Ordinatio Imperii de 817, empire de Louis-le-Pieux, influence chrétienne, Étienne II, Childéric III, époque carolingienne, Charlemagne, évêque de Lyon Agobard, processus décisionnaire impérial, statut de Roi
Charlemagne était "grand et pacifique Empereur, gouvernant l'Empire romain". Son fils Louis-le-Pieux, unique successeur de l'Empire en 814, est quant à lui devenu : "par ordre de la Divine Providence, Empereur Auguste". Ce bouleversement terminologique illustre le renforcement de l'influence ecclésiastique sur le pouvoir impérial.
Le texte commenté est un capitulaire : c'est un acte royal ou impérial de l'époque carolingienne. Il est divisé en petits chapitres, appelés "capitula", qui donneront le nom de capitulaire. Les capitulaires contiennent des décisions législatives ou administratives prises par le souverain en matière politique, économique ou sociale. Ce texte a donc une nature normative.
[...] Les autres fils titulaires du statut de Roi Le but du capitulaire est non seulement de régler la succession de l'Empire carolingien, mais également de maintenir l'unité et la paix de l'Empire. Ainsi, afin d'éviter le soulèvement des frères de Lothaire contre le capitulaire, une distinction leur est donnée. En effet, le capitulaire rompt avec une longue tradition germanique. La distinction de Roi accordée aux frères de Lothaire vise donc à ne pas engendrer des soulèvements contre Louis-le-Pieux et son capitulaire. Ainsi, l'Ordinatio Imperii reconnaît aux deux autres fils de Louis-le-Pieux des royaumes subordonnés : Pépin reçoit l'Aquitaine et Louis la Bavière. [...]
[...] Le gouvernement du souverain carolingien ne sépare pas le politique du religieux. On parle de « théocratie », gouvernement d'inspiration divine. Le souverain accomplit sa mission religieuse à travers le ministerium regis (la fonction du roi) qui remplace la notion de puissance par celle de dévouement, celle de pouvoir par celle de sacerdoce[2]. L'Empereur devient ainsi véritable représentant de l'universalisme chrétien. La chrétienté ne se limite pas à choisir l'Empereur, mais elle influence le processus décisionnaire impérial. A. L'influence de la chrétienté sur le processus décisionnaire impérial La chute de la dynastie mérovingienne a été précipitée par les « maires du palais » qui se sont affirmés face aux rois jugés incapables de gouverner. [...]
[...] Malgré le Divisio Imperii promulgué en 806 par Charlemagne, seul Louis-le-Pieux a succédé au titre impérial. L'unité de l'Empire n'a donc été jusque lors que le fait de la divine Providence : la mort des deux autres fils de Charlemagne ayant permis à Louis-le-Pieux de devenir Empereur alors qu'il était promis au seul titre de roi avec ses frères. Dès lors s'affirme la nécessité de formaliser à travers un texte normatif la règle qui permettra de préserver l'unité impériale. Ainsi, il est prévu que seul le fils aîné deviendra Empereur à la mort de Louis-le-Pieux. [...]
[...] Childéric III, dernier roi mérovingien, est définitivement écarté au profit de la dynastie carolingienne. Dès l'origine, les souverains carolingiens ont donc tissé des liens étroits avec l'Église. Le pape Étienne II déclare en effet à Saint-Denis « il est désormais interdit aux principaux parmi les francs par loi d'excommunication à ne jamais oser élire un roi issu d'autres reins ». La chrétienté jette ainsi les bases d'une dynastie héréditaire, et affirme son influence sur l'Empire. On remarque d'ailleurs dans l'Ordinatio Imperii que les acteurs ecclésiastiques et populaires sont mélangés : « une assemblée sacrée et la généralité de notre peuple » ; afin de prendre des décisions concernant à la fois l'Église et l'Empire : « l'utilité des églises et de tout notre empire ». [...]
[...] Comment l'Ordinatio Imperii définit-il l'Empire de Louis-le-Pieux ? Nous voyons à travers l'Ordinatio Imperii que l'Église a une forte influence sur l'Empire de Louis-le-Pieux et que le dispositif successoral instauré est inégalitaire (II). I. L'influence chrétienne sur l'Empire carolingien sous Louis-le- Pieux La chrétienté intervient dans le choix du souverain et prend part au processus décisionnaire impérial A. L'Empereur choisi par Dieu, représentant de l'universalisme chrétien L'Édit fait référence à la Trinité pour désigner l'Empereur Louis : « Au nom du Seigneur Dieu et de notre Sauveur Jésus-Christ, par la divine Providence, empereur auguste ». [...]
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