Dès les premiers siècles de la chrétienté, une forme particulière d'engagement envers Dieu s'est développée : le monachisme. Si elle reste dans un premier temps assez confidentielle et ne dépasse pas le cadre de l'Egypte et de la Syrie, elle s'étend rapidement pour toucher l'ensemble du monde chrétien. Elle prospère dans l'Empire byzantin, où les moines occupent de fait une place très importante. De très nombreux monastères sont fondés à travers l'immense territoire, même si là encore ils restent concentrés dans les provinces orientales. C'est d'ailleurs à partir de ce premier monachisme que se développera dans les siècles suivants, selon des formes assez différentes, le monachisme occidental. Mais dans l'empire byzantin, il faut attendre le règne de Justinien pour que commence à se structurer et à s'organiser vraiment le monachisme. Justinien (527-565) pose en effet les bases de l'Empire : il crée une véritable administration, accomplit une œuvre législative considérable (le Code Justinien, qui recueille toutes les lois établies après le Code Théodosien ; les Digestes, qui regroupent toute la jurisprudence existante…) sous le nom de Corpus Iuris Civilis, qui, bien que non dépourvue de défauts, se montrera très utile et efficace. Justinien reconquiert aussi une vaste partie de l'ancien Empire, en occident. Il est en fait le dernier véritable empereur latin, et à sa mort l'empire d'Orient peut vraiment devenir un empire oriental, byzantin.
Les siècles qui suivent sont des temps de crises. Il y a d'abord une crise démographique, avec la réapparition de la peste qui décime la population des grandes villes. Cela entraîne une baisse du commerce, de la production, et les échanges entre régions se raréfient. Les campagnes se réorganisent, et le système de domination antique des cités sur les régions environnantes prend fin. La crise est aussi visible par l'apparition de nouveaux ennemis, dans les Balkans (Slaves notamment) par exemple. Mais c'est surtout l'expansion et la conquête arabe qui sont les véritables dangers : les provinces orientales de Syrie et Palestine sont perdues dans la première moitié du VIIème siècle, Constantinople est assiégée, en vain, en 674 et 711. C'est ensuite la crise iconoclaste, qui se déroule en trois phases : dès 729 l'empereur Léon III condamne les images, ce qui est confirmé par le concile de Hiéréia de 754. L'impératrice Irène rétablit ensuite le culte des images, notamment par le second concile de Nicée de 787. Et, pour terminer, Léon V déclare ce concile illégitime et remet en vigueur celui de Hiéréia, mais le débat sur les icônes ne passionne plus, et la crise s'éteint doucement, jusqu'au rétablissement définitif des images en 843.
Le monachisme, qui fait partie intégrante de l'Empire, a bien entendu été affecté par ces siècles de crise. Par les conquêtes arabes par exemple, de nombreux monastères passent sous la domination du calife. Lors de la crise iconoclaste, les moines sont particulièrement persécutés car les monastères constituent le cœur de la résistance iconodoule. Mais l'Empire se modifie en profondeur, et le monachisme, même s'il reste identique par certains aspects, se transforme lui aussi durant cette période. Dans les temps qui suivent la crise iconoclaste, l'Empire byzantin sort des crises qu'il subissait depuis des siècles et amorce son renouveau, notamment par la reconquête que mèneront les Macédoniens.
On peut donc se demander comment le monachisme, qui occupe une place prépondérante dans l'Empire, a évolué et s'est transformé dans la période qui va du règne de Justinien à la fin de la crise iconoclaste, mais aussi dans quelle mesure il est resté le même.
On dressera ainsi dans une première partie un tableau général du monachisme, en voyant ses origines, les différentes formes qu'il prend, les zones où il s'épanouit… ; puis on verra la place qu'occupent les moines et leurs monastères dans la société byzantine, notamment en s'attardant sur la vie des moines dans un monastère donné ; puis on terminera par voir les rapports qu'entretiennent les moines avec le pouvoir, religieux et politique, et plus particulièrement dans le contexte de la crise iconoclaste.
[...] Elle montre les différents centres monastiques et aussi les lieux de provenance des Pères cappadociens : Nazianze et Nysse. ANNEXE 2 ANNEXE 3 Cette miniature, réalisée vers 110 à Constantinople, est une des plus anciennes représentations de la Sainte Face qui ait subsisté. Ce sujet a joué un rôle central dans la controverse concernant les images. Les balafres sur le visage du Christ témoignent de l'hostilité des iconoclastes à l'attribution à Dieu d'une forme humaine. Manuscrit conservé à la bibliothèque apostolique vaticane. [...]
[...] On dressera ainsi dans une première partie un tableau général du monachisme, en voyant ses origines, les différentes formes qu'il prend, les zones où il s'épanouit ; puis on verra la place qu'occupent les moines et leurs monastères dans la société byzantine, notamment en s'attardant sur la vie des moines dans un monastère donné ; puis on terminera par voir les rapports qu'entretiennent les moines avec le pouvoir, religieux et politique, et plus particulièrement dans le contexte de la crise iconoclaste. Le monachisme byzantin. Le monachisme byzantin est apparu tôt, il est le descendant direct du premier monachisme, né en Egypte au début de l'ère chrétienne. Le monachisme est ancré principalement dans les provinces orientales de l'Empire, c'est là que se trouvent la plupart des monastères importants. Il est divisé en plusieurs courants, les principaux étant le cénobitisme et l'érémitisme. A. Les origines du monachisme. [...]
[...] Ils pensent aussi avoir des responsabilités sociales, notamment par la charité et le soin des malades. Cependant, le grand pouvoir que les moines détiennent rentre en conflit avec d'autres pouvoirs : celui des autorités religieuses, mais aussi celui de l'empereur. Les moines et le pouvoir Les conciles ont très tôt cherché à contrôler les moines, qu'il s'agisse de celui de Chalcédoine ou le concile in Trullo. Cependant le pouvoir des moines est réel, et ils luttent durant toute la période contre le celui de l'empereur, qui cherche à contrôler leur richesse ; contre celui des autorités religieuses (patriarches, évêques qui veulent affirmer leur autorité Il existe cinq types de monastères : les impériaux, les patriarcaux, les exempts, ceux sous l'autorité d'un évêque, et ceux rattachés à un autre monastère. [...]
[...] Mais c'est surtout parce qu'ils sont les seuls à être restés profondément iconodoules dans leur majorité (même si certains monastères de Constantinople étaient iconoclastes), comme la population. Les liens qui les unissaient se sont ainsi renforcés. Ils connaissent alors le début de leur âge d'or. Le monachisme byzantin a donc subi de nombreuses transformations dans la période qui va du règne de Justinien à la fin de la crise iconoclaste. Même si les formes restent à peu près les mêmes, le cénobitisme s'es imposé, et l'érémitisme est devenu de plus en plus rare. [...]
[...] La vie des moines dans le monastère de Stoudios 7 Le monastère de Stoudios. Ce monastère était situé à Constantinople, et était, comme nous l'avons vu, le plus grand de la partie occidentale de l'Empire. Il comptait sept cents moines au début du IXème siècle et plus d'un millier en 843, ce qui montre son importance et son succès. Situé au cœur de la capitale, il entretient des rapports avec le pouvoir religieux et politique, ce qui le distingue des autres monastères. [...]
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