L'histoire des pratiques funéraires au haut Moyen Age est liée à un processus de christianisation. En effet, à l'époque carolingienne les rites, les funérailles, l'accompagnement du défunt, et autres pratiques funéraires sont de plus en plus pris en charge par l'Eglise. Cependant, certains usages ancestraux persistent et s'opposent à la doctrine chrétienne. En tout cas ces deux aspects sont indissociables dans le haut Moyen Age. Dans quelle mesure les rites et les pratiques funéraires tendent-ils à devenir un culte chrétien des morts ? Il s'agit donc ici de parler des aspects « matériels » de la mort, des gestes concrets et non des croyances et des conceptions relatives à l'au-delà. Nous verrons donc dans un premier temps la part de l'Eglise dans les rituels funéraires, puis les pratiques qui restent du domaine familial et enfin nous étudierons plus particulièrement l'inhumation et les cimetières.
[...] Celle-ci s'oppose aux usages qui se sont sans cesse développés au fil des siècles. Selon la doctrine de l'Eglise il n'y a que 3 manières de sauver l'âme : prier, célébrer l'eucharistie et faire l'aumône à l'intention du défunt. Les pratiques coutumières ne servent, selon les chrétiens, qu'à soulager les vivants et non à effacer les pêchés de la personne décédée. Cependant l'Eglise a fait preuve, dans un premier temps, de tolérance vis-à-vis de ces coutumes c'est pourquoi on constate la présence tardive de dépôts d'objets dans les sépultures chrétiennes. [...]
[...] Les moines développèrent, à la fin du VIIIe siècle, une forme commémorative spécifique : l'office des défunts. La réforme de Benoît d'Aniane joua un rôle dans la diffusion de cet office. Souvent il avait lieu durant l'office de vêpres et aux matines, dans d'autres monastères une messe pour les morts était célébrée tous les jours. De plus, la pratique des messes privées pour assurer le salut de défunts particuliers s'imposa partout. Et vers 1030, Odilon de Cluny instaura la fête universelle des morts le 2 novembre, lendemain de la Toussaint. [...]
[...] Mais en réalité toutes les pratiques autour du cadavre avant son inhumation n'intéressent pas l'Eglise. La liturgie proposée aux laïcs pour accompagner le mort est faite surtout pour éradiquer ces traditions qui vont à l'encontre des conceptions chrétiennes. De même, l'Eglise s'est désintéressée de la construction de la tombe, il n'y a aucune législation particulière concernant la tombe au haut Moyen Age. C'est pourquoi on trouve encore de très riches tombes pour le VIIe siècle car l'aristocratie mérovingienne se faisait enterrer avec de riches vêtements et de somptueux objets ; jusqu'à ce qu'une partie de cette classe tente de diffuser parmi les fidèles un idéal de simplicité. [...]
[...] La pénétration des morts dans la ville est assez précoce, le processus d'abord lent s'accentue à l'époque carolingienne. Entre le VIe et le Xe siècle, les espaces d'inhumation ont subi une réorganisation complète, due en grande partie à la christianisation de la société et à l'implantation d'un réseau paroissial strict. Dès le VIe siècle, la tradition antique de séparer le monde des morts du monde des vivants se perd, ce qui favorise une évolution liée au développement du dogme de la communion des saints. [...]
[...] Mais nous avons la preuve archéologique de l'utilisation profane des cimetières. En effet, pendant très longtemps, ces lieux ont été utilisés comme place publique, lieu de marché, de foires ; on a retrouvé des silos, des foyers, des décharges, des fours et des habitations dans l'enceinte du cimetière. En conclusion, nous pouvons dire que le haut Moyen Age est une période de christianisation de la mort Les pratiques funéraires sont complexes puisqu'elles varient tout au long de la période et qu'elles sont partagées entre la religion et la tradition, entre l'Eglise et la famille. [...]
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