Mise au ban, Luther, Charles Quint, diète de Worms, 19 avril 1521
Ce texte est un édit, rédigé le 19 avril 1521 par Charles Quint, empereur du Saint-Empire romain Germanique. C'est donc un document officiel, écrit à la diète de Worms, assemblée générale de tous les Etats, villes, duchés, etc. composant le très disparate Saint-Empire romain Germanique. Cet édit énonce une décision juridique, la mise au ban de Luther (ce qui signifie qu'il peut être tué impunément par n'importe qui), condamné pour ses idées critiques à propos de l'Eglise romaine et de ses pratiques, publiées dans ses 95 thèses de 1917. Au préalable, Luther avait été excommunié par le Pape Léon X, en janvier. Une fois chassé de la communauté religieuse, cet édit chasse donc Luther de la communauté politique. Charles Quint, rédacteur de ce document, est le jeune et tout nouveau souverain du Saint-Empire. Son élection de 1519 par les sept grands électeurs du royaume en a fait le souverain de la majeure partie du territoire européen. En effet, de part ses héritages familiaux, la dynastie des Habsbourg, il règne également sur l'Espagne depuis 1516. Ses terres vont donc de la mer Baltique à l'Italie, en passant par l'Espagne, les Pays-Bas, la Sicile, etc. Il a également des possessions en Amérique du Sud et en Afrique du Nord.
[...] La défense de la foi chrétienne, pour Charles Quint, n'est pas l'obéissance au Pape mais l'inscription dans une tradition familiale. A cette cause, je suis délibéré d'entretenir tout ce que mesdits prédécesseurs et moi avons entretenu jusqu'à présent Cependant, cette distance est toute relative, Charles Quint mentionnant et acceptant la gouvernance de l'Eglise, puisqu'il mentionne ses décrets et ses cérémonies. Mais il nous montre qu'il agit au nom de principes, et au nom de sa propre conviction, pas au nom de la hiérarchie papale. [...]
[...] Cela est montré par exemple par la référence au Concile de Constance. Ce dernier avait été une négation de l'omnipotence du pouvoir papal, une affirmation du pouvoir de la communauté des fidèles. En se plaçant dans la continuité de ce concile, Charles Quint montre qu'il défend ici la foi chrétienne, pas les institutions romaines. ( Non respect stricte de la procédure papale : Luther ayant eu un sauf conduit pour venir au procès, et le fait même d'avoir un procès était contre la règle. [...]
[...] Et finalement, en 1555, la paix d'Augsbourg, reconnaitra la division religieuse de l'Empire. La religion n'est plus un facteur de cohésion dans l'Etat. C'est Charles Quint qui va se plier à la réalité, admettre qu'il ne peut pas faire de monarchie universelle et que les Etats féodaux gardent l'essentiel du pouvoir au sein de l'Empire. Il abdiquera l'année même. Bibliographie : - Jean PICQ, Histoire et droit des Etats, la souveraineté dans le temps et l'espace européens, Paris, Presses de la fondation nationale des sciences politiques - David EL KENZ et Claire GANTET, Guerres et paix de religion en Europe, XVIème XVIIème siècles, 2ème édition, Paris, Armand Colin - Charles Quint face aux Réformes, Colloque international, Paris, Honoré Champion éditeur - Hugo SOLY, Charles Quint, l'empereur et son temps 1558, Paris, Actes Sud, 2000. [...]
[...] Cela lui permet, au nom de la volonté de protéger la foi chrétienne, de caresser l'espoir d'une monarchie universelle : celle-ci serait le retour à un Empire européen chrétien unifié, territorialement et religieusement, dirigé par un seul chef. L'immense Empire de Charles Quint lui permet d'envisager cette possibilité. La Réforme, semant le trouble au sein de la chrétienté, est donc doublement à proscrire pour Charles Quint : elle va contre la tradition, celle de ses ancêtres, et menace ce rêve de monarchie universelle. [...]
[...] Il lui faut donc la préserver s'il veut continuer à régner. Il veut empêcher les princes d'être séduits par les idées de Luther. Ainsi, il se pose en leader de son pays, et exige que les royaumes, les seigneurs, le suivent et le soutiennent dans sa décision. Lutter contre la conversion des princes de son royaumes, c'est affirmer son pouvoir impérial. Ainsi, lorsqu'il cite les moyens qu'il emploiera pour protéger la foi chrétienne, Charles Quint mentionne ainsi les royaumes et seigneuries, mes amis, etc. [...]
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