d'une nouvelle réforme, suite logique de la réforme grégorienne, mais plus efficace et plus profonde.
On peut alors se demander dans quelles mesures les ordres mendiants ont-ils contribué à faire du XIII° siècle, celui d'une foi profonde ?
De façon à apporter des éléments de réponses, nous nous intéresserons dans une première partie à l'étude du développement des ordres mendiants, puis nous consacrerons deux parties distinctes à l'étude des franciscains d'abord et des dominicains ensuite...
[...] Dominique poursuit son action. Soutenu par le nouvel évêque de Toulouse, Foulque, Dominique établit une congrégation diocésaine de prédicateurs qui porteraient la parole chrétienne sous son contrôle dans son diocèse, afin, dit la charte d'approbation, d'extirper la corruption de l'hérésie, de chasser les vices, d'enseigner la règle de foi et d'inculquer aux hommes des mœurs saintes C'est ainsi qu'apparaît le premier ordre dominicain, confiné dans les limites d'un diocèse avec pour seul mission la conversion des hérétiques. L'ordre compte huit hommes, y compris son fondateur, et s'établit à l'église Saint Romain de Toulouse. [...]
[...] Nés au XIII° siècle, les ordres mendiants constituent la forme de vie religieuse la plus originale du Moyen-Age. Ces ordres sont qualifiés de mendiants parce qu'avec l'exigence de pauvreté individuelle présente dans toutes les règles religieuses s'ajoute la pauvreté collective. Les mendiants ne pas des moines mais des frères qui vivent parmi les hommes et non dans la solitude. Ils s'interdisent de posséder quoi que ce soit en commun, ni terres, ni immeubles, ni autres biens. Ils ne vivent en aucun cas de la dîme pour ne pas avoir à dépendre des liens féodaux comme beaucoup d'autres ordres monastiques de l'époque. [...]
[...] Cependant sa fondation se transforma en un ordre religieux, soucieux avant tout d'efficacité apostolique et prêt à renoncer à certains aspects du genre de vie originelle. Cela n'occulte pas le fait que François d'Assise était en avance sur son temps, avec un appel à la fraternité universelle au-delà des clivages de la société et de l'Eglise, où les riches, les pauvres, les lettrés, les incultes recherchaient tous un but unique, l'amour de Dieu. B L'ordre franciscain Infléchissements et organisation Dans tous ces couvents, les franciscains observe la règle de 1223 dont le texte, rédigé par François et corrigé par le cardinal Ugolin, est plus précis et plus concis que la constitution de 1221, elle-même s'inspirant des premiers règlements de 1209/1210. [...]
[...] Ces critiques débouchent souvent sur une franche critique anti- urbaine. Néanmoins les Mendiants semblent avoir assez bien quadrillé tout l'espace urbain de la chrétienté à tel point que la carte des couvents se confond avec la carte urbaine et que le critère mendiant peut apparaître le meilleur moyen de repérer le réseau urbain. Leur succès tient à ce qu'ils apportaient aux fidèles ce que le clergé séculier avait longtemps été incapable de leur donner : l'exemple d'une vie morale irréprochable et d'une science suffisante mise au service de la transmission du message chrétien par la prédication. [...]
[...] Mais cette urbanisation des ordres mendiants n'est pas sans conséquences néfastes. De plus en plus liés avec les groupes dominants des cités, c'est-à-dire avec le patriarcat, nobles et bourgeois, leur oeuvre de justification de la société urbaine tourne au renforcement de la domination des riches et des puissants. Des critiques sont faites dès le milieu du XIIIe siècle à l'intérieur et à l'extérieur de l'ordre, par les poètes Rutebeuf et Guillaume de Meung par exemple, qui vilipendent le frère mendiant hypocrite, la construction de couvents éloignés de l'esprit de pauvreté et d'humilité, l'enrichissement d'ordre qui se tournent de plus en plus vers la possession de rentes urbaines. [...]
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