Ordinatio imperii, Louis le Pieux, unité impériale, Empire, théocratie papale
« Le génie fonde les Empires ; l'esprit public les conserve ; l'égoïsme les détruit. » Louis-Philippe de Ségur.
Dans cette logique se démarque un texte historique bien particulier illustrant la véracité de ces propos, il s'agit en l'espèce d'un capitulaire impérial. On nomme capitulaire un recueil d'actes législatifs répartis par chapitre (capitula) ou article. Les capitulaires sont pour l'essentiel des ordonnances ou règlements qui, de Clotaire Ier à Charles le Simple (558-929), ont pour objet d'établir une certaine stabilité du royaume en intervenant dans les matières civiles, criminelles, religieuses et ecclésiastiques. Il arrive qu'un concile les rédige, le prince les autorise et les publie ; le plus souvent, c'est le prince lui-même qui les dresse et qui les fait approuver par les évêques et les grands, parmi les plus fameux, l'Ordinatio imperii de Louis le Pieux.
Alors que Charlemagne, respectueux de la tradition germanique, projetait de diviser dès 806, l'Empire entre ses trois fils, néanmoins le découpage de l'Empire fut évité de justesse par la mort de deux de ses fils. Il fit donc de Louis, son fils survivant, le seul héritier de la dignité impériale. Louis, dit le Pieux ou le Débonnaire (718 – 840), à la mort de son père en 814, devint seul roi des Francs et empereur d'Occident. Il fut sacré le 5 octobre 816 à Reims par le Pape Etienne IV. D'abord destiné à une carrière monastique, et instruit dans la religion, Louis le Pieux attache une importance particulière à l'Église et au Pape, il n'a pas la trempe de son père (théocratie royale où l'empereur rivalise avec le Pape), il s'avère incapable de résister à son entourage ecclésiastique (théocratie papale). Par ailleurs, à peine eut-il pris la suite de Charlemagne que l'on s'empresse déjà de s'enquérir de ses volontés successorales, d'où l'édiction en 817 de l'Ordinatio imperii.
[...] À cet effet l'Ordinatio imperii devait satisfaire les héritiers, les grands (eux aussi présents à l'assemblée) comme l'Église ainsi que le propre désir de Louis le Pieux de voir perdurer son Empire après sa mort. Une règle de succession inattendue Louis le Pieux affirme clairement ses positions quant aux dispositions visées par la succession qu'il compte établir : L'unité d'un empire que Dieu a maintenu à notre profit unité nécessaire à la pérennité du pouvoir. L'intitulé s'inscrit dans cette optique, Louis le Pieux ne souhaite pas mettre en place une succession de partage, comme son père en prévoyait entre ses différents fils. [...]
[...] Une implosion inexorable Si tout est fait pour éviter le morcellement de l'Empire. Bernard, fils de Pépin d'Italie et neveu de Louis le Pieux, que Charlemagne a pris la peine de confirmer dans la succession de son père, conserve son royaume, mais est soumis lui aussi à l'autorité de Lothaire ce qui l'insupporte, influencé par les grands qui tendent à affaiblir le pouvoir, il sera amené à se rebeller et mourra dans d'atroces conditions (les yeux crevés). Quant à ses frères, Pépin et Louis, notre homonyme, il plut d'un commun conseil de les distinguer par le titre royal et de les établir dans les pays ci-dessous désignés, où après notre décès ils exerceraient le pouvoir sous la puissance royale de leur frère aîné . [...]
[...] En effet, leur marge de manœuvre sera large. Ils seront plus libres plus à la manière d'un Etat fédéré. Mais en réalité, on parlera plutôt d'une prémice de la féodalité. Il est vrai que leur souveraineté sera fortement diminuée aux termes des dispositions III et IV. L'ordinatio imperii représente une obligation de sujétion des puinés : ils sont soumis à l'autorité de leur aîné, à qui ils doivent obéissance et dont ils sont en quelque sorte les vassaux, car leurs royaumes d'Aquitaine et de Bavière sont chacun une pars imperii subordonnée à l'Empereur. [...]
[...] La volonté de l'empereur doit s'accorder avec la doctrine chrétienne cf. En conséquence, la divine Providence a voulu nous manifester ainsi qu'à notre peuple [ ] si Dieu le veut», le choix de l'empereur pour la succession n'est pas un choix propre à Louis le Pieux, l'Église influence grandement ce choix. Cet entremêlement du politique et religieux, du pouvoir temporel et spirituel trouve sa cause dans la volonté qu'avait Charlemagne de calquer l'unité de l'Empire sur celle existante au sein même de l'Église. [...]
[...] Cependant, l'Église tient à la pérennité de l'Empire, car elle y voit sa propre longévité d'où une nécessaire réforme. Une unité voulue et d'inspiration religieuse La religion a pris progressivement une place prééminente au sein de l'Empire (en particulier dans l'entourage des rois où le clergé exerce des fonctions consultatives). Pour preuve, la formule Au nom du Seigneur Dieu et de notre Sauveur Jésus- Christ par laquelle commence le capitulaire et les nombreuses occurrences qui font référence au divin cf. par la divine Providence répété deux fois, et le mot Dieu répété cinq fois. [...]
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