mort, fin du Moyen-Âge, chrétienté, angoisse, représentations dans la vie courante, mort obsessionnelle, Dieu
Au XIIe siècle, La Chanson de Roland, poème épique et chanson de geste, met en scène le chevalier Roland qui, sentant la mort venir à lui, la laisse le prendre avec héroïsme et sang-froid. Ici, la mort est acceptée et reflète une certaine beauté poétique. Deux siècles plus tard, on observe une mutation importante des mentalités dans la façon d'envisager la mort.
La fin du Moyen-Age est ce que les historiens appellent « Bas Moyen-Age » ou « Moyen-Age tardif » pour désigner les XIVe et XVe siècles. Sur le plan politique, cette période est marquée par une longue guerre entre les royaumes de France et d'Angleterre, appelée aujourd'hui guerre de Cent Ans (1337-1453). Le royaume de France fut l'unique théâtre d'opérations de la guerre, et connu, en outre, des difficultés démographiques majeures dues aux maladies comme la peste noire venue d'Orient au milieu du XVIe siècle, aux révoltes populaires et leurs répressions (la Jacquerie de 1358 par exemple) ainsi que les guerres civiles, notamment entre les clans Armagnacs et Bourguignons dans la première moitié du XVe siècle. L'unité catholique est aussi battue en brèche à la fin du Moyen-Age par la crise pontificale du Grand Schisme d'Occident (1378-1417). Celui-ci instaure un climat de crise du sentiment et de la pensée religieuse. Tous ces événements accumulés forment ce que l'on appelle parfois « la crise de la fin du Moyen-Age ».
[...] Tous ces éléments font que la mort devient une angoisse collective et répandue, peu importe la façon dont elle surgit. Se développe également l'idée que, si le Christ a tant souffert sur la croix pour racheter les péchés des hommes, qui peut aller sereinement devant la justice de Dieu ? On ne se focalise donc pas seulement sur la mort des hommes, mais aussi sur celle des saints et des martyrs. Afin de réduire cette angoisse, les fidèles eurent recours à la mobilisation d'intercesseurs, dont leur vie, mais aussi leur mort, faisaient d'eux des personnages exemplaires : les saints. [...]
[...] D'où le contexte d'angoisse dans l'imaginaire chrétien devant le péché qui est en chaque homme : le péché originel. Angoisse propagée enfin par les représentations de corps en décomposition avec les transis. Ces sculptures représentent le mort, position allongée, nue, de façon réaliste, voire en putréfaction. Les transis sont bien la représentation de l'apogée du macabre à la fin du Moyen-Age. Les représentations iconographiques macabres sont donc de plus en plus rependues, mais les plus représentatives de cet univers sinistre sont les danses macabres. [...]
[...] La fresque la plus célèbre de la danse macabre se trouve sur le mur du cimetière des Saints-Innocents, peinte en 1425. Cette fresque devait rappeler aux croyants que nous sommes tous égaux devant la mort, et qu'elle peut prendre tout homme à n'importe quel moment de sa vie. Les danses macabres invitent à faire un examen de sa vie et à se détacher des vanités des biens du monde. Le récit de la prédication du frère Richard à Paris en 1429, tiré du Journal d'un bourgeois de Paris, montre que ce prédicateur franciscain utilise cette fresque de danse macabre dans le cadre de sa prédication. [...]
[...] La mort subite est la grande peur du Moyen-Age, une véritable hantise dont les populations cherchent à se débarrasser en préparant sa mort et ne pas être surprises par son caractère immédiat (cet aspect sera traité dans la troisième partie). Si la mort advient au fidèle sans qu'il y soit préparé, il était condamné à l'enfer. Après la peste, une autre calamité, moins dévastatrice, mais plus familière des sociétés moyenâgeuses, la famine. Vers 1300, l'équilibre entre population et subsistance avait atteint ses limites. [...]
[...] Des tensions eschatologiques C. Le recours aux saints II. Les représentations de la mort à la fin du Moyen-Âge A. Culture iconographique du macabre B. Les danses macabres C. Les arts de bien mourir III. Une mort ritualisée A. Les rites des derniers instants B. Les funérailles C. [...]
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